RER métropolitain : à Grenoble, le monde économique et politique saisit la balle au vol

Quelques jours seulement après la publication de la vidéo YouTube où Emmanuel Macron appelle à la création de dix lignes de RER métropolitains, les acteurs politiques et économiques qui soutienne le projet d'un RER grenoblois battent le fer pendant qu'il est encore chaud et dévoilent ce vendredi un plaidoyer commun pour faire avancer le dossier. Avec à la clé, un dossier à un milliard d'euros sur un bassin de vie qui représenterait jusqu'à 3 millions de déplacements quotidiens (dont une majorité en voiture), au coeur d'un Y grenoblois déjà régulièrement épinglé pour ses enjeux liés à la qualité de l'air.
Avec un investissement global chiffré à 1 milliard d'euros, le dossier du RER grenoblois soutenu par 150 élus et chefs d'entreprises qui prévoit en réalité une montée en puissance en trois stades, entre 2027 et 2035. Avec une fréquence accrue sur les trois lignes du Y grenoblois, comprises entre 2 et 4 trains par heure aux horaires de pointe.
Avec un investissement global chiffré à 1 milliard d'euros, le dossier du RER grenoblois soutenu par 150 élus et chefs d'entreprises qui prévoit en réalité une montée en puissance en trois stades, entre 2027 et 2035. Avec une fréquence accrue sur les trois lignes du Y grenoblois, comprises entre 2 et 4 trains par heure aux horaires de pointe. (Crédits : DR)

Ils s'appellent Atos, Aledia, Air Liquide, Enedis, GRDF, Poma, HP, Becton Dickinson, Soitec, STMicroelectronics, Lynred, ou encore Vencorex, Spartoo, Verkor ou Wizbii... Tous ont en commun en dossier phare : celui du RER grenoblois.

Dimanche dernier, le président de la République, Emmanuel Macron, s'est dit en faveur du développement de projets de RER au sein de 10 métropoles françaises. Et moins d'une semaine plus tard, ce sont près de 150 acteurs publics et privés, réunis autour de la Métropole grenobloise conduite par le PS Christophe Ferrari, qui saisissent la balle au vol. Et la renvoient sous forme de plaidoyer, transmis à la fois "aux ministres concernés, aux membres du Conseil d'Orientation des Infrastructures (COI), au Président de la République, à la Première Ministre, à l'Agence de Financement des Infrastructures de Transport notamment".

Un dossier qui transcende aussi les marqueurs politiques, avec des personnalités tant de gauche que de droite et du centre qui consignent cet appel : dont les députés et ex-députés Emilie Chalas, Yannick Neuder, Elisa Martin, Cyrielle Chatelain, le président du conseil départemental de l'Isère Jean-Pierre Barbier, ou encore les sénateurs Guillaume Gontard et André Vallini...

Un projet à 3 millions de déplacements quotidiens, dont 85% en voiture

Avec dans leur viseur, le projet de futur "Service Express Métropolitain" ou "RER de l'aire grenobloise", déjà porté par la Métropole grenobloise depuis plusieurs mois, et qui a pour ambition de "constituer la colonne vertébrale des mobilités de l'aire grenobloise et de ses 820.000 habitants, 340.000 emplois et 65.000 étudiants".

Avec la promesse de fréquences attractives atteignant "15 à 30 minutes en heures de pointe", d'une "amplitude horaire étendue et renforcée" (en heures pleines et en heures creuses), ainsi que "d'un matériel roulant capacitaire, pouvant transporter des vélos". Et cela, sur trois lignes principales, convergent toute au coeur de l'Y grenoblois : la ligne Rives-Brignoud (avec un train toutes les 15 minutes en heure de pointe), la ligne Saint-Marcellin-Gières (toutes les 30 minutes) puis la ligne Celles-Grenoble (toutes les 30 minutes).

Un plan global à 1 milliard d'euros d'investissement, mais qui prévoit en réalité une montée en puissance en trois stades :

  • avec une première phase d'ici 2027, pour un passage de 2 à 4 trains à l'heure de pointe entre Grenoble et Brignoud avec les travaux associés (pour 71 millions d'euros HT) ;
  • suivie d'une seconde étape fixée à 2030 avec un renforcement de la desserte sur la ligne Rives-Grenoble (3 à 4 trains à l'heure de pointe) et des Alpes (1 à 2), pour un budget de 240 à 270 millions d'euros HT ;
  • Avec en ligne de mire, la cible 2035 pour une mise en service dite "complète du RER", avec "des gains significatifs de capacité, de robustesse et de fiabilité" sur l'ensemble de l'étoile ferroviaire grenobloise ainsi que vers les destinations Lyon et Paris, pour un budget estimé à 773 millions d'euros HT de travaux.

Pour étayer son dossier, la collectivité appuie d'ailleurs sur les chiffres : contrairement au dossier lyonnais, elle a d'ores est déjà évalué que ce RER permettrait de desservir un bassin de vie chiffré à trois millions de déplacements quotidiens, "dont une majorité en voiture".

Un noeud ferroviaire grenoblois en souffrance

Ce projet permettrait en effet de faire grimper de "près de 80% de la fréquentation du réseau de l'étoile ferroviaire grenobloise", qui constitue notamment, à l'échelle nationale, le second pôle universitaire et de recherche scientifique ou en matière d'installation de startups, ainsi que le second pôle économique de la Région Auvergne-Rhône-Alpes après Lyon.

Un réseau ferré déjà développé certes, mais aussi particulièrement "dégradé entre Lyon, Grenoble et les vallées alpines".

Et de noter que "le RER de l'aire grenobloise résulte d'une mobilisation collective face à l'insuffisance de l'offre ferroviaire et à une qualité de service dégradée. Le manque de fiabilité pèse sur le quotidien des usagers et sur l'attractivité du train, en particulier sur la ligne Grenoble-Lyon, première ligne de la région Auvergne-Rhône-Alpes en nombre de voyageurs. Celle-ci a été qualifiée de "malade" dès 2011 par Guillaume Pépy, Président du Directoire de la SNCF", estiment ses signataires.

Pour autant, ils pointent une ambition de rattraper ce retard jugé "historiqueen renforçant la desserte d'un territoire "qui se prête particulièrement au train" : "si le relief de vallées accentue la congestion et la pollution, il est en revanche idéal pour le ferroviaire, sous réserve d'une qualité de services et de gares facilement accessibles", pointe la Métropole.

La prochaine échéance du COI

Pour cela, les 150 signataires de cet appel plaident directement en faveur "d'une amélioration du nœud ferroviaire grenoblois", préalable nécessaire selon eux à l'amélioration du nœud ferroviaire lyonnais voisin. Avec une moyenne de 10 trains supprimés par semaine au cours des dernières années, et un taux de retard de 20% des trains en gare de Grenoble (qui atteint même 30% quelques kilomètres plus loin à Moirans et 60% à Rives), l'écosystème grenoblois compte désormais sur un investissement à la hauteur des enjeux de mobilités de son bassin.

"Selon SNCF Réseau, des solutions légères, comme la mise en œuvre d'un système européen de signalisation seraient un bonus, mais en aucun cas une réponse aux enjeux".

Cet prise de position vise donc à demander plusieurs choses à l'Etat : en premier lieu "la priorisation du RER de l'aire grenobloise dans les documents de planification stratégiques" (contrat de plan État-Région (CPER), schéma régional d'aménagement et de développement durable du territoire (Sraddet), plan de protection de l'atmosphère de l'agglomération grenobloise (PPA), etc), ainsi qu'un "un soutien, notamment financier, urgent et à la hauteur des enjeux, par l'État et l'Europe", passant notamment par "une prise en compte dans le cadre de la programmation des investissements ferroviaires de l'État pour les prochaines années".

Un appel du pied qui répond aussi à un double calendrier : soit quelques jours seulement après la prise de position d'Emmanuel Macron, mais également "deux semaines avant la conclusion du rapport du COI, qui sera ensuite remis au Gouvernement en l'état des informations dont nous disposons", appuie ce collectif.

Car si Emmanuel Macron a mis le sujet sur la table, il n'a pour l'heure fixé aucun calendrier ni chiffrage précis des investissements : ce sera plutôt à sa Première ministre, Elisabeth Borne, de détailler puis de superviser ce dossier.

Un dossier qui a également un double enjeu puisqu'il vise non seulement à répondre à des enjeux de qualité de l'air, sur une métropole grenobloise souvent pointée pour ses alertes liées à la pollution et à sa congestion routière, mais aussi parce qu'il est imaginé comme "un trait d'union entre les territoires" afin d'aménager plus durablement son bassin de vie, "à la fois urbain, périurbain, rural et de montagne".

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