RER métropolitain : à Lyon, un vieux dossier qui attend "un coup d'accélérateur"

C'était une surprise pour les élus locaux. Emmanuel Macron a annoncé ce dimanche la création de RER métropolitains dans dix métropoles, dont Lyon. En Auvergne Rhône-Alpes, ce dossier est un vieux serpent de mer, qui attend principalement des financements et des investissements dans le réseau pour avancer... en plus d'une coordination locale entre Métropole et Région.
(Crédits : DR ZFA)

Ce dimanche, Emmanuel Macron a annoncé, via sa chaîne YouTube, la création de RER métropolitains au sein de dix métropoles de France. Une annonce qui a surpris les collectivités locales. Contacté par La Tribune, Jean-Charles Kohlhaas, vice-président métropolitain aux déplacements, à l'intermodalités et à la logistique urbaine du Grand Lyon s'est dit "très surpris des annonces d'Emmanuel Macron, mais agréablement surpris."

Rien ne laissait en effet présager de telles annonces, alors qu'un travail avait été engagé concrètement sur le sujet à Lyon depuis plusieurs années. "Cela avançait jusqu'ici très lentement, en raison principalement de SNCF Réseau, et donc de l'Etat, qui investit de manière très insuffisante dans les infrastructures ferroviaires depuis très longtemps", ajoute le vice-président.

Car à Lyon, la question du RER métropolitain est également celle d'un serpent de mer : ce projet est dans les cartons depuis plusieurs années. Il vise ainsi à s'appuyer sur les lignes TER existantes, en renforçant la fréquence des dessertes, mais également à intégrer des infrastructures comme le tram-train de l'ouest lyonnais ou la ligne de bus à haut niveau de service (BHNS) de Trévoux.

Objectif affiché : passer dans une première couronne (entre Lyon et les villes voisines de Tarare, Villefranche sur Saône, Bourgoin-Jallieu ou encore Brignais) à des dessertes au quart d'heure. Et sur le reste du réseau, à une fréquence de deux trains par heure. Mais un tel projet n'est pas attendu avant 2035 : si la Région, contactée plusieurs fois à ce sujet au cours des derniers mois, n'a toujours pas répondu à nos sollicitations à ce sujet, c'est parce que le dossier patine jusqu'ici.

Réactions en local

La vidéo, postée par Emmanuel Macron, a suscité de premières réactions de la scène lyonnaise : à commencer par le maire EELV Grégory Doucet qui, s'il ne détient pas la compétence transports mais demeure aux commandes d'une ville labellisée 100 villes neutres d'ici 2030 par la Commission Européenne, a renchérit : « Nous sommes prêts à Lyon. C'est une politique dans l'intérêt de toutes et tous. Make the train great again ».

Du côté de la métropole, Fabien Bagnon, vice-président en charge de la voirie et des mobilités actives au Grand Lyon, a lui-même ajouté : « Je me réjouis de cette annonce. Il est indispensable qu'elle se concrétise chez nous par la création d'un RER à la lyonnaise pour compléter le développement du co-voiturage, des transports en commun, du vélo et de la marche. Nous avons besoin d'un bouquet d'alternatives à la voiture ».

De l'autre côté de l'échiquier politique, le maire LR d'Écully Sébastien Michel, répond également : « Chiche Emmanuel Macron ». Le sujet mobilise d'autant plus à Lyon qu'en mars 2021 déjà, un collectif de citoyens, élus et chefs d'entreprises qui s'était nommé "REM Lyon, le RER à la Lyonnaise" avait publié, en marge des élections régionales, une lettre ouverte dans laquelle ses membres interpellaient les collectivités concernées « à agir vite et collectivement ». Avec l'enjeu de remettre autour d'instaurer une véritable coopération entre la Région (LR) et la Métropole (EELV).

De son côté, même si l'annonce reste une bonne surprise pour Jean-Charles Kohlhaas, il reste sceptique quant à l'application :"J'adorerais que le président de la République se soit réveillé avec une révélation sur l'importance du ferroviaire... Mais si c'est pour nous annoncer des TER, puis demander aux collectivités locales de financer massivement, nous n'aurons pas avancé. J'attends désormais des chiffres précis, de qui met combien et quand. Nous avons une réunion avec le Préfet de Région qui était déjà programmée pour la mi-décembre, j'imagine que nous aborderons ce sujet. En tout cas, si l'Etat se mettait à investir massivement, ce serait une très bonne nouvelle mais représenterait un virage à 180 degrés."

Après cet effet de surprise, "il faut maintenant que tout le monde se mette autour de la table", selon le vice-président métropolitain.

"Maintenant, l'annonce d'Emmanuel Macron doit être suivie d'effets et de vrais et forts engagements pour avancer. Nous ne pouvons pas attendre de voir nos infrastructures se déliter davantage pour agir", a annoncé Frédéric Aguilera, vice-président de la Région en charge des Transports, par voie de communiqué.

Quel budget ?

Budgété au sein d'une fourchette d'investissement large, allant « de 1,4 à 7 milliards », ce projet nécessite non seulement de nouveaux investissements sur le réseau, mais soulève également des enjeux propres au réseau lyonnais : à savoir la gestion de l'étoile ferroviaire lyonnaise, point de passage le plus fréquenté en dehors de la région Île-de-France.

Mais il nécessitera aussi de pouvoir mettre en place une unification des systèmes d'informations entre les services de la Métropole de Lyon et de la Région (avec la proposition notamment faite par la Région de développer la carte Ourà sur le réseau TCL), ainsi qu'une unification des tarifs (qui devra elle-même passer par une entente financière entre les deux collectivités).

Et on peut dire qu'à ce sujet, le climat n'a pas toujours été au beau fixe entre l'exécutif EELV du Grand Lyon, qui a exhorté en mars dernier le président LR de la Région Auvergne Rhône-Alpes à avancer « plus vite ».

De son côté, Laurent Wauquiez s'est déjà positionné, sur le principe, d'un accord de financement du « premier tiers » nécessaire à l'enveloppe du projet. Reste à savoir comment et sous quelle modalité se financeront le reste à débourser, la balle étant ainsi renvoyée à la Métropole et à l'État.

État qui est justement attendu au tournant début 2023, dans le cadre des discussions du volet infrastructures du contrat de plan Etat-Région, qui devrait intégrer justement le dossier du RER métropolitain. A noter qu'à l'échelle d'Auvergne Rhône-Alpes, il existe également d'autres projets de RER métropolitains comme celui de Grenoble, Clermont-Ferrand mais également Saint-Étienne.

L'investissement global après les annonces d'Emmanuel Macron hier est estimé par les observateurs à 30 milliards d'euros pour les 10 villes. "Si ce montant est avéré, nous pourrions espérer environ 5 milliards d'euros pour l'aire lyonnaise. Ce qui serait un énorme coup d'accélérateur, une belle première marche, puisque nous estimons que l'investissement nécessaire à la mise en place d'un RER performant sur le territoire lyonnais serait de l'ordre de 5 à 10 milliards d'euros", selon Jean-Charles Kohlhaas.

Pour autant, le vice-président aux transports du Grand Lyon veut croire que l'historique des discussions menées sur ce dossier en Auvergne Rhône-Alpes permettront d'avancer aujourd'hui plus vite : "Nous avons déjà commencé à discuter avec la Région, et des décisions pourraient être prises début 2023. Nous sommes plutôt sur la même longueur d'ondes avec Frédéric Aguilera, le vice-président aux transports de la Région. Dans une première phase, à horizon de 4 à 5 ans, un financement d'1,5 milliard d'euros sera nécessaire. Je sais que la Région est ouverte sur ce sujet de RER. La Métropole est prête à mettre 500 millions d'euros et la Région un milliard. Et c'est nouveau, nous annonçons aussi que nous sommes prêts à financer 50% des coûts d'exploitation sur notre territoire", ajoute la Métropole.

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