Raffinerie de Feyzin : un mois de grève et des revendications qui se veulent désormais plus locales

Elle fait partie des deux raffineries encore en grève, alors qu'un accord majoritaire a été trouvé avec la CFDT et la CFE-CGT le 14 octobre dernier. A la raffinerie de Feyzin (Rhône), la grève ne faiblit pas, un mois après son démarrage, le 27 septembre dernier. Les salariés grévistes, qui demandaient jusqu'à présent une hausse de salaire de 10%, ont maintenant axé leurs demandes sur des postes supplémentaires ainsi qu'un investissement dans leur outil de travail. La CGT est allée jusqu'à demander l'intervention d'un médiateur au Préfet pour avancer sur ces questions, alors que des réquisition de personnel ont lieu régulièrement.
A la raffinerie de Feyzin, la question des salaires a été mise de côté pour se concentrer sur des revendications locales, et une demande de médiation auprès de la préfecture du Rhône pour engager un dialogue avec le médiateur de la République.
A la raffinerie de Feyzin, la question des salaires a été mise de côté pour se concentrer sur des revendications locales, et une demande de médiation auprès de la préfecture du Rhône pour engager un dialogue avec le médiateur de la République. (Crédits : Reuters)

A la raffinerie TotalEnergies de Feyzin, la grève se poursuit au service expéditions (gestion des flux entrants et sortants). Depuis le début de la grève il y maintenant un mois pile, le service compte entre 80% et 100% de grévistes, selon la CGT.

Le mouvement de grève a en effet commencé le 27 septembre dernier, au coeur de plusieurs raffineries du pays. Les grévistes demandaient notamment une hausse de salaire de 10% pour faire face à l'inflation, une action sur la qualité de l'emploi ainsi que des investissements dans l'infrastructure et l'outil de travail.

Et le 14 octobre dernier, une première phase du mouvement a été franchie puisque les syndicats majoritaires CFDT et la CFE-CGT ont signé un accord avec TotalEnergies, garantissant d'augmenter de 7% les salaires (5% d'augmentation générale et 2% d'augmentation individualisée) avec 3.000 à 6.000 euros de primes pour 2023.

Un accord que CGT Feyzin trouvait alors insuffisant, car - entre autres - il ne prend pas en compte l'inflation de 2022. Pedro Afonso, délégué CGT à la raffinerie de Feyzin, dénonçait aussi un accord "signé par de non-grévistes".

Des revendications plus locales

Depuis, le service expéditions de la raffinerie de Feyzin ainsi que la raffinerie de Gonfreville, en Normandie, sont les seules à être restées en grève. A Feyzin (où la grève est reconduite chaque jour), la revendication sur les salaires a été mise de côté pour se concentrer sur des revendications locales.

"Nous ne sommes plus sur les salaires. Localement, les grévistes ont décidé d'abandonner cette revendication mais de l'axer sur les embauche et l'investissement." Sur le volet emploi, le délégué CGT affirme en effet que selon l'accord qui régit le service, il manque quatre postes. Ils sont alors occupés par des intérimaires - dont certains depuis plusieurs années. Quant aux investissements dans l'outil de travail, la CGT attend des preuves. Des revendications sont aussi maintenues sur la réévaluation des primes et du temps de travail.

Ces revendications sont d'autant plus vives qu'elles sont portées au moment même où TotalEnergies vient d'annoncer, une fois de plus, des bénéfices records. Ce jeudi, le groupe a en effet annoncé une hausse de 43% du bénéfice net au troisième trimestre à 6,6 milliards de dollars par rapport au troisième trimestre de 2021. Soit encore plus que le résultat du deuxième trimestre qui s'élevait à 5,7 milliards.

 "Tous ces milliards devraient servir à contenter les attentes légitimes des travailleurs de Feyzin", commente Pedro Afonso. Il affirme par ailleurs que le dialogue avec la direction est rompu.

De son côté TotalEnergies reste évasif sur les revendications locales : "TotalEnergies rappelle qu'un accord majoritaire sur les salaires a été signé le 14 octobre dernier avec des organisations syndicales (CFDT et la CFE-CGC) aux bornes de son Socle Social Commun et sera appliqué. Les négociations sont donc terminées. La Direction est en discussions très régulières avec l'ensemble des organisations syndicales ainsi qu'avec les représentants du personnel (notamment dans le cadre des divers CSE )", a répondu le groupe à La Tribune.

Plusieurs réquisitions

En réponse à cette grève qui ne connaît pas de signe d'affaiblissement, le Préfet du Rhône a ordonné des réquisitions de salariés du service expéditions au cour des journées du 17, 19, 20, 21 et 22 octobre. "Entre six et dix personnels", étaient réquisitionnés chaque jour selon la Préfecture.

"Cette décision vise à réquisitionner le nombre adapté de personnel pour assurer un service minimal d'expédition permettant de répondre aux besoins et services essentiels dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté et mettre un terme aux troubles à l'ordre public constatés", expliquait alors la Préfecture dans un communiqué, lors des premières réquisitions.

"Ces réquisitions ont créé un émoi chez les salariés", souligne Pedro Afonso. "C'est une entrave au droit de grève."

La semaine dernière, aucune réquisition n'avait eu lieu, ce qui peut s'expliquer par l'amélioration de la situation dans le stations-services. Hier, seulement 15% des stations services de la région et du Rhône rencontraient encore des difficultés d'approvisionnement (contre environ 30% au début de la grève).

Malgré l'amélioration de la situation, une dernière réquisition a été faite ce matin même. "Suite aux réquisition injustifiées de ce jour, les grévistes ne souhaitent pas se soumettre", fait savoir le délégué CGT par SMS.

L'attente d'un médiateur de la République

"Elisabeth Borne a annoncé qu'elle préférait le dialogue social au conflit, nous partageons cet avis et nous attendons que le Préfet prenne une décision et mandate un médiateur de la République", annonce Pedro Afonso. La CGT Feyzin a en effet envoyé une demande de médiation à la préfecture le 25 octobre. Cette demande est encore en cours d'instruction par la Préfecture.

En attendant, le préfet du Rhône a prolongé jusqu'au samedi 29 octobre, l'arrêté du 13 octobre qui établit une priorité à la pompe pour certains professionnels dans les stations-service de dans les stations-service TotalEnergies de Bron-Laurent Bonnevay, Dardilly, Lyon-Garibaldi, Saint-Symphorien-d'Ozon, Tarare et Villefranche-sur-Saône, sur présentation d'une carte professionnelle.

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Commentaire 1
à écrit le 03/11/2022 à 9:08
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Il y en a mare de la cgt ferait mieux aller au boulot les seules personnes qu’ils embête c’est les gars qui vont au boulot maintenant ils ne savent plus quoi revendiquer

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