Total Energies : à la raffinerie de Feyzin, le service expéditions devient l'épicentre de la grève

Depuis le 27 septembre, une partie des salariés de la raffinerie Total Energies de Feyzin est en grève, suite à un appel national de la CGT. Sur un site stratégique qui traite environ cinq millions de tonnes de pétrole par an, soit "entre 6% et 7% de la production de Total Energies", les grévistes demandent une hausse de salaires pour coller à l'inflation mais aussi, un meilleur partage de richesses. A l'heure où le gouvernement fait planer la menace d'une réquisition en appelant direction et syndicats à "la responsabilité", ces déclarations ne font pas flancher pour l'heure la mobilisation.
Malgré la grève, une toute petite partie de la production a réussi a sortir du site : soit environ 47 camions citernes de carburant depuis le 27 septembre alors qu'en moyenne, 250 camions sortent tous les jours du service Expéditions de la raffinerie de Feyzin.
Malgré la grève, une toute petite partie de la production a réussi a sortir du site : soit environ "47 camions citernes de carburant depuis le 27 septembre alors qu'en moyenne, 250 camions sortent tous les jours du service Expéditions de la raffinerie de Feyzin". (Crédits : Fotolia)

A l'appel de a CGT, les grévistes de Total Energies ont reconduit leur mouvement de grève, avec un nouvel appel à la mobilisation ce mardi. Dans le Rhône, à la raffinerie Total Energies de Feyzin, la grève dure depuis le 27 septembre.

Les grévistes demandent à leur employeur une augmentation de salaire, une action sur la qualité de l'emploi ainsi que des investissements dans l'infrastructure et l'outil de travail. Ces revendications sont d'autant plus fermes qu'elles sont portées dans un contexte d'inflation, où Total a récemment réalisé ce qu'on nomme aujourd'hui des "super-profits".

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Ce mouvement de grève qui a provoqué notamment des pénuries dans beaucoup de stations-essence en France. "Nous ne sommes pas là pour pénaliser les citoyens, mais c'est une conséquence de la grève", défend Pedro Afonso, délégué syndical CGT raffinerie Total Energies de Feyzin.

"On tient bon et on demande au PDG d'apporter des réponses concrètes"

Stratégiquement, c'est le service Expéditions (gestion des flux entrants et sortants) qui est le plus concerné par un mouvement de grève "dur" avec 100% de grévistes sur ce secteur, soit 150 salariés sur les quelques 600 que compte la raffinerie.

"C'est une stratégie partagée avec les autres sites. Les autres secteurs sont solidaires, notamment grâce à la caisse de grève." La raffinerie de Feyzin traite environ cinq millions de tonnes de pétrole par an, soit "entre 6% et 7% de la production de Total Energies", d'après les estimations de Pedro Afonso.

Les grévistes demandent ainsi pour l'année en cours une augmentation de 10% sur les salaires soit 7% pour l'inflation, 3 % pour le partage de la richesse. TotalEnergies avait proposé "d'avancer la réunion de négociation annuelle obligatoire (NAO) qui a lieu tous les ans en fin d'année. Cette date a déjà été avancée au 18 novembre, pour encore être avancée aujourd'hui en octobre."

En échange de quoi le géant du pétrole avait demandé un arrêt de la grève. "Nous ne souhaitons pas rentrer dans ce chantage", tranche le délégué syndical. "On tient bon et on demande au PDG d'apporter des réponses concrètes."

Autre point de revendication : l'investissement. "C'est historique, cette année, le coût du capital a été plus fort que l'investissement", selon le représentant CGT. Des manques d'investissement dans l'infrastructure qui jouent sur les conditions de travail des salariés.

La menace de la réquisition

Malgré la grève, une toute petite partie de la production a réussi a sortir du site : "Grâce à toutes ces entraves précédentes au droit constitutionnel de grève, le géant a réussi à sortir 47 camions citernes de carburant depuis le 27 septembre alors qu'en moyenne 250 sortent tous les jours du service Expéditions de la raffinerie de Feyzin", détaille Pedro Afonso dans une communication.

Le ralentissement de l'activité des raffineries se fait sentir en France par des pénuries dans les stations-essence. Plus elle dure, plus la situation se crispe, le groupe Total ainsi que le gouvernement usent de différents moyens de pression pour faire cesser le mouvement et la pénurie de carburant qu'elle provoque déjà dans 30% des stations d'essence à l'échelle nationale.

En réponse à la demande de hausse des salaires, Total Energies a par exemple choisi de communiquer les salaires des employés des raffineries, affirmant qu'ils se situent en moyenne à 5.000 euros brut par mois. Des chiffres que s'est empressée de démentir la CGT. Pour le site de Feyzin, la section locale a notamment communiqué des fiches de paie au Progrès pour le prouver.

Le gouvernement, qui avait appelé Total et le syndicats à la renégociation (n'ayant pour l'instant pas abouti) a évoqué la possibilité de réquisitionner des salariés grévistes.

Devant cette pression, Pedro Afonso rappelle les évènements de 2010, lorsque le gouvernement Sarkozy avait utilisé l'outil de la réquisition pour débloquer les raffineries.  Un tour de force qui avait été épinglé par l'Organisation internationale du Travail (ILO), une agence spécialisée de l'ONU.

Contactée, la direction de Total Energies n'a pas répondu à nos sollicitations mais elle précisait ce mardi soir, par voie de communiqué, que "suite aux échanges aujourd'hui avec un certain nombre d'organisations syndicales"Total Energies "invite à une réunion de concertations et d'échanges, demain après-midi, les syndicats représentatifs aux bornes du Socle Social Commun et qui ne participent pas au mouvement de grève actuel". Et d'ajouter un nouvel ultimatum : "Si la CGT lève tous les blocages de sites avant demain midi, elle sera bienvenue à cette réunion de dialogue".

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Commentaires 3
à écrit le 12/10/2022 à 0:22
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Mettez à la porte ces grévistes surpayés qui nuisent au reste des français (que les journalistes parlent des participations et intéressements énormes dans les compagnies pétrolières)

à écrit le 12/10/2022 à 0:22
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Mettez à la porte ces grévistes surpayés qui nuisent au reste des français (que les journalistes parlent des participations et intéressements encore dans les compagnies pétrolières)

à écrit le 11/10/2022 à 18:36
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Combien gagne cette poignée de grévistes irréductibles qui prétend bloquer la France ? Osez le dire, svp !

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