Recrutement et carburant : les deux craintes de la filière transport de voyageurs en région pour la rentrée

En région, la branche locale de la Fédération nationale des transports de voyageurs estime qu'il manquera 1.000 conducteurs de cars pour la rentrée scolaire. Des difficultés de recrutement hautement liées au salaire et au temps de travail morcelé. Ce lundi, les syndicats de transports appelaient d'ailleurs à la grève pour demander une augmentation des rémunérations. Dans le même temps, le secteur du transport de voyageurs subit la hausse des carburants et demande une meilleure prise en compte de ces surcoûts dans les marchés publics, qui représentent environ 80% de son activité.
(Crédits : Chamonix bus)

"La rentrée de septembre sera plus compliquée parce qu'on manque de conducteurs", annonce Michel Seyt, co-président de la FNTV Auvergne-Rhône-Alpes (Fédération nationale des transports de voyageurs). En tout, la région compte environ 10.000 conducteurs dans les transports de voyageurs (scolaire, interurbain et tourisme).

Au niveau national, Jean-Sébastien Barrault, président de la FNTV, estime qu'il manque 8.000 conducteurs. D'autant plus qu'avec la crise sanitaire, il y a eu une perte d'environ 4% des conducteurs dans le secteur des transports de voyageurs. La FNTV régionale annonce d'ores et déjà un "service dégradé" pour la rentrée.

Conditions de travail : "la profession a conscience que ça ne va plus"

 "Il faut susciter une envie du métier", selon Pascal Favre, co-président régional de la FNTV. La branche transport de voyageurs travaillerait ainsi sur les salaires, les emplois du temps, la formation, la communication et les conditions de travail. "Il faut plusieurs années pour résoudre ce problème structurel", admet le co-président de la FNTV régionale."La profession a conscience que ça ne va plus. La société attend que le modèle social évolue", abonde Michel Seyt.

Pour la filière transport, les rémunérations des grilles conventionnelles ont déjà augmenté de 5% en début d'année dans le cadre des négociations annuelles obligatoires et de 7,5% pour les conducteurs scolaires. Elles seront renégociées en septembre avec les partenaires sociaux.

Ce lundi 27 juin, les organisations syndicales (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC) des professionnels du transport routier appelaient d'ailleurs à la grève en ce sens et revendiquaient principalement des revalorisations salariales.

Outre les salaires, il y a aussi la problématique du temps partiel, des conducteurs scolaires qui ne sont amenés à travailler que le matin et en fin d'après-midi, par exemple. Une piste de réflexion pour tenter d'améliorer ce point serait "d'essayer de s'associer avec d'autres entreprises (du BTP, de la propreté, etc) pour faire des temps complets", avance Pascal Favre.

"Aujourd'hui, le vivier de recrutement de personnel de conduite est quasiment inexistant. Nous faisons des partenariats avec pôle emploi et de la formation : ce sont des personnes qu'on amène à la reconversion professionnelle", ajoute Aurélien Berthelet, directeur général de l'entreprise de transport de voyageurs du même nom.

L'impact de la hausse des carburants

L'autre ombre qui plane sur la profession, c'est l'impact de la hausse des carburants, car la "quasi totalité" du parc de transports de voyageurs roule au Diesel, selon la FNTV.

"80% des entreprises travaillent pour des marchés publics et 20% pour le tourisme. Dans les marchés publics, il y a les circuits scolaires, le transport régulier départemental et régional. Pour ceux-ci, la région est le principal client public. [...] On aimerait pouvoir actualiser les prix suite à des imprévus. On ne peut pas continuer comme ça, ce n'est pas possible : quand on répond à un appel d'offres, le prix est fixé et on y inclut les charges, mais si elles augmentent de 25% et que la prochaine révision de prix ne se fait que dans un an, c'est vous qui déboursez alors que c'est la Région qui est client. ", expliquait Alexandre Geoffroy délégué regional de la FNTV à La Tribune, en mars dernier.

Avec la hausse exceptionnelle et rapide des carburants de cette année, la filière avait donc espéré des renégociations plus régulières avec les donneurs d'ordre publics afin de mieux indexer l'activité sur le carburant. Ce qui n'a pas eu lieu.

L'indexation des coûts des carburants se fera en septembre avec la Région. "Pour finir l'année, ça va coûter 10 millions d'euros supplémentaires cette révision des prix et pour 2022/2023 il faudra rajouter 25 millions d'euros au budget prévisionnel", selon Paul Vidal, conseiller régional en charge des transports scolaires et interurbains.

Pour les entreprises de transports de voyageurs, "toutes les pertes de début d'années ne sont pas récupérables. On tape dans la trésorerie et ça va créer des déséquilibres. Aujourd'hui, la trésorerie n'est pas dans le rouge, mais on s'en approche et ça se ressentira au moment des bilans", déplore Michel Seyt.

Effort de trésorerie qui lui aussi "pourrait avoir un impact sur l'activité" présage Aurélien Berthelet.

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