Salon de l’automobile : les constructeurs confirment le cap de l'électrique, le monde de l’occasion fait son entrée

REPORTAGE. Le Salon de l'automobile de Lyon a réouvert cette semaine ses portes après deux ans de pandémie. Du 7 au 11 avril, à Eurexpo, la centaine d'exposants habituels est au rendez-vous, avec des véhicules électriques et hybrides qui occupent désormais le terrain. Et malgré un contexte de pénurie de semi-conducteurs impliquant des délais de livraison rallongés pour le neuf, le salon s'est adapté, en faisant même entrer pour la première fois le monde du véhicule d'occasion.
Pour la première fois cette année, les véhicules exposés à l'entrée ne roulent qu'à l'hydrogène ou l'électricité. La pénurie de composants a également amené une autre tendance : celle de l'entrée de l'occasion sur le salon de Lyon.
Pour la première fois cette année, les véhicules exposés à l'entrée ne roulent qu'à l'hydrogène ou l'électricité. La pénurie de composants a également amené une autre tendance : celle de l'entrée de l'occasion sur le salon de Lyon. (Crédits : DR ZFA)

A Lyon, le Salon de l'automobile a repris cette semaine ses quartiers à Eurexpo, sans format réduit, après deux années de pandémie. "Après l'annulation des salons Bruxelles et de Genève, il s'agit du premier grand salon européen de l'année", se réjouit Anne-Marie Baezner, directrice du salon.

Du 7 au 11 avril, la centaine d'exposants et les quelques 45 marques que l'on retrouve habituellement sont au rendez-vous, sur 50.000 mètres carrés de superficie, soit même "un peu plus qu'en 2019." En temps normal, le salon accueillait en effet près de 60.000 visiteurs. Reste à voir si cet objectif sera atteint cette année.

Au premier jour du salon, la fréquentation semblait déjà revenir à la normale. "Nous sommes heureux de retrouver les clients et la concurrence. Nous sommes contents des premiers chiffres de fréquentation et le stand ne désempli pas", constate Jacques-Edouard Daubresse, directeur commercial France chez le constructeur automobile français DS.

"Le format régional est un investissement équilibré et nous permet de mettre en avant les gammes hybrides et électriques. [...] Nous avons reçu 90 commandes lors de l'édition précédente et nous espérons en faire plus cette année", affirme pour sa part Emmanuel Boca, directeur régional Peugeot.

Un évènement qui reprend aussi avec deux nouveautés cette année : les véhicules exposés à l'entrée ne roulent plus qu'à l'hydrogène ou l'électricité, et un marché du véhicule d'occasion s'est même fait une place, au sein du salon, pour la première fois.

Les voitures électriques et hybrides à l'honneur

A l'image des véhicules exposés à l'entrée, les exposants du salon présentent en effet désormais une majorité de véhicules "propres" aux visiteurs. Une occasion de surfer sur une tendance forte qui s'est encore renforcée au cours des derniers quelques mois, et aussi de convaincre les hésitants : "Le marché de l'électrique a triplé depuis 2019", confirme la directrice du salon.

"Nous avons accéléré l'électrification de l'ensemble de la gamme depuis deux ans et nous avions même débuté avec la Zoé, il y a dix ans", resitue Jean-Claude Coulmy, directeur régional chez Renault. Les voitures électriques et les hybrides représentent en effet 43% des ventes du constructeur au losange, alors qu'elles n'en faisaient que 23% en mars 2021.

Preuve de ce grand vent de changement : 80% de la gamme présente sur le salon est désormais électrifiée, "c'est un enjeu énorme, personne ne pourra le rater. [...] Ce n'est pas encore possible de dire ce qui sera vendu, mais l'intérêt des clients porte clairement à ce sujet", constate le directeur régional.

Même constat chez DS : "Il existe un changement d'état d'esprit des consommateurs et augmentation des prix du carburant a fait office de déclic", confirme Jacques-Edouard Daubresse. "En début d'année, la DS3 Crossback électrique représentait 30 des ventes, et en mars, elle a grimpé à 57%."

Pour Peugeot, la gamme électrique et hybride est également favorisée et représente jusqu'à 80% des véhicules présentés. "Nous recevons beaucoup de questions de la part du public et la demande est forte. Par exemple, en mars, la 208 qui est notre best-seller, a été commandée à 60% en électrique. Il y a deux ans, cette part n'était que de 25%", note Emmanuel Boca.

Un phénomène d'accélération vers l'électrique, qui concorde aussi avec l'arrivée des ZFE au sein des principales métropoles de France, dont celle de Lyon. Une manière de rappeler que les constructeurs s'y préparent et élargissent ainsi leurs offres en conséquence, tandis qu'une part mobilité douce de trottinette et vélo est aussi désormais présente sur le salon, et sera encore amenée à grandir l'an prochain.

"Le marché du véhicule d'occasion a explosé"

Autre phénomène qui a bousculé le marché automobile, les pénuries rencontrées depuis quelques mois, notamment sur le terrain des semi-conducteurs, qui ont considérablement rallongés les délais pour acheter un véhicule neufs.

En conséquence, "le marché du véhicule d'occasion a explosé en 2021 et augmenté de 8%", analyse Anne-Marie Baezner. "Il y a la cause conjoncturelle des ruptures de stock dans le neuf, mais il y a aussi une cause structurelle, car le véhicule d'occasion a augmenté en qualité."

"Nous avons une carte à jouer, compte-tenu des délais du véhicule neuf", affirme Vincent Mourier, responsable véhicule d'occasion au sein du groupe Vulcain. A la fin du premier trimestre 2022, "nous avons faits plus de 150 ventes supplémentaires par rapport à 2021." Même son de cloche chez Spoticar, aussi présent au salon, les objectifs de ventes ont été largement dépassés.

Même si ce marché subit lui aussi les conséquences de lenteurs des délais dans le neuf en bout de ligne :

"Il y a une bonne rotation, mais pas de livraison du neuf, donc moins de reprise de véhicules d'occasion. Le marché manque de matériel. La rotation s'est accélérée, avant elle était de 80 jours, maintenant, elle est divisée par deux. Les vendeurs se sont aussi un peu transformés en acheteurs", analyse Vincent Mourier. Sur l'électrique ou l'hybride, l'offre est encore "assez anecdotique, mais la demande est forte."

Sur le salon, Vulcain a pris 2.000 mètres carrés pour présenter 120 véhicules d'occasion. "Donc on y croit ! L'objectif, c'est une première par curiosité."

Sur les délais "nous n'avons pas beaucoup de visibilité sur la situation"

"Quand vous allez commander, il y aura nécessairement des délais de livraison plus importants, mais dans ce salon, c'est aussi le contact qui compte. Les véhicules ne se vendent pas forcément sur le salon, mais après", abonde Anne-Marie Baezner.

Quant aux délais précis, estimés entre quatre mois et un an selon les modèles, les marques se veulent rassurantes sur le salon. "La production subit des à-coup en termes d'approvisionnement mais elle est préservée, et les délais sont maîtrisés", défend le directeur commercial de DS.

Renault présente ainsi sa Megane e-tech, 100% électrique au salon, "les clients l'attendaient", Jean-Claude Coulmy. "Nous serons capables de la livrer en septembre. Au niveau de la fabrication, nous avons priorisé cette nouvelle Megane, car l'attente est très forte."

Pour les délais des autres modèles Renault, "on fait le maximum possible, comme tout le monde. Nous sommes confiants, mais il faut espérer que la situation s'améliore", poursuit le directeur régional. "Nous n'avons pas beaucoup de visibilité sur la situation", abonde Emmanuel Boca de Peugeot.

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