LGV Lyon-Turin : le futur gouvernement devra choisir (quitte à décevoir) entre cinq scénarios d’accès

ENJEUX. A quelques semaines de l'élection présidentielle, il est une autre question qui sera encore présente sur la table du prochain exécutif, en matière de transports : celle de la LGV Lyon-Turin, un dossier lancé depuis une quinzaine d'années mais qui peine toujours à aboutir. Le prochain gouvernement français devra en effet dévoiler comment il compte relier le tunnel du futur Lyon-Turin, avec ses propres infrastructures ferroviaires. Un vieux serpent de mer qui implique de trancher, sous peine que le futur tunnel ne sorte de terre sans être relié, côté français...
Alors que trois milliards d'euros de marchés publics ont été attribués l'été dernier pour construire le tunnel transfrontalier côté français, on ne sait toujours pas comment les trains accèderont à cette future infrastructure en 2030.
Alors que trois milliards d'euros de marchés publics ont été attribués l'été dernier pour construire le tunnel transfrontalier côté français, on ne sait toujours pas comment les trains accèderont à cette future infrastructure en 2030. (Crédits : Caroline Moureaux)

Il y a six mois, Jean-Baptiste Djebbari, le ministre délégué aux Transports, promettait une décision sous six mois au sujet des futurs accès français au tunnel du Lyon-Turin.

Le gouvernement attendait le rapport du Conseil d'Orientation des Infrastructures (COI). Celui-ci vient d'être publié. Et sur 134 pages, le Lyon-Turin n'est mentionné que deux fois : la première pour dire que le chantier a peu avancé, et la deuxième pour indiquer que les prochains quinquennats devraient être ceux de sa réalisation.

Le prochain gouvernement considèrera-t-il ce projet d'envergure comme un caillou dans sa chaussure, qu'il faut traiter immédiatement ou reporter sine die, comme les gouvernements précédents l'ont fait jusqu'à présent ?

Si « gouverner, c'est choisir », selon la célèbre formule de Pierre Mendès-France, choisir c'est aussi décevoir. En effet, un seul tracé sera retenu ; et la future ligne destinée à développer les échanges avec l'Italie fera forcément des déçus.

Alors que trois milliards d'euros de marchés publics ont été attribués l'été dernier pour construire le tunnel transfrontalier côté français, on ne sait toujours pas comment les trains accèderont à cette future infrastructure en 2030.

Les cinq scénarios encore possibles et sur la table

Pour l'heure, cinq scénarios demeurent possibles pour des coûts sensiblement équivalents - cinq à sept milliards d'euros -, compte-tenu du coût total du projet, soit 20 à 30 milliards d'euros.

En décembre, SNCF Réseau a présenté les trois scénarios les plus probables : le premier scénario (4,8 milliards d'euros) prévoit de relier Lyon au tunnel transfrontalier en passant sous le massif de la Chartreuse en réutilisant des voies existantes, ce qui limite le volume de fret.

Le deuxième (6,7 milliards d'euros) ajoute à ce scénario des tunnels sous les massifs de Belledonne et du Glandon, augmentant les capacités de fret.

Un troisième scénario (5 milliards d'euros) prévoit une ligne mixte-fret-voyageurs passant sous les massifs de Dullin et de l'Épine pour rejoindre Chambéry, limitant les capacités de fret, mais accroissant l'intérêt pour le trafic de voyageurs.

Enfin, deux scénarios alternatifs sont envisagés... mais ils n'ont guère de chances d'être retenus, puisqu'ils n'ont pas été étudiés dans la Déclaration d'utilité publique émise en 2013. Il faudrait donc relancer une procédure, reportant de près d'une dizaine d'années le lancement des travaux.

Les acteurs locaux se positionnent

En attendant l'annonce du choix par le gouvernement, les acteurs tentent d'avancer leurs pions, à la demande du préfet de Région qui a sollicité leur avis. Le Département de la Savoie présidé par Hervé Gaymard (LR) s'est prononcé pour le tracé sous Chartreuse, Belledonne et Glandon en expliquant vouloir privilégier le tonnage transportable, tout en demandant un doublement des voies utilisées par le TER reliant Chambéry et Lyon, saturé aujourd'hui en raison d'un tronçon circulable sur une seule voie.

La Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports (Fnaut) penche pour le scénario passant par Chambéry pour ajouter au développement du fret celui du trafic de voyageurs, dans l'esprit du projet historique défendu par l'ancien maire de Chambéry Louis Besson, depuis ses fonctions de ministre des Transports sous la présidence de François Mitterrand.

Une chose est sûre : la décision n'est pas pour demain. Le site dédié de SNCF Réseau annonce désormais que la concertation s'étirera jusqu'en 2023.

Il resterait donc sept ans pour lancer les appels d'offres et réaliser les travaux, comprenant la réalisation de plusieurs tunnels. Sinon, le tunnel transfrontalier long de 57,7 kilomètres pourrait bien être prêt, sans être relié.

À moins que ce nouvel allongement des délais ne soit une façon d'enterrer le projet, sans le dire ?

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Commentaire 1
à écrit le 27/03/2022 à 11:39
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P.S/ Contournement de Beynat pardon et pas de Sarlat qui est déjà fait.

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