Ce mercredi 30 mars, les automobilistes devront rouler bien moins vite dans les rues de Lyon. La Ville passe en effet d'une limitation de vitesse jusqu'ici appliquée en centre-ville de 50 km/h à 30 km/h.
Annoncée l'an dernier par l'exécutif écologiste, cette mesure a pour objectif de réduire l'accidentologie et "d'accélérer le bien-être", selon les mots du maire EELV, Grégory Doucet.
"Il y existe un grand mouvement de fond concernant la limitation de la vitesse en ville : Bruxelles, Oslo, Londres ou Valence s'y sont mis et on ainsi vu diminuer leur accidentologie", poursuit le maire. En France, Paris, Grenoble ou encore Oullins avait déjà appliqué elles-mêmes cette limitation.
En 2021, c'était déjà près de 250 villes qui avaient franchi le cap. D'ailleurs, de premières études s'étaient intéressées au sujet, avec des résultats encore contrastés : du côté des bienfaits espérés, l'Ademe avait évalué dans une étude dont les enseignements remontent cependant à 2014 que les résultats du passage de 50 à 30 km/h sur les voies urbaines restaient contrastés, du point de vue de leur impact sur la qualité de l'air. Ils nécessitaient notamment, selon l'Ademe, de prendre en compte l'impact de ces mesures sur la congestion routière, avec « des variations importantes pouvant être enregistrées en fonction des typologies de zones choisies (avec des évolutions allant de -40 à +30% pour les concentrations de NO2 par exemple) ».
Cependant, une autre étude menée par le centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) sur la généralisation d'un dispositif de « ville apaisée » à 30 km/h depuis 2016 à Grenoble, sur 43 des 49 communes de la métropole (soit environ de 80 % de la voirie sur les 43 communes), évoquait en 2020 des plus-values à l'égard d'une baisse sensible des vitesses (« moins 5 km/h en moyenne par rapport à la situation avant le dispositif ») mais également « une accidentalité qui semble baisser, en nombre et en gravité, et les piétons particulièrement épargnés par les accidents » ainsi qu'une « diminution des trafics motorisés entre 2016 et 2018 (-9% de véhicules légers et - 20% de poids lourds) ».
Pour Lyon, le principal argument retenu n'est pas tellement celui de la pollution mais plutôt celui de l'apaisement et de la réduction de l'accidentologie : "En 2019, à Lyon, 17 piétons ont trouvé la mort sur la voirie. C'est la responsabilité des élus que de réduire ces drames humains", complète Fabien Bagnon, vice-président de la Métropole à la voirie et à la mobilité.
84% de la voirie concernée
Seuls quelques grands axes demeureront ainsi à 50 km/h, comme l'avenue Berthelot, les rives droite et gauche Rhône, l'avenue Garibaldi, le boulevard des Etats-Unis, le tunnel de la Croix Rousse... En tout, c'est 84% de la voirie lyonnaise qui passe à 30 km/h, contre 37% actuellement.
"Plus de 73% des lieux où l'on a déjà enregistré un accident seront en zone 30", confirme Valentin Lungenstrass, adjoint au maire chargé de la mobilité et de l'espace public.
Aussi, des zones de "rencontre" à 20 km/h, où se mélangent cyclistes, piétons et véhicules à moteur, seront également instaurées.
Au niveau des contrôles, les Lyonnais auront un mois pédagogique de délai pour s'habituer à cette nouvelle réglementation. La Ville prévoit d'installer de nouveaux radars pédagogiques et travaille en concertation avec la Métropole et la Préfecture pour instaurer davantage de radars de contrôle.
Le coût total de la mise en place de cette nouvelle limitation s'élève à 3 millions d'euros, dont 250.000 pour la Ville et comprend les nouvelles signalisations ainsi que l'étude de re-réglage des feux.
Pas de dérogation pour les professionnels du transport
Les bus de ville seront eux aussi limités à 30 km/h hormis ceux qui roulent sur des voies physiquement séparées du reste de la voirie (avenue Rosa Parks, Quai Jospeh Guillet et Cours Lafayette) tandis que trois nouveaux couloirs de bus vont être créés. Aussi, 130 carrefours à feu vont être modifiés pour donner la priorité à certaines lignes de bus.
Au-delà de l'accidentologie, les écologistes espèrent aussi réduire la pollution sonore et et améliorer la qualité de l'air avec cette mesure, réduisant ainsi les freinages et accélérations.
A l'inverse de la ZFE, aucune dérogation professionnelle (hormis pour les transports relatifs au secours et à la sécurité) n'est prévue. "Sur un trajet de trente minutes, cela ne fera qu'une ou deux minutes de différence", d'après Valentin Lungenstrass.
Une mesure qui est vue au sein d'un éventail plus large par la municipalité EELV : "C'est un signal pour changer les mobilités et penser à d'autres façon de se déplacer", défend le maire de Lyon.
(publié le 18/03/2022, réactualisé le 30/03/2022)
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