Cyclik : les propriétés insoupçonnées des cadres de vélo en bambou et fibres de lin

Série d'été [Vélo, la filière made in AURA qui grimpe #2] Cyclik fabrique des vélos à partir de cadres en bambou et fibres de lin, des matières végétales ayant la capacité d'absorber les vibrations. Un créneau haut-de-gamme sur lequel la startup lyonnaise veut monter en puissance, grâce notamment à la subvention de 100.000 euros que vient de lui accorder l'Ademe, dans le cadre d'un appel à projets France Relance.
Cyclik a déjà vendu une soixantaine de ses vélos haut-de-gamme en bambou. Car en plus de l'avantage environnemental évident, ce matériau végétal absorbe cinq fois plus de vibrations que les vélos conçus à partir du carbone.
Cyclik a déjà vendu une soixantaine de ses vélos haut-de-gamme en bambou. Car en plus de l'avantage environnemental évident, ce matériau végétal absorbe cinq fois plus de vibrations que les vélos conçus à partir du carbone. (Crédits : DR)

La startup lyonnaise apprenait la bonne nouvelle il y a quelques semaines : dans le cadre du plan France Relance et d'un appel à projets piloté par l'ADEME, elle a été labellisée entreprise engagée pour la transition environnementale (EETE). Une labellisation qui doit lui permettre d'accélérer l'industrialisation de son innovation lancée en 2017 : des vélos équipés de cadres en bambou et fibres de lin produits en France.

Depuis 2017, la TPE de 3 salariés a produit et vendu une soixantaine de vélos. Objectif 2022 : un changement de braquet pour atteindre le seuil des 100 vélos.

"Aujourd'hui, chacun de nos cadres demande 14 jours de travail environ. Nous voulons réduire ce temps, pour abaisser le coût de nos vélos sans réduire la qualité", explique Félix Hebert. Ex-coureur cycliste de haut-niveau, c'est lui qui est à l'origine de l'aventure Cyclik.

Vélos haut-de-gamme, made in AuRA

"J'ai pratiqué le vélo pendant 10 ans, à un haut-niveau, mais je souffrais de problèmes de lombaires. Or, les vélos carbone produisent beaucoup de vibrations, incompatibles avec une pratique durable pour les personnes souffrant de douleurs. J'ai voulu imaginer un vélo qui pourrait répondre à cette problématique, que rencontrent beaucoup de cyclosportifs", raconte Félix Hébert.

Résultat ?"J'en suis arrivé ainsi à m'intéresser aux matières végétales. Car en plus de l'avantage environnemental évident, le bambou absorbe cinq fois plus de vibrations que les vélos carbone. Le lin sert pour les jonctions".

Après deux ans de R&D, et de travail avec les fournisseurs, Cyclik a pu sortir son premier vélo. "Le travail de R&D a été, et est toujours, gigantesque. Il fallait sélectionner les bonnes tiges, trouver le bon procédé de séchage, le bon traitement etc. Notre procédé de séchage permet de modifier la structure moléculaire du bambou pour le solidifier. Cela rend nos cadres rigides, solides (norme Iso4210), dynamiques, tout en réduisant fortement les vibrations".

Le vélo Cyclik se targue de conjuguer innovation et Made in France :  le bambou vient de la bambouseraie d'Anduze (Gard) et est séché par une scierie ligérienne spécialisée dans le bois exotique, le lin vient du département de Normandie et les pièces mécaniques de la Vallée de l'Arve.

Le tout est assemblé dans les ateliers lyonnais de l'entreprise. Le cadre est donc 100% made in France.

En chemin vers le vélo électrique

Seules les pièces qui ne sont plus fabriquées en France sont achetées ailleurs, pour les autres parties du vélo (freins, dérailleurs etc). Au grand regret d'ailleurs de Félix Hebert, très impliqué dans le cluster régional MAD (Mobilité Active et Durable) pour la réindustrialisation locale dans le secteur du vélo.

Un regret écologique et territorial mais aussi économique : la croissance de Cyclik est aujourd'hui impactée par la pénurie des matières premières, à l'instar de la plupart des autres acteurs du secteur. Le fabricant vosgien Moustache, par exemple, a même dû mettre ses salariés au chômage technique faute de composants, alors qu'il croule sous les commandes.

Commercialisés entre 4.500 et 6.000 euros, les vélos Cyclik sont adaptés à la morphologie de chaque acheteur. Après les vélos de route, la TPE a étoffé sa gamme avec des modèles de vélos de ville, de VTT et de vélos de voyage. Et travaillerait même désormais au développement d'un modèle électrique.

"La demande de vélos électriques est très importante, en raison du développement de la mobilité douce en ville. C'est une voie de croissance intéressante pour nous". Et pour cause, selon l'Union Cycles&Sports, les ventes de Vélo à assistance électrique (VAE) ont augmenté de +29 % en volume en France en 2020.

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