Tout au long de l'année 2020, l'aéroport de Chambéry Savoie Mont Blanc est resté ouvert. Mais sur une portion de cet exercice si particulier, ses services ont été dédiés à l'évacuation sanitaire de malades de la Covid-19 vers d'autres régions.

Au total, ce sont 22 vols sanitaires qui ont transféré 44 passagers vers des établissements hospitaliers à même de les soigner, précise Mylène Leuly, la directrice de l'aéroport de Chambéry Savoie Mont Blanc.

Mais il s'agissait là d'une activité exceptionnelle : car habituellement, l'aéroport savoyard se pose comme le 3ème aéroport d'aviation d'affaires en Europe, mais également comme une plateforme de vols commerciaux, accueillant principalement trois compagnies aériennes (British Airways, Flybe et Transavia).

Pour les vols commerciaux, son tarmac n'est ainsi ouvert que durant la saison d'hiver,  à destination des Alpes françaises. Il accueille ainsi chaque hiver près de 205.000 passagers (selon les chiffres compilés en 2018), principalement en provenance du Royaume Uni ou de Russie.

Un trafic en chute libre

Mais comme ses voisins, 2020 aura été une année particulièrement difficile à boucler.

L'aéroport local a d'abord pâti du premier confinement de mars 2020, qui a commencé par mettre un terme, de manière anticipée, à sa saison de l'hiver 2019-2020 qui était déjà entamée. Ses vols commerciaux auront ainsi chuté de -49% l'an passé, ne pouvant compter que sur le tout début 2020.

L'aviation d'affaires, pour laquelle Chambéry Savoie Mont Blanc figure dans le top 5 français, a cependant connu une chute moindre, perdant -24% de son trafic en 2020.

Mais ce sont surtout les nouvelles restrictions sanitaires décidées à la fin de l'année dernière, et notamment la fermeture des remontées mécaniques qui auront ainsi sonné le glas de l'ensemble de sa saison hivernale :

« À l'automne 2020, nous nous étions préparés pour la saison d'hiver, mais le deuxième confinement nous a empêché d'avoir un programme de vol consolidé, explique Mylène Leuly. La saison hivernale a été blanche en aviation d'affaires, et nous n'avons eu aucun vol d'aviation commerciale depuis décembre 2020 jusqu'à présent. »

Résultat ? L'aéroport aura accueilli à peine la moitié de son volume habituel en 2020, soit près de 106.000 voyageurs.

Vers un retour du tourisme d'affaires

Quid du regard porté désormais sur la reprise de l'activité, à l'heure où le trafic aérien frémit de nouveau pour les vacances d'été ?

Si Chambéry Savoie Mont Blanc n'a pas prévu de bousculer ses plans pour se porter sur la saison estivale qui démarre, l'aéroport regarde les tendances de près, et espère surtout une saison d'hiver meilleure que la précédente, malgré les incertitudes sur les questions sanitaires qui demeurent :

« Nous sommes sur du tout ou rien, analyse Mylène Leuly. Dès que les passagers peuvent se déplacer, ils veulent absolument venir profiter des espaces et du grand air qu'offre la montagne, et retrouver les plaisirs du ski dont ils ont été privés depuis plus d'un an. »

L'allégement progressif des restrictions sanitaires aura déjà permis la reprise du trafic de l'aviation d'affaires, au fur et à mesure de la réouverture des différents pays européens. « L'aviation d'affaires, plus flexible, a pu opérer, bien qu'en-deça du niveau habituel », souligne Mme Leuly, sans pour autant citer de chiffres.

En attendant, l'aéroport aura pu en profiter pour continuer à mener ses travaux d'infrastructures de sécurité urgents ou nécessaires, qui étaient prévus avant la crise.

Des actions de sensibilisation environnementale ont également été conduites, dont l'accueil de deux avions électriques sur le tarmac de l'aéroport, l'an passé.

L'infrastructure aéroportuaire continue également sa réflexion sur la modulation de la redevance d'atterrissage, avec un système bonus-malus pour tenir compte des émissions de carbone des aéronefs. « Cette action est symbolique car l'ampleur du bonus-malus est limité, explique Mylène Leuly. Nous n'avons pas pour but de taxer les compagnies aériennes, mais de trouver avec elles un système vertueux afin d'améliorer leurs performances dans ce domaine. »

Une compagnie aérienne de retour

Quant à l'avenir, fortement lié à l'évolution de la pandémie, il pourrait cependant être illuminé par l'intérêt renouvelé de certaines compagnies commerciales pour l'équipement savoyard. Plusieurs ont déjà déposé leur programme de vols :

Avec parmi elles, Jet2.com qui fera son retour à Chambéry. La compagnie britannique offrira des vols directs et réguliers (deux à trois fois par semaine, selon les liaisons) depuis cinq destinations : Manchester, Londres, Birmingham, Bristol et Leeds.

Jet2.com avait déjà opéré des vols entre le Royaume-Uni et Chambéry, par le passé. Mais la compagnie lowcost britannique avait pris l'habitude de desservir les Alpes uniquement depuis Grenoble, au cours des dernières années. « Jet2.com a souhaité faire un mix différent, en continuant à desservir Grenoble, tout en apportant une desserte de Chambéry, permettant des transferts plus proches des stations de ski », précise Mme Leuly.

Pour le reste, les compagnies aériennes et les voyagistes comptent maintenir une programmation presque équivalente à celle prévue initialement pour l'hiver 2020-2021.

« Nous devrions récupérer une grosse partie du trafic habituel, mais pas la totalité, parce que le transport aérien ne récupérera que progressivement son niveau d'avant la pandémie », souligne Mylène Leuly.

La directrice de l'aéroport voit d'un bon oeil la campagne de vaccination bien avancée en France et au Royaume-Uni. Des points d'interrogation demeurent toutefois sur le niveau de vaccination en Russie, de même que sur d'éventuelles nouvelles mesures sanitaires.

«Il est certain que si des quatorzaines devaient être décidées, ce serait dissuasif pour venir faire un séjour au ski », relève-t-elle. Pour l'heure, la compagnie charter russe S7 a confirmé sa liaison entre Moscou et Chambéry, deux fois par semaine.

Quant à l'aviation d'affaires, « nous pourrions récupérer rapidement la totalité du trafic si les restrictions en viennent à être levées, car la demande est forte », se réjouit Mylène Leuly.

(avec ML)