Régionales 2021 : la LGV Lyon-Turin, le dossier (à 700 millions) qui sera sur la table du futur exécutif

Pour boucler ce dossier tentaculaire lancé depuis une quinzaine d'années, le prochain exécutif de la région Auvergne-Rhône-Alpes devra décider s'il apporte ou non les 700 millions d’euros nécessaires à la réalisation des voies d’accès du futur tunnel transfrontalier du Lyon-Turin. Objectif de cet équipement à grande vitesse : faciliter et réduire le temps de parcours des marchandises comme des passagers, ainsi que le nombre de camions qui empruntent la vallée de la Maurienne (Savoie).
Courant 2020, alors que la pandémie frappait le pays, une dizaine de kilomètres avaient déjà été creusés sur les 57 prévus. En plus d'être le coeur de cette liaison alpine, cet ouvrage de grande envergure sera aussi la clé de voute du futur réseau ferroviaire transeuropéen, qui de Lisbonne à Kiev, reliera les grandes capitales de l'Europe.
Courant 2020, alors que la pandémie frappait le pays, une dizaine de kilomètres avaient déjà été creusés sur les 57 prévus. En plus d'être le coeur de cette liaison alpine, cet ouvrage de grande envergure sera aussi la clé de voute du futur réseau ferroviaire transeuropéen, qui de Lisbonne à Kiev, reliera les grandes capitales de l'Europe. (Crédits : Caroline Moureaux)

Le dossier court depuis une quinzaine d'années, mais il pourrait connaître encore, sous la prochaine mandature régionale, un franc coup d'accélérateur. Ce projet de ligne à grande vitesse (LGV), dont les premiers travaux ont déjà démarré, passera notamment par la création d'un tunnel de 57,5 km entre Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) et Suse (Italie). Avec, d'un côté, de premiers arguments, puisqu'il doit permettre à la fois de faciliter et rendre plus écologique le transport de marchandises et des voyageurs, tout en se situant au cœur d'un futur réseau ferroviaire transeuropéen, reliant les grandes capitales économiques de Lisbonne à Kiev.

Ce projet a néanmoins les allures d'un vieux serpent de mer, de par son envergure, et les retards pris dans la réalisation et le financement de ses travaux au cours de la dernière décennie.

Mais d'ici au début de l'été 2021 -soit presque simultanément à la tenue des élections régionales-, le promoteur franco-italien du Lyon-Turin, TELT (pour Tunnel Euralpin Lyon Turin SAS) devrait franchir une nouvelle étape décisive, puisqu'il attribuera les trois lots de creusement du tunnel de 45 kilomètres sous les Alpes françaises. Soit au total, une enveloppe de 2,3 milliards d'euros qui sera ainsi investie.

Sans compter que d'ici la fin de l'année, l'Italie, à son tour, attribuera ses propres marchés publics pour le creusement du tunnel sur son territoire, sous 12,5 kilomètres de montagne.

Après avoir creusé un tunnel de reconnaissance sur 8,7 kilomètres, le chantier de ce gigantesque tunnel sous les Alpes du nord verra donc ses travaux passer à la vitesse supérieure, pour s'achever aux environs de 2027, estime TELT.

La fin des travaux coïncidera alors avec la fin du mandat du prochain exécutif régional, avec à la clé, près de 2.000 emplois évalués sur l'ensemble du chantier.

Un tunnel à relier... des deux côtés de la montagne

Mais une fois que cette lourde étape sera complétée, le Lyon-Turin ne sera pas pour autant terminé. Car il restera encore à relier ce tunnel au réseau ferroviaire de chaque pays.

Côté français, le choix des voies d'accès n'est d'ailleurs toujours pas arrêté, avec l'enjeu de pouvoir ensuite relier le nœud ferroviaire lyonnais avec le tunnel transfrontalier qui débouchera à Saint-Jean-de-Maurienne.

Sur ce point, trois scénarios se profilent, et une décision pourrait être prise par le comité de pilotage présidé par le préfet de région, Pascal Mailhos, à l'automne. Des études seront ensuite menées pour valider définitivement le scénario privilégié.

Le coût estimé des différents scénarios des voies d'accès varie entre 5 et 6,7 milliards d'euros. Et c'est là que le résultat des élections régionales pourrait avoir des conséquences sur la réalisation du Lyon-Turin.

La part financée par la région Auvergne-Rhône-Alpes s'élève entre 15% et 20% de ce montant, soit 700 millions d'euros.

Le reste du financement pourrait être réparti entre l'Union européenne (2,5 milliards d'euros), les autres collectivités locales (300 millions d'euros), tandis que l'État apporterait le reste (1,5 à 3,2 milliards d'euros).

« Le mandat du prochain exécutif régional sera décisif quant à la programmation des voies d'accès entre Lyon et l'entrée du tunnel de base, souligne Stéphane Guggino, le délégué général de La Transalpine, l'association des acteurs économiques et des collectivités locales favorables à la liaison ferroviaire entre Lyon et Turin.

Et d'ajouter : « L'exécutif régional aura un impact décisif pour confirmer l'engagement, financer les voies d'accès et consolider le plan de financement. »

Des candidats aux régionales divisés

Les différents candidats à la présidence de l'exécutif régional ne partagent cependant pas tous le même point de vue sur la nécessité de cette liaison, entre la capitale régionale d'Auvergne-Rhône-Alpes et celle du Piémont.

Le président sortant (LR) de l'exécutif régional, Laurent Wauquiez, qui vient de confirmer sa candidature à un second mandat, a constamment soutenu le projet de liaison ferroviaire. Aucun doute ne semble donc permis à ce sujet.

La candidate PS, Najat Vallaud-Belkacem, a récemment affirmé son soutien en indiquant qu'elle va « s'impliquer personnellement dans le dossier du Lyon-Turin ». La candidate socialiste met en avant le financement européen, représentant entre 40 et 55 % du coût total du chantier.

Le candidat LREM, Bruno Bonnell, est aussi un convaincu du Lyon-Turin, dans le sillage du gouvernement. En déplacement sur le chantier à l'été dernier, le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, réaffirmait quant à lui l'engagement de l'État français dans la réalisation de cette liaison ferroviaire.

Les autres candidats sont en revanche ouvertement opposés au Lyon-Turin.

La candidate d'EELV, Fabienne Grébert, réclame l'utilisation accrue de la ligne ferroviaire qui existe entre la France et l'Italie, pour déplacer le fret de marchandises de la route vers le rail, plutôt que financer un projet coûteux.

Et ce, alors même que début mai, un rapport technique de la commission Transports-Territoires d'EELV s'affirmait "favorable", sous certaines conditions, à la réalisation de la liaison ferroviaire. Une option rapidement écartée à son tour par Sandra Regol, secrétaire nationale adjointe d'EELV, affirmant : "La position d'EELV est connue, claire, étayée et unanime : Non au Lyon-Turin!".

Sur ce dossier, le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, est également d'accord sur la nécessité de ne pas réaliser ce projet. Estimant que la valorisation de la ligne existante entre Lyon et Turin serait suffisante, il rappelait peu après son élection en juillet dernier "qu'il ne faut pas insister sur un projet erroné. C'est le pire choix".

Du son côté, le candidat du Rassemblement National, Andrea Kotarac, a conservé la position qui était la sienne lorsqu'il siégeait au conseil régional sous l'égide de la France Insoumise (LFI) jusqu'à l'an passé : à savoir, qu'il ne veut tout simplement pas du Lyon-Turin. Une position qui était aussi celle du Rassemblement National.

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Commentaires 6
à écrit le 20/05/2021 à 15:36
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Pour aller de Lisbonne à Kiev, combien de personnes? Et on ne passe pas par la Maurienne. On passe à la rigueur par les nouveaux tunnels suisses, percés et en service, terminés dans les temps et les bugets et parfaitement adaptés à relier l'Italie à ...

à écrit le 20/05/2021 à 14:37
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Non mais comment pouvez vous oser aller à rebours de la documentation fournie qu'il y a sur ce dossier ? A rebours de la justice même ! Hé ho !? Vous êtes en lien avec la mafia calabraise ou quoi svp ? Moi ça ne me dérange pas du tout hein mais expli...

à écrit le 20/05/2021 à 13:44
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26 milliards d'euros ! Le tunnel sous la manche c'était 20 milliards. Ensuite vu que je n'ai pas le droit d'écrire la vérité sur ce scandaleux dossier, l'information est particulièrement abondante à ce sujet sur internet. Nous sommes bien en UERSS em...

à écrit le 20/05/2021 à 12:42
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Votre journaliste est jeune... c'est pas 15 ans, mais au moins le double. J'ai travaillé sur les forages d'exploration en surface pour le tunnel (projet Alpetunnel) dans la vallée de Maurienne c'était en 1994. Déjà à l'époque il y a avait débat sur ...

à écrit le 20/05/2021 à 11:24
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Ce tunnel aurait dû être fait depuis longtemps. Le coup d'accélérateur aurait pu être donné après la catastrophe du tunnel du Mont Blanc. Aurait dû...aurait pu...en attendant, la pollution et l'engorgement de la vallée de Chamonix continuent.

à écrit le 20/05/2021 à 11:23
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Ce tunnel aurait dû être fait depuis longtemps. Le coup d'accélérateur aurait pu être donné après la catastrophe du tunnel du Mont Blanc. Aurait dû...aurait pu...en attendant, la pollution et l'engorgement de la vallée de Chamonix continue.

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