Saint-Etienne se met elle aussi à l'heure de la ZFE, mais écarte les particuliers

La métropole stéphanoise, conduite par le président LR Gaël Perdriau, entame elle aussi les ultimes concertations avec les professionnels des transports. Moins sévère que sa voisine lyonnaise, cette troisième Zone à faibles émissions (ZFE) en Auvergne-Rhône-Alpes ne concernera que les véhicules professionnels, et non les particuliers. Le calendrier s'échelonnera de 2022 à 2027.
La première étape de la ZFE stéphanoise, conduite par le président LR Gaël Perdriau, sera opérationnelle à compter du 1er janvier 2022, et ne concernera dans un premier temps que les véhicules professionnels d'avant 2001.
La première étape de la ZFE stéphanoise, conduite par le président LR Gaël Perdriau, sera opérationnelle à compter du 1er janvier 2022, et ne concernera dans un premier temps que les véhicules professionnels d'avant 2001. (Crédits : DR)

Après la métropole lyonnaise, dont la nouvelle gouvernance EELV a décidé d'accélérer le calendrier de sa ZFE (Zone à faibles émissions) en faisant sortir les véhicules diesel des particuliers plus rapidement que ce qui était initialement envisagé, et après Grenoble (métropole également EELV, dotée d'une ZFE depuis 2017), une troisième ville de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Saint-Etienne, va elle aussi entrer prochainement dans le cercle des métropoles avec ZFE. A sa tête, point d'écologiste toutefois, mais un président LR, Gaël Perdriau.

"Nous avons été très volontaires sur ce sujet. Heureusement, le sujet n'est pas réservé aux écologistes. Nous nous intéressions à ces questions bien avant qu'elles soient à la mode... ", assure Sylvie Fayolle, vice-présidente de la métropole stéphanoise en charge du développement durable, de l'environnement durable et de l'énergie.

Et d'ajouter : "Nous sommes persuadés depuis très longtemps que la qualité de l'air que nous respirons doit être améliorée". L'élue note au passage que Saint-Etienne ne figure pas, - plus-, dans la liste des villes dans le viseur du Conseil d'Etat.

En juillet dernier, le Conseil d'Etat avait assigné le gouvernement français à prendre lui-même des mesures urgentes pour réduire la pollution de l'air sur 8 territoires (dont la Vallée de l'Arve, Lyon et Grenoble). Des mesures qui devaient être mises en œuvre avant mi-janvier 2021, sous peine d'une astreinte de 10 millions d'euros par semestre de retard.

L'institution du Palais Royal doit trancher d'ici cet été sur le paiement de cette astreinte. L'enjeu : réduire les 40.000 décès annuels attribués à la pollution atmosphérique en France.

Une première étape de ZFE opérationnelle au 1er janvier 2022

Même si elle ne figure plus dans les zones prioritaires sur ce sujet, Saint-Etienne entend néanmoins continuer d'avancer sur le chemin de l'amélioration de la qualité de l'air. Un périmètre de 34km² a été défini, dans un triangle autoroutier particulièrement fréquenté entre l'A72, la RN88 et la RD201.

Cet espace, où vivent 140.000 habitants de la métropole, concerne les communes de Saint-Etienne, la Ricamarie, Roche-La-Molière, Saint-Genest-Lerpt, Villars, Saint-Priest-en-Jarez et Saint-Jean-Bonnefonds. "Le choix de cette zone s'appuie sur des études précises. Il s'agit du même secteur que celui sur lequel intervient la Préfecture lorsque les seuils d'alerte sont dépassés et que des restrictions de circulation sont mises en place", indique la métropole.

Au 1er janvier 2022, cette zone sera interdite à la circulation pour les poids-lourds non classés (transports de marchandises), c'est-à-dire mis en circulation avant le 1er octobre 2001 et les utilitaires légers non classés (immatriculés avant le 1er octobre 1997).

Deuxième étape annoncée d'ici au 1er janvier 2025 : l'interdiction de circuler sera étendue aux poids-lourds, fourgons et fourgonnettes avec une vignette Crit'Air 4 et 5.

Enfin, d'ici au 1er janvier 2027, les camions, fourgons et fourgonnettes avec une vignette Crit'Air 3 ne pourront plus, elles non plus, transiter par cet espace.

À ce jour, les véhicules des particuliers ne sont pas concernés. "Ce n'est pas à l'ordre du jour ", confirme Sylvie Fayolle. Et d'anticiper une comparaison avec la voisine lyonnaise dont les ambitions concernant les véhicules particuliers ont été réaffirmées récemment :

" Les véhicules particuliers ne sont pas concernés, certes. En revanche, pour les poids-lourds et les fourgonnettes, les restrictions s'appliqueront 365 jours par an, 24h/24. Sans dérogations (sauf de bon sens évidemment), contrairement à ce qui peut se pratiquer ailleurs avec des kyrielles de dérogations".

Des concertations en cours

Des ateliers devraient avoir lieu courant juin avec les professionnels concernés, ainsi que les ultimes concertations.

"Nous avons déjà mené beaucoup de discussions sur ce sujet. Nous allons encore amplifier cela et faire de la pédagogie auprès des professionnels afin que tout le monde comprenne bien qu'il s'agit d'une question de santé publique essentielle", commente l'élue de Saint-Etienne Métropole, précisant que plusieurs aides (nationales et locales) sont à disposition des entreprises pour faciliter leur transition écologique.

Avec un engagement : "Nous ne passons pas par la force, nous avons une méthode, étape par étape, basée sur la concertation", souligne Sylvie Fayolle.

Méthode validée par la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR) Loire. "Nous sommes interrogés et concertés sur ce sujet depuis plusieurs années, contrairement à Lyon où les décisions ont été prises à marche forcée. De plus, les restrictions se mettent en place progressivement. C'est essentiel de nous laisser le temps de nous organiser car les solutions alternatives ne sont pas encore vraiment opérationnelles. Par exemple, les stations GNV ne sont pas encore en nombre suffisant", explique Cesar Namysl, secrétaire général de la FNTR.

Aucun transporteur réellement impacté, pour l'heure

Le représentant des transporteurs routiers souligne d'ailleurs que la première étape, au 1er janvier 2022, ne devrait impacter aucun transporteur du département.

"Personne n'a de véhicule datant d'avant 2001. Cette étape touchera plutôt les artisans, avec des fourgonnettes anciennes".

Il s'insurge néanmoins sur le concept de la ZFE : "Elle concerne les poids-lourds et les fourgonnettes, pas les véhicules particuliers. Et pourtant, les semi-remorques ne représentent que 6% des émissions annuelles de Co2 alors qu'ils transportent 89% des marchandises (NDLR Source Citepa 2019 / calculs FNTR)..."

Et s'il y a bien un point sur lequel les professionnels du transport et les écologistes sont d'accord, c'est bien celui-ci.

"On cible les camions, mais pas les véhicules individuels alors que ceux-ci représentent 16% des émissions de gaz à effet de serre. C'est incohérent. Clairement, cette ZFE stéphanoise manque d'ambition et rate l'enjeu principal : faire baisser l'autosolisme, vraie catastrophe à Saint-Etienne", tacle Germain Collombet, président du groupe "Le Temps de l'écologie", élu à la Ville et à la Métropole de Saint-Etienne.

"A Saint-Etienne, nous avons des modes de déplacement urbains d'un autre siècle. Alors que toutes les métropoles éliminent les voitures de leur centre-ville, Gaël Perdriau a fait exactement le contraire. Il faut aller beaucoup plus loin sur les transports en commun, le plan vélo etc".

Des arguments balayés par Sylvie Fayolle, la vice-présidente de la métropole en charge du développement durable. "Nous ne sommes pas en retard, bien au contraire". Et de citer l'exemple des consignes à vélo électrique, le plan vélo ou encore les bornes de charge des vélos électriques.

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Commentaire 1
à écrit le 07/05/2021 à 14:24
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Il faudrait qu'il pleuve tout le temps, ce matin mon particulomètre était près de 0 (PM 1 PM 2,5 & PM 10). L'UE a réclamé des filtres à particules sur les moteurs essence neufs, à injection directe, leurs émissions de particules fines n'étant pas né...

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