RER à la lyonnaise : un dossier qui illustre l’avant-match des régionales ?

Et si la campagne des régionales, bien que toujours pas officiellement entamée, s’invitait par le biais d’un sujet lié aux transports ? Ce lundi, le collectif de citoyens, élus et chefs d’entreprises "REM Lyon, le RER à la Lyonnaise" a publié une lettre ouverte dans laquelle ses membres interpellent les collectivités concernées à agir vite et collectivement. Avec l'enjeu de remettre autour d’instaurer une véritable coopération entre la Région (LR) et la Métropole (EELV), deux collectivités où le dialogue semble toujours au point mort.
Alors que le président LR de la Région Auvergne Rhône-Alpes Laurent Wauquiez annonçait encore récemment qu'il ferait bientôt des annonces concernant le dossier du RER à la lyonnaise, la Métropole de Lyon regrette toujours un manque de concertation.
Alors que le président LR de la Région Auvergne Rhône-Alpes Laurent Wauquiez annonçait encore récemment qu'il ferait "bientôt" des annonces concernant le dossier du RER à la lyonnaise, la Métropole de Lyon regrette toujours un manque de concertation. (Crédits : @SNCFTERAURA)

C'est un dossier vieux d'une dizaine d'années, mais qui semblait en bonne passe de se concrétiser. Car sur le papier, ce projet de « RER à la lyonnaise », qui ambitionnait d'apporter des réponses concrètes aux enjeux de mobilité à l'échelle de l'aire métropolitaine lyonnaise, semblait (et semble toujours) partagé par tous.

Car en reliant 74 communes de l'aire urbaine lyonnaise (dont 35 situées sur le territoire de la métropole) et leurs 3 millions d'habitants au moyen d'une tarification intégrée pour les transports ferroviaires, de cadencements et plages horaires élargies (ainsi que dans un second temps, d'infrastructures permettant d'augmenter les flux journaliers comme le doublement des voies St Fons - Grenay), ce projet visait non seulement à améliorer la durée des trajets domicile-travail, mais aussi à désengorger les axes routiers.

Le tout, dans un contexte de renforcement progressif de la future ZFE (zone à faibles émissions) instaurée au sein de la métropole lyonnaise, qui devrait monter en puissance jusqu'en 2026.

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Et si aujourd'hui, ces 200 représentants de la société civile, élus et chefs d'entreprises issus du bassin lyonnais se sont lancés dans une lettre ouverte, c'est qu'ils estiment que le dossier n'avance pas assez vite, mais aussi, qu'il n'est pas suffisamment porté collectivement et politiquement.

Un consensus politique, mais...

« Lors des dernières élections métropolitaines à Lyon, un large consensus s'est dégagé en faveur de l'idée d'un RER à la lyonnaise. Nous étions confiants car cette question était un enjeu partagé par l'ensemble des candidats », affirme le collectif REM Lyon.

Soutenu officiellement par le président EELV de la métropole lyonnaise Bruno Bernard, ainsi que par le président LR de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, « le RER à la lyonnaise bénéficie ainsi d'un large consensus transpartisan, mais on ne peut que s'inquiéter de l'absence d'avancées concrètes jusqu'ici », souligne Christophe Geourjon. Cet élu UDI à la métropole de Lyon, qui se défend de toute approche « partisane » sur ce dossier, s'est fait le porte-voix du collectif REM Lyon et appelle à ce que de premiers engagements soient pris. « La métropole a voté son premier PPI sans que le projet ne soit nommément cité, ce qui nous inquiète ».

L'exemple bordelais

Le collectif REM Lyon rappelle pourtant, à travers sa lettre ouverte adressée aux quelques 180 élus concernés de près ou de loin par le tracé du futur RER, que d'autres métropoles se sont déjà engagées dans cette direction, avec succès.

« Le projet le plus avancé a démarré en 2018 à Bordeaux, où la région (PS), la ville (PS) et la présidence de la commission mobilités (EELV) ont réussi à se mettre d'accord, en s'engageant sur une gouvernance ouverte et sur des cofinancements. À horizon 2028, ce sont ainsi 190 kms et 52 gares qui auront été réhabilités avec des liaisons fréquentes, traversant la ville de Bordeaux et offrant une large amplitude horaire », ajoute Christophe Geourjon.

Non loin de Lyon, un autre projet de liaison pendulaire, celui du Léman Express, porté conjointement par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et Genève, a également pu être inauguré en décembre 2019, même si ses débuts ont été quelque peu perturbés par la crise sanitaire.

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  « Nous affirmons qu'une première phase peut être mise en place rapidement et ne nécessite pas de gros investissements : il suffirait que la Métropole et la Région s'assoient autour de la table pour signer une convention de partenariat concernant l'intégration tarifaire des transports en commun », souligne Christophe Geourjon. Il en veut d'ailleurs pour preuve le dossier lillois, où l'intégration tarifaire déjà appliquée aurait démontré un effet important :

« En 2018, cela s'est traduit par une réduction de 10% des passagers au sein des bus, et une proportion de 21,7 % des passagers TER qui utilisent désormais leur titre urbain pour voyager en train », affiche-t-il.

Avec, en bout de ligne, des réductions de temps de trajets importantes pour les usagers, ainsi qu'une baisse de la facture globale. « Bien entendu, cela nécessiterait des compensations financières de la part de la Métropole envers la Région pour le report de trajets, ainsi qu'un nouveau schéma de la desserte de certaines lignes de bus, qui seraient moins utilisées et dont les ressources pourraient être allouées ailleurs », ajoute le représentant du collectif REM Lyon.

Un manque de collaboration visible

Et l'on touche là ce qui est identifié comme, semble-t-il, l'un des nœuds du problème sur la scène lyonnaise, puisque ce qui inquiète ces décideurs politiques et économique, c'est précisément le manque de collaboration entre les élus concernés, à la Métropole et à la Région.

« Pour que ce projet de RER passe réellement en mode opérationnel, un partenariat entre la Région, la Métropole et les agglomérations est indispensable. C'est une condition pour obtenir des engagements de l'État et de la SNCF », rappelle Christophe Geourjon.

« Un projet de ce qui nécessiterait reste que le vice-président de la Métropole aux déplacements rencontre régulièrement la vice-présidente au transport de la Région (Martine Guibert ndlr) pour évoquer ensemble les points de blocage ainsi que les leviers qui peuvent être mises en place », ajoute-t-il.

Or, il faut dire que le torchon brule depuis les dernières élections municipales et métropolitaines entre les représentants de la nouvelle majorité écologiste, parmi lesquels on compte le maire de Lyon, Grégory Doucet, qui regrettait déjà le manque d'échanges avec Laurent Wauquiez en septembre dernier. Mais aussi le président du Grand Lyon Bruno Bernard, qui avait appelé de ses vœux, à plusieurs reprises, l'instauration d'un dialogue avec le président LR de la Région AuRA, conduisant parfois à des « doublons », comme c'était le cas lors des aides d'urgences apportées, il y a quelques semaines par les deux collectivités, aux commerces, aux jeunes ou encore au milieu culturel en lien avec le Covid-19.

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De son côté, Laurent Wauquiez écorchait régulièrement ses rivaux écologistes lors de ses récentes conférences de presse, évoquant le spectre de l'extrême gauche, tout en commentant les choix politiques de ses adversaires politiques sur différents terrains : opposition au Lyon-Turin, retrait temporaire de la viande dans les cantines scolaires, augmentation de la dette au sein du plan pluriannuel d'investissement voté par la métropole de Lyon...

Le tout, à quelques mois désormais des élections régionales, où le président LR est pour l'heure donné comme favori à sa succession parmi les récents sondages.

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Un dialogue encore sourd

Alors que le collectif REM Lyon appelle chaque élu à prendre des engagements pour enclencher un processus qui est appelé « à se dérouler sur 10 à 15 ans », en dépassant les clivages politiques pour collaborer sur un projet qui se veut fédérateur à l'échelle de l'ère urbaine, la Métropole, que nous avons contactée, réaffirme qu'elle  « soutient fortement projet de réseau express métropolitain, soit l'objectif à terme d'une desserte au quart d'heure sur l'ensemble des maillons du réseau ».

Et précise que des études ont été provisionnées au sein de son plan pluriannuel d'investissements (2,2 millions d'euros), rappelant toutefois que « la Métropole n'est pas directement en compétence sur le réseau ferroviaire et attend de connaître la nature des travaux qui pourraient faire l'objet de cofinancements. Le Sytral pourrait également intervenir, en fonction des discussions avec SNCF Réseau et ses principaux commanditaires, soit la Région et l'État ».

Quant à la Région, le cabinet de Laurent Wauquiez n'a pas souhaité donné suite pour l'heure à nos demandes, le président LR ayant annoncé qu'il ferait « bientôt » des annonces concernant ce projet lyonnais au détour d'une conférence de presse il y a quelques jours.

Ces annonces ne devraient cependant pas être placées sous le sceau du partenariat avec Bruno Bernard : le Grand Lyon confirme en effet que si les deux présidents s'étaient entendus, à l'été dernier, sur le principe d'une intégration tarifaire TER-TCL à l'échelle des 35 gares du territoire métropolitain, « depuis, les préparatifs concrets ont avancé très lentement, il reste de nombreux sujets à régler ».

La Métropole de Lyon regrette également que la Région « n'ait pas donné suite à l'offre de réflexion et de collaboration d'ensemble de son vice-président métropolitain aux déplacements, Jean-Charles Kohlhaas », qui avait lui aussi rencontré son homologue à la Région, Martine Guibert, le 30 septembre dernier. Et de conclure : « la Métropole et le Sytral attendent toujours une réponse de la Région. »

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