À Lyon et Villeurbanne, la marche à pied est le premier mode de déplacement quotidien. C'est ce qui ressort d'une enquête menée par le Sytral, en partenariat avec la métropole de Lyon, auprès des habitants de 569 communes situées sur trois départements : le Rhône, l'Isère et l'Ain.

Ainsi, sur le secteur Lyon-Villeurbanne, 45% des déplacements se font à pied. À titre de comparaison, "sur l'ensemble de la Métropole, la part modale de la marche à pied est de 35 % et si on prend en compte l'ensemble du territoire étudié, elle tombe à 27 %", précise Philippe Bossuet, directeur prospectives et études amont, qui a dirigé cette enquête.

La composition des ménages diminue

Alors comment expliquer cet écart de 10 points entre les habitants de Lyon et Villeurbanne et ceux de l'ensemble de la Métropole ? Pour Philippe Bossuet, "les équipements ne sont pas les mêmes."

Mais surtout, pour le comprendre, il faut s'intéresser au profil des habitants. La composition moyenne des ménages a largement diminué sur le périmètre de Lyon-Villeurbanne, passant de 2,05 en moyenne en 2006 à 1,93 aujourd'hui. De plus, près d'un ménage sur deux est constitué d'une seule personne.

"Il est moins rare de voir une famille composée de quatre personnes avec une ou plusieurs voitures, plutôt qu'une personne seule."

Or, les individus ne disposant pas de voiture se reportent, de fait, sur les autres modes de transports, plus doux. En l'occurrence, la marche à pied.

Politiques municipales volontaristes

À Villeurbanne, plus précisément, les déplacements sont de 2,1 km en moyenne. "Il est donc facile d'utiliser des modes de transports doux", souligne Didier Vullierme, adjoint au maire de Villeurbanne, chargé de la Sécurité, de la Prévention, de la Voirie et des Déplacements urbains.

Si le facteur démographique peut expliquer en partie ce plébiscite pour le marche à pied, les politiques menées dans les villes de Lyon et Villeurbanne ont également contribué à cet essor.

À Villeurbanne, plusieurs actions sont menées pour "mieux partager l'espace public" entre voiture, piétons et cyclistes. "Nous avons notamment un projet : la requalification du cours Émile-Zola", indique Didier Vullierme. Cette "autoroute urbaine" de 2 fois 2 voies devrait, d'ici à 2018, passer à deux voies, avec une bande cyclable de chaque côté et un espace végétalisé pour les piétons. "Une partie a déjà été livrée, et nous observons que les gens reviennent", estime l'élu.

Polarités urbaines

Autre raison qui peut être avancée pour expliquer le développement de la marche à pied : la forme urbaine de Lyon et Villeurbanne. Celle-ci est différente de celle de Saint-Priest, moins propice pour des trajets à pied.

"À Lyon et Villeurbanne, nous tentons de développer cette idée de la ville courte distance, en créant des polarités urbaines. Pour exemple, sur l'agglomération, nous tentons de conforter une vingtaine de ces polarités", explique Philippe Bossuet, l'auteur de l'étude.

Autrement dit, en créant des villes dans la ville, des quartiers où l'ensemble des commerces de proximité peut être accessible.

Moins de voitures

Autre conclusion de cette enquête : quelle que soit l'aire géographique, l'utilisation de la voiture a diminué. Mais l'écart entre 2015 et 2006 est plus important à Lyon et Villeurbanne - où la part modale est passée de 35 % à 26 % - que dans la couronne métropolitaine, où elle est passée de 60 % à 57 %.

Plus étonnant, si la marche à pied est fortement plébiscitée, le vélo reste loin derrière, avec 3 % de la part modale. Les transports en commun, quant à eux, sont passés de 15 % en 2006 à 19 % en 2015, sur l'ensemble de la métropole.