L'avenir est à la mobilité par la multimodalité

Depuis 2006, la mobilité urbaine s'est stabilisée après des années de hausse constante. Les modifications comportementales ou de mode de vie, expliquent en partie cette diminution. La baisse de la mobilité en voiture est aussi constatée, conséquence de nouveaux modes d'utilisation de l'automobile.

Et si les moyens de transport actuels portaient déjà en germe ceux de la ville de demain ? Plus que de transports d'ailleurs, il est question de mobilité, « préoccupation centrale dans toutes les tâches de notre vie quotidienne, juge Bruno Faivre d'Arcier, professeur d'urbanisme et d'économie des transports à l'université Lyon 2. Qu'il s'agisse de rallier les bassins d'emplois, les zones de commerces ou les pôles de loisirs, nous cherchons à optimiser nos déplacements, selon un double critère de temps et de coût ».

Stabilisation de la mobilité

La mobilité urbaine intéresse l'ensemble des déplacements effectués de manière quotidienne par les individus en milieu urbain. Elle résulte des activités pratiquées par les individus, en fonction de la localisation de leurs activités (habitat, travail, commerces, loisirs...). Entre les années 1980 et 2000, la mobilité individuelle, c'est-à-dire le nombre de déplacements réalisés par une personne un jour moyen de semaine, a constamment progressé pour se situer entre 3,5 et quatre déplacements par jour.

Depuis 2006, on constate une stabilisation de la mobilité, voire une diminution dans les grandes agglomérations. La démographie et en particulier le vieillissement de la population, qui avec l'âge devient moins mobile, mais aussi les modifications comportementales ou de mode de vie, expliquent en partie cette diminution qui devrait se confirmer dans les années à venir.

Des déplacements plus longs

Quelles stratégies adopterons-nous alors demain pour nous rendre en ville, dans un contexte de congestion urbaine croissante ? Nos modes de déplacements dépendent à la fois des infrastructures et des solutions techniques existantes. Selon les données collectées par les enquêtes sur les déplacements menées dans les grandes agglomérations françaises (lire l'interview de Séverine Asselot-Hurez), la longueur moyenne des parcours réalisés par les habitants d'une agglomération a augmenté de l'ordre de 10 % en l'espace de vingt ans, pour atteindre environ cinq kilomètres aujourd'hui.

Cet allongement des distances devrait encore se renforcer dans les années futures. « En effet, on observe un phénomène de périurbanisation croissante. Face au coût de l'immobilier dans les centres-villes, les individus, pour accéder à la propriété, n'ont d'autres choix que de s'éloigner toujours plus. L'urbanisation s'effectue aujourd'hui selon un phénomène en taches d'huile », détaille Bruno Faivre d'Arcier.

Si les distances parcourues chaque jour s'allongent, paradoxalement les temps de transport ne varient pas ou peu. Les personnes consacrent une heure par jour en moyenne à leurs déplacements. Trois facteurs expliquent cette tendance : d'une part, le déploiement de nouvelles infrastructures ; d'autre part, l'adoption de stratégies de déplacement plus efficientes ; enfin, le développement d'alternatives à la voiture "autosoliste".

Baisse de la mobilité en voiture

Jusqu'en 2005, la mobilité en voiture n'a cessé d'augmenter dans quasiment toutes les agglomérations. Conséquences d'une généralisation du permis de conduire, d'une augmentation de l'équipement automobile et d'une poursuite de la périurbanisation. Cependant depuis 2006, une baisse de la mobilité automobile est constatée. La dernière enquête Déplacements menée à Grenoble note, pour la première fois depuis 40 ans, une baisse importante de la mobilité en voiture  à la fois dans la grande région grenobloise et sur le périmètre de l'agglomération.

A l'échelle nationale, une personne réalise entre 1,5 et deux déplacements par jour en voiture. La part de marché de la voiture (« sur 100 déplacements, combien sont effectués en voiture ? ») se situe aujourd'hui entre 50 et 70 %. Certes l'automobile individuelle reste - et devrait demeurer - le mode de transport dominant dans les grandes agglomérations. Mais elle perd du terrain, notamment en ville. Les jeunes générations s'équipent moins et ne considèrent plus la voiture comme un marqueur social. De plus, deux nouveaux modes d'utilisation de la voiture sont en plein essor : l'autopartage et le covoiturage. À l'avenir, ce n'est plus seul au volant de son véhicule personnel que l'on viendra travailler ou que l'on ira se détendre, mais bien aussi à bord de voitures partagées.

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