L’Isère : la destination "grand air" qui veut s’imposer comme un lieu de ressourcement

Série d'été [La revanche des territoires en AURA #4]. Terre de sports de glisse et de stations de ski, l’Isère a cependant beaucoup plus à offrir que sa saison hivernale. Et le Covid aura mis en lumière les atouts de ce territoire, qui mise plus largement sur sa palette d’activité outdoor, ainsi que sur ses hébergements à la montagne, pour attirer et renforcer la présence des touristes français cet été. Sans compter la réouverture du Petit Train de la Mure, un chantier titanesque de plus de 31 millions d’euros, souvent cité comme « la plus belle ligne des Alpes » et qui vise à accueillir à nouveau 100.000 visiteurs par année à terme.
En dehors de ses emblématiques stations de ski figurent désormais des destinations dites de campagne qui pourraient bien profiter d'un regain d'intérêt auprès de la clientèle française.
En dehors de ses emblématiques stations de ski figurent désormais des destinations dites "de campagne" qui pourraient bien profiter d'un regain d'intérêt auprès de la clientèle française. (Crédits : DR/PJayet/Isère Attractivité)

Bien que l'Isère soit une terre de montagne et de ski, avec ses 22 stations nichées au cœur des Alpes, le département peut compter, depuis plusieurs années, sur la force de son activité estivale, qui représentait déjà 40% de son chiffre d'affaires annuel lié au tourisme, qui s'élève lui-même à 2 milliards d'euros (hors Covid-19).

Mais en dehors de ses emblématiques stations de ski (comme Chamrousse, l'Alpe d'Huez, ou encore les Deux Alpes, etc) figurent aussi désormais des destinations dites "de campagne" qui pourraient bien profiter d'un regain d'intérêt observé, cette année, au sein de la clientèle française.

"Le tourisme urbain n'est habituellement pas négligeable sur les villes de Grenoble et de Vienne, tandis que des itinéraires comme ViaRhôna se développent de plus en plus ", affirme Vincent Delaitre, directeur d'Isère Attractivité, le bras armé départemental en matière de développement et de promotion touristique.

Si le Covid est passé par là et a renforcé l'intérêt des visiteurs pour les destinations de plein air, Vincent Delaitre observe qu'au cours des quatre dernières années, les nuitées ont augmenté régulièrement de +4 % en été avec un pic pour les nuitées françaises de +13 % en 2020.

Et cela, en premier lieu grâce à une clientèle française qui représente 70% des nuitées enregistrées, dont 40 % sont réalisées par une clientèle de proximité, située à moins de deux heures de route.

C'est par exemple le cas des habitants de Lyon, de Clermont-Ferrand, de Saint-Étienne ou encore de Valence, tandis que le reste de la clientèle française provient du nord de la France et de la Région Sud.

Fait notable : la clientèle étrangère, dont l'absence a fortement pénalisé certains territoires, représente environ un tiers des nuitées globales du département. Avec, des touristes Britanniques principalement en hiver, et plutôt Belges ou Néerlandais en été, fervents adeptes de randonnée.

Le retour en force des hébergements à la montagne

« Cela montre que l'engouement était déjà là avant cette crise sanitaire en faveur de la montagne, et il n'a fait que s'accélérer depuis », considère-t-il. Même si le littoral demeure la première destination estivale, la campagne et la montagne gagneraient toutes deux des parts de marché d'années en années.

En Isère, les visiteurs se tourneraient ainsi à 60% vers des destinations de montagne, tandis que 40% choisissent de séjourner plutôt à la campagne.

Du côté des hébergements également, la diversité semble payer : "L'Isère peut offrir une très grande diversité d'hébergements grâce à la typologie de son territoire, avec à la fois des hôtels particuliers à Vienne, des gîtes et chambres d'hôtes de charme en Nord Isère, des hébergements allant des centres de vacances aux grands resorts en montagne, sans parler des gîtes au sens large, sur lesquels on constate une explosion des réservations depuis la période Covid ", énumère Vincent Delaitre.

Face à la volonté des Français de se retrouver en famille et entre amis, dans un contexte sanitaire demeurant incertain, « les gîtes à la campagne et à la montagne ont en effet fait carton plein l'an dernier », rappelle-t-il, constant en même temps le retour en force de réseaux qui pouvaient être considérés auparavant comme « vieillissants », et qui gagnent désormais des parts de marchés face aux plateformes leaders, comme Airbnb.

De son côté, Isère Attractivité a même souhaité renforcer cette tendance en développant sa propre plateforme dédiée aux courts séjours à l'échelle du département, Evasion Isère, qui lui permet de valoriser les hébergeurs locaux.

"Il ne s'agit pas d'une plateforme de réservation à proprement parler, mais plutôt d'un outil de mise en relation qui permet également à nos hébergeurs de réduire leur dépendance aux grandes plateformes étrangères", explique le directeur d'Isère Attractivité.

L'Isère, nouvelle destination "bien-être"

Reste que l'an dernier, le territoire isérois avant tout de même perdu près de 120 millions d'euros sur sa saison d'été en raison de la crise sanitaire (contre 1,4 milliards d'euros à l'échelle de l'année, soit les 3/4 de son chiffre d'affaires annuel).

Des chiffres qui n'étonnent "pas vraiment" Vincent Delaitre, compte-tenu de la place prépondérance du tourisme hivernal, où le panier moyen des visiteurs est également plus élevé habituellement. "Ces pertes ne sont malheureusement pas étonnantes lorsqu'on sait qu'un territoire comme le nôtre a perdu près de 25 % de sa clientèle (soit le poids représenté par sa clientèle étrangère, ndlr) tout en connaissant une mise à l'arrêt complète des remontées mécaniques sur une saison entière", admet Vincent Delaitre.

Alors pour cette année, même si les pertes ne se rattraperont pas, Isère Attractivité affiche des objectifs ambitieux pour la reprise du tourisme :

"Nous avons lancé une belle campagne de communication de près de 600.000 euros de budget qui a démarré juste après le printemps sur l'ensemble de nos bassins émetteurs. Avec la volonté de faire valoir une dimension de santé et de bien-être que nous pouvons mettre en avant sur nos territoires de montagne", estime son directeur.

Car désormais, les antennes touristiques d'Auvergne Rhône-Alpes, mais aussi l'Isère, se sont rapprochées du monde académique afin de lancer des études concernant l'impact des séjours et des activités en montagne, sur la santé des résidents.

"Nous avons par exemple lancé depuis janvier dernier une étude associé avec des chercheurs de l'Inserm à Grenoble qui s'intéresse à la santé en moyenne altitude, afin d'observer les facteurs qui font que les grandes pathologies que l'on connaît comme les cancers ou l'obésité sont réduits de 10 à 30% par rapport à la plaine. Ces travaux, qui devraient on est sur trois années devrait nous permettre de voir si un séjour d'une quinzaine de jours à la montagne peut apporter de réelles bénéfices en matière de santé", rapporte Vincent Delaitre.

Avec une volonté déjà affichée : positionner l'Isère comme un lieu de ressourcement, en amplifiant et structurant son offre autour des axes du bien-être, de la santé et des activités de plein air, en capitalisant par exemple sur la présence de ses thermes d'Uriage et d'Allevard.

"Toutes les enquêtes démontrent que la santé demeure la première préoccupation des Français." Pour cela, Isere Attractivité pourra compter en premier lieu sur son patrimoine naturel et ses grands espaces, où le contact avec la nature se pose comme un antidote à la promiscuité observée au sein des grandes villes...

Même si l'on a bien vu que depuis l'été dernier, l'affluence record observée autour de certains lacs et itinéraires connus a forcé les autorités locales à s'adapter. "Il est certain que nous avons un enjeu de faire connaître plus largement la diversité de notre territoire, afin que les visiteurs ne se concentrent pas en un seul lieu", admet-t-il.

Dix ans après, "la plus belle ligne des Alpes" reprend du service

Une volonté de conquête qui passera également par un autre atout, touristique cette fois : celui de la réhabilitation du Petit train de la Mure, qui vient tout juste de reprendre sa liaison d'une quarantaine de minutes en plein cœur du Trièves cet été. Soit onze ans après l'éboulement qui a causé sa fermeture en 2010.

Ce train minier avait constitué à l'époque la première ligne électrifiée du monde, et sera à nouveau équipé de deux wagons de 200 places chacun, eux aussi électriques, avec une ouverture prévue désormais chaque année entre avril et octobre.

Ce parcours emblématique, construit à flanc de montagne et fortement touristique et souvent cité comme "la plus belle ligne des Alpes", dont les wagons viennent d'être remis en service au 1er juillet dernier, après une coûteuse et longue réhabilitation de ses 15 kms de voie ferrée.

Un projet qui aura nécessité une enveloppe de près de 34,7 millions d'euros afin de faire revivre environ la moitié de l'itinéraire initial, et dont le principal financeur demeure le Département de l'Isère, qui espère ainsi attirer à nouveau jusqu'à 100.000 touristes par année, d'ici 2026. Avant sa fermeture, ce train transportait jusqu'à 70.000 personnes chaque année.

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