
Cool & Bed en 2012, SLO living hostel en 2014, le Flâneur l'année suivante ou encore HO 36 en septembre 2016. Depuis quatre ans, l'offre d'hébergement en auberges de jeunesse - ou hostel - a été multipliée par cinq à Lyon. Environ 300 lits ont ainsi été créés. Pourtant, pendant près d'une dizaine d'années, personne n'était venu concurrencer l'auberge de jeunesse du Vieux-Lyon, pionnière dans le domaine.
Le développement de ce type d'hébergement, qui propose à la fois des lits en dortoir et des chambres séparées, est lié à des tendances à la fois nationales et locales. En France, contrairement à l'Espagne avec Barcelone, ou l'Allemagne avec Berlin, les auberges de jeunesse "sont un produit manquant", estime Franck Delafon, gérant d'Ho36 dans le 7e arrondissement. Le cas de Lyon n'était donc pas une exception : comme dans les autres villes françaises, l'offre était presque inexistante.
D'auberges de jeunesse à hostel
Or les habitudes de voyage changent. "Les gens partagent désormais leur bureau, leur voiture. Il y a 20 ans, on ne misait que sur les bureaux fermés, aujourd'hui ce sont des open-space. Les hostel correspondent aux nouvelles pratiques", estime également Franck Delafon. Des habitudes qui ne touchent plus seulement les voyageurs en sac à dos de 20 ans, jusqu'alors clientèle typique des auberges de jeunesse. Ho36 accueille ainsi tant des familles que des personnes en déplacement professionnel.
D'ailleurs, "on utilise de moins en moins le terme auberge de jeunesse, mais plus celui d'hostel car ces offres concernent un public plus disparate. Les voyageurs cherchent principalement un lit", explique François Gaillard, directeur général d'OnlyLyon. Face à cette nouvelle demande croissante, il fallait donc adapter l'offre. Cool & bed ouvre le bal en 2012.
Complets
Parallèlement, la métropole de Lyon souhaite développer autour de 700 lits en auberge de jeunesse d'ici cinq ans. Une politique volontariste qui passe par le schéma de développement de l'hébergement touristique. "Les besoins ont changé, nous devons y répondre, et cela passe notamment pas les auberges de jeunesse", indique-t-on à la métropole.
Preuve que la demande est forte : si l'on veut réserver pour deux personnes pour le week-end à venir, la plupart des établissements affichent presque complet.
"Le manque s'est tout de suite ressenti", explique également Patrick Zralko, co-fondateur du Flâneur avec deux amis d'enfance. "En moins d'un an, nous sommes passés de trois personnes à douze employés dont dix temps plein." Même constat pour Julien Routil, créateur du SLO living hostel et plus récemment de l'Away hostel. "La clientèle a été au rendez-vous dès que nous avons lancé le SLO en 2014, dans un contexte de manque d'offre, nous avons lancé le bon produit au bon moment."
Après un an d'exercice SLO living hostel réalisait un chiffre d'affaires de 400 000 euros. Du côté du Flâneur, Patrick Zralko évoque également un montant similaire pour sa première année d'exercice.
Offre adaptée
Julien Routil a fait le pari d'une offre plus haut de gamme. "En haute saison, nos dortoirs sont en moyenne à 26 euros, et 22 en basse saison." Le pari est gagnant. Une levée de fonds a été réalisée notamment auprès de Bpifrance pour créer un concept similaire dans d'autres villes. Un projet est d'ailleurs en cours à Paris et devrait voir le jour en 2019.
Lire aussi : Pourquoi Bpifrance et les fondateurs du Slo living hostel font chambre commune
Pour conquérir ces nouveaux publics, les auberges de jeunesse ont donc adapté leurs concepts. Elles sont désormais plus ouvertes sur la ville à l'image de l'Away hostel où un coffe shop est ouvert aux lyonnais qui souhaitent venir prendre un expresso avant une journée de travail. Le Ho36 dispose d'un restaurant. Ces hostels nouvelle génération donnent la part belle aux espaces en commun, ¼ du bâtiment chez le Flâneur. Ils misent également sur les chambres individuelles ou sur un design plus contemporain.
L'attraction de ces nouveaux publics pourrait également passer par l'installation d'une chaine d'auberges de jeunesse. A Lyon, des discussions sont actuellement en cours, sans que rien n'ai été fixé. Mais si le projet était amené à voir le jour, "ces marques internationales bénéficient d'un effet réseau. Des voyageurs pourraient donc être amenés à visiter la ville de Lyon par ce biais", détaille Fraçois Gaillard. Comme le résume Julien Routil : "En créant l'offre, nous créons aussi une nouvelle demande pour cette destination."
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