Musée gallo-romain de Lyon, vers l'antique et au-delà

Le musée gallo-romain de Lyon célèbre son 40e anniversaire. Il aura fallu attendre 1975 pour voir ériger cet établissement muséal sur les pentes de la colline de Fourvière, jadis au centre de Lugdunum. Un musée discret et pourtant qui possède aujourd'hui, au fil des recherches et des découvertes archéologiques, l'une des plus importantes et des plus riches collections d'objets antiques en France. Et qui entend la faire vivre au plus proche de ses visiteurs depuis qu'il est passé l'an dernier sous la tutelle de la métropole de Lyon.
Le musée gallo-romain fête ses 40 ans.

Plus de 2 000 ans d'un côté, à peine 40 ans de l'autre. Ces chiffres extrêmes concernent pourtant la même ville : Lyon. D'un côté, il s'agit de la date de la création antique autant que romaine de la cité, un jour de l'an 43 av. J.-C., dans le mouvement des troubles survenus après l'assassinat de Jules César. Création par l'un de ses anciens « adjoints », Munatius Plancus, gouverneur de ce que les historiens vont qualifier de Gaule chevelue, sous le nom initial de « Colonia Copia Felix Munatia Lugudunum », dont on ne conservera que la dernière partie. Une création officielle sinon véritable, car de plus en plus de recherches, et donc de découvertes archéologiques, montrent que l'homme du cru, du peuple gaulois, se fixa à Fourvière bien avant cette date.

De l'autre côté, un modeste demi-siècle, presque terminé, et qui débute en 1975, avec la volonté, pour le moins tardive de consacrer enfin un musée destiné à rappeler cette naissance antique de l'une des plus anciennes cités de l'Hexagone. D'en rappeler les grands moments historiques, mais aussi la vie urbaine et quotidienne, ne serait-ce qu'à partir de la multitude d'objets « récupérés » au fil des chantiers et des siècles.

Avec une question phare : comment édifier là, sur les pentes de la colline, marquées par d'anciennes présences tant architecturales que religieuses, un musée d'importance, sans modifier et dénaturer le riche site archéologique l'occupant ?

À commencer par les deux théâtres antiques découverts à l'aube du XXe siècle, dans les vignes, sortis de terre dans les années 1930 selon la volonté du maire Édouard Herriot et classés au titre des monuments historiques.

Une structure qui dénote

Son successeur Louis Pradel, féru de béton comme Lyon en porte encore le sceau imposant, opte pour un musée de la civilisation gallo-romaine conçu et réalisé par l'architecte Bernard Zehrfuss. Lequel imagine et propose une construction s'intégrant pleinement dans le site archéologique, incrustée dans la colline, toute proche des théâtres sur lesquels le visiteur peut plonger le regard, par le biais de canons à lumière.

Une structure en béton armé, travaillée et pensée en fonction des collections et du site, épousant ses courbes, ses lignes fortes, ses puits surplombant des mosaïques antiques. Avant-gardiste pour l'époque, un rien discuté, elle met en avant des collections s'enrichissant au fil des décennies et des chantiers d'archéologie préventive, désormais exigés sur les zones patrimonialement riches, avant toute construction ou modification.

Des collections rassemblant les amphores et les céramiques, des sculptures de pierre et des pointes de flèches en silex. S'y ajoutent diverses et évocatrices maquettes du site, les expositions-dossiers imaginées par Jacques Lasfargues, conservateur lors du lancement du musée, et des expositions temporaires.

Musée gallo romain

Les réserves explosent

Une chose est sûre : en ce haut lieu de l'archéologie internationale, malgré une scénographie un rien austère, le public vient et revient. En particulier les touristes, mais aussi les jeunes, avec les scolaires au premier rang. Ils ont d'ailleurs le choix entre les ateliers du mercredi et sa nouveauté, « Fête ton anniversaire au musée ! », des activités lors des vacances scolaires et des jeux en famille ou entre amis.

« Nos collections sont parmi les plus riches de France en la matière. Côté scolaires, nous disposons de sept médiateurs, détaille le conservateur en chef Hugues Savay-Guerraz, tout en soulignant les composantes plutôt contraignantes du genre muséal que son équipe et lui-même ont à cœur de faire vivre. Un musée d'archéologie doit composer avec une difficulté : faire parler l'objet. Il faut le replacer dans son contexte, au sens le plus large : spatial, social, naturel. Il faut évoquer également les méthodes d'analyses, les chercheurs et leurs disciplines, tout cela sans noyer le visiteur sous une masse d'informations ! »

Surtout que les réserves explosent ou presque et les choses ne pourraient qu'« empirer », vu la constance des découvertes, comme celle, le mois dernier, dans le quartier tout proche de Saint-Irénée (5e arrondissement de Lyon), d'une nécropole utilisée entre le Ve et le VIIe siècle, renfermant 600 sépultures, squelettes compris.

Existence mouvante

En parallèle, le musée du cœur de Lugdunum a vécu, en presqu'un demi-siècle, une existence plutôt mouvante en matière de gestion, d'exploitation, d'appartenance et de dépendance. Municipal à l'origine, il est passé en 1991 de la Ville de Lyon au Département du Rhône, pour des raisons qui restent encore un rien confuses.

Il fait alors cause commune avec une autre structure archéologique départementale, le musée de Saint-Romain-en-Gal (Rhône), situé juste en face de celui, également riche en romanité, de Vienne, autre site hautement antiquisant avec son théâtre, également départemental. C'est à partir de 2001 que naît ainsi le pôle archéologique du Rhône.

Nouveau, et complet, changement au 1er janvier 2015 : le musée gallo-romain lyonnais passe entre les mains de la Métropole de Lyon, toute nouvelle collectivité territoriale. Un passage resté plutôt discret, en regard de la communication entourant le tout nouveau musée des Confluences, passé lui aussi du Département à la Métropole.

Mais, à la différence de ce dernier, le musée gallo-romain est exploité en gestion directe par Lyon Métropole, sous l'égide de Myriam Picot, vice-présidente de la Métropole, chargée de la politique culturelle, des archives, de l'élaboration et du suivi de la politique événementielle.

« Le Grand Lyon n'avait pas de compétence en matière culturelle, la Métropole, si. Nous avons mis à l'étude un projet de redémarrage, voire de démarrage, visant, entre autres, à faire mieux connaître les structures identitaires dans ce domaine. Le musée gallo-romain est un marqueur fort en la matière. Nous allons travailler pour mieux le faire connaître encore, le faire sortir de ses murs pour des opérations culturelles. Ainsi l'arrivée prochaine de l'un des bateaux anciens, découverts en 2003, lors de la construction du parking Saint-Georges.

Long de 15 mètres, il est en cours de restauration dans les laboratoires Arc-Nucléart de Grenoble. Les Lyonnais vont enfin le revoir, le retrouver, souligne l'élue, également maire du 7e arrondissement de Lyon. Et d'ajouter : À nouvelle structure, nouvelles actions et nouvelles réalisations. »

Mobilisation à l'antique

Une démarche séduisant une autre composante, bénévole quant à elle, du musée gallo-romain : les membres du Garom, association des Amis des musées de la civilisation gallo-romaine. Une équipe de passionnés d'archéologie, épris de culture, fondée en 1976 et se voulant un lien, actif et présent, entre les professionnels et le grand public.

À travers une série d'actions associant les visites guidées des musées et des chantiers archéologiques, les conférences, les publications, ainsi que les sorties et balades ouvertes à tous.

« Nous entendons là un ton nouveau, justement au moment où, chez nous aussi, des têtes nouvelles sont arrivées, signale son vice-président, Claude Perrouin. Nous voulons, nous aussi, étendre nos activités, et dans nos projets figure un nouveau sentier pédestre balisé, le long de l'aqueduc du Gier, entre Fourvière et Beaunant. Avec également un projet innovant d'archéologie participative ouverte à tous et à tous les âges pour soutenir nos activités archéologiques sur la voirie romaine entre Lyon et Vienne. »

Une mobilisation à l'antique, en quelque sorte, où le militant rejoint l'élu, en des conditions financières difficiles. Mais où le mécénat économique a sans doute son rôle à jouer.

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