A Lyon, dans l'intimité des canuts à la Croix Rousse

A flanc de la colline de la Croix-Rousse à Lyon, l'association Soierie Vivante propose un mini voyage dans le temps. La visite d'un atelier de tissage de canut, conservé en l'état, où travail et vie quotidienne se déroulaient sous le même toit.. Désormais propriété de la Ville, il a rouvert en juin dernier après rénovation. Les touristes apprécient d’y découvrir, le mode de vie si particulier des anciens ouvriers de la soie.
on déroulait les paillasses dans cette petite mezzanine où dormaient jusqu'à 7 personnes

C'est un lieu unique à Lyon. Un lieu où se mêlaient travail et vie quotidienne. Seulement 50 m2 au sol, mais 4,30 m sous plafond pour accueillir les hauts métiers à tisser. Nous sommes rue Justin Godard dans le 4e arrondissement de Lyon dans le quartier qui fût le cœur industriel de Lyon, le cœur de la soierie lyonnaise.

40 000 métiers en 1850

Vers 1850, on totalisait 40 000 métiers à tisser, toute la Croix-Rousse était canut, Le quartier était comme une immense usine gérée par plein de petits patrons travaillant pour leur donneur d'ordre soyeux.

En poussant la porte, on fait un bond en arrière dans le temps. Coincés dans cet atelier de canut, juste à côté des machines à tisser, on découvre les espaces dédiés à la vie de tous les jours. Au rez-de-chaussée c'est la cuisine dite "souillarde", avec son évier de pierre pour la vaisselle, mais aussi la toilette. La table est dressée. Une étroite échelle mène à une petite mezzanine où on trouve un lit, et même un berceau...

On déroulait les paillasses

« Le soir on déroulait les paillasses. Il faut imaginer, que sous ce même toit, vivaient et travaillaient la famille du canut, sa femme, ses enfants et aussi des apprentis. On comprend que l'essentiel de l'espace est dédié aux métiers à tisser, au travail. La vie personnelle n'est pas la priorité », raconte Blandine Rauzy, salariée à l'association Soierie Vivante.

Cette association a en charge l'animation des lieux, tandis que la Ville de Lyon a acheté pour 150 000 euros cet appartement-atelier et a investit 35 000 euros dans sa rénovation et la mise en conformité. Trois métiers à tisser, dont deux mécaniques datant des années 50 et un métier Jacquard du 18e sont déployés, mis en service ponctuellement. « Surtout de gros efforts ont été faits pour rénover et mettre en valeur la chambre. Cet aspect authentique du cadre de vie des canuts est très apprécié des touristes. C'est le seul endroit où on peut le découvrir. Au 19e siècle, on comptait plus de 10 000 logements-ateliers de ce type », insiste Anne-Marie Widerkehr, présidente de Soierie Vivante.

Reconstitution à partir d'objets quotidiens

Cette reconstitution a été faite à partir d'objets quotidiens datant surtout des années 50 (vaisselle, miroir, réchaud, table...), car de fait cet atelier-logement a tourné jusqu'à cette époque. Mme Ressicaud-Fighiera y travaillait avec son mari, prenant la succession de ses parents canuts. À 94 ans, elle était présente pour l'inauguration officielle de ce lieu de mémoire.

« Depuis 2001, la Ville s'efforce de sauver et mettre en valeur ce patrimoine, ces outils concernant ce savoir-faire lyonnais de la soie. Cet Atelier de Tissage, mais aussi la Maison des Canuts. Pour les touristes, c'est très important. Ils ont cette image de Lyon ville de la soie », souligne Jean-Dominique Durand, adjoint au maire délégué au patrimoine, à la mémoire, aux anciens combattants.

10 000 visiteurs par an

Cet atelier-logement recevait avant rénovation 10 000 visiteurs par an, essentiellement de la région, mais aussi des Européens, des Asiatiques... « Début juillet, nous avons accueilli des touristes d'Allemagne, d'Italie, de Nouvelle-Zélande, ou des États-Unis. Ils sont fascinés par ce mode de vie du canut qui donne toute sa place à son outil de travail », détaille Blandine Rauzy.

Soierie Vivante s'appuie sur deux salariés et une quinzaine de bénévoles compétents pour entretenir les métiers, les faire tourner pour les visiteurs à 15 h et 17 h et raconter ce savoir-faire si lyonnais.

Il n'y a qu'ici qu'on peut toucher du doigt cette réalité patrimoniale lyonnaise. L'Office du Tourisme y organise des visites chaque jeudi. Car après le Vieux-Lyon et les traboules, la soierie demeure un thème très prisé par les touristes.

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