La "fin de l'abondance qui n'a jamais existé" s'invite au menu des journées écologistes

REPORTAGE. A compter de ce jeudi, les militants et cadres du parti écologiste se sont donnés rendez-vous à l'université Grenoble Alpes, en Isère, au sein du fief du maire écologiste Eric Piolle. Face à la "fin de l'abondance" évoquée par Emmanuel Macron, les écologistes en plein débat de refondation de leur propre organe politique se saisissent de l'image et comptent bien se poser comme une partie de la solution, brandissant leur "pragmatisme" avant l'heure. Jusqu'à la question de la régulation des "jets privés", sur laquelle Julien Bayou a accepté la main tendue du ministre des Transports, Clément Beaune, pour travailler sur le sujet.
(Crédits : DR/ML)

Ils seront au moins le même nombre que l'an dernier, soit presque 3.000 personnes à fouler les bancs de l'université Grenoble Alpes, entourant les principaux grands cadres du parti, mais également une centaine de journalistes qui ont fait le déplacement. Et déjà, une phrase qui s'impose : "la fin de l'abondance".

Dans les allées des journées d'été écologistes qui se sont ouvertes ce jeudi matin, les mots d'Emmanuel Macron n'en finissent pas de résonner.

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La nouvelle députée de l'Isère, désignée pour co-présider de groupe EELV à l'Assemblée Nationale, Cyrielle Châtelain, l'a elle-même rappelé dans la plénière introductive, où elle était chargée de présenter les 23 nouveaux députés du groupe écologiste :

"Effectivement, c'est la fin de l'abondance et nous le disons depuis des années. L'abondance était une illusion, car les ressources infinies n'ont jamais existé", a affirmé Cyrielle Châtelain, qui appelle Emmanuel Macron à "en tirer les enseignements avec la fin de l'utilisation des pesticides, l'obsolescence programmée, des traités de libre échange, et à enfin protéger l'eau", mais aussi à "la fin de la voiture individuelle."

"Emmanuel Macron, nous sommes là pour t'aider sur ton éco-anxiété"

Marine Tondelier, élue d'opposition à Hénin-Beaumont, membre du bureau exécutif EELV et chargée des JDE (et par ailleurs candidate pressentie à la direction du futur parti qui doit naître du prochain Congrès en novembre prochain), est revenue, non sans ironie que "la prise de conscience" d'Emmanuel Macron en faveur du climat :

"C'est à la lecture de toutes vos tribunes qu'Emmanuel Macron a compris. Vous pouvez être fiers, mais un peu inquiets quand même aussi. Car maintenant qu'il est éco-anxieux, comment va-t-il réagir ? Il faudra l'aider : nous serons là Emmanuel Macron pour t'aider avec ton éco-anxiété", a affirmé Marine Tondelier.

"L'apocalypse, c'est eux"

A son tour, l'ex-candidate aux primaires EELV, Sandrine Rousseau, souvent pointée pour sa "radicalité" assumée dans le débat des primaires EELV l'an dernier, est revenue sur les discussions menées avec le gouvernement, au moment de la loi pouvoir d'achat :

"On nous a vendu une loi pouvoir d'achat, mais ce n'en était pas une. Par contre, il y avait du carbone, beaucoup. (...) Nous avions dit à Bruno Le Maire qu'il continuait à nous mener dans le monde sur un modèle qui nous menait droit dans le mur : il nous a répondu que l'apocalypse n'était pas un projet politique, et on l'a vu tout l'été, l'apocalypse, c'est eux".

Interrogé quelques minutes plus tôt à son arrivée aux JDE, et alors que la question de la sobriété énergétique fera partie des grands sujets de rentrée du gouvernement, l'eurodéputé Yannick Jadot a rappelé à son tour que "les écologistes ont toujours, au contraire, rappelé la rareté des ressources et à la sobriété" et évoque, de la part du gouvernement, "une forme de déni de la réalité".

Dans un moment de confidences aux côtés des journalistes, l'eurodéputé a glissé qu'il avait été approché pour participer aux deux derniers gouvernements Macron, proposition qu'il affirme avoir écartée d'un revers de main :

"Je sais ce qu'il faut faire sur la question des changements climatiques, et je sais aussi que le gouvernement actuel n'est pas prêt à le faire. Il n'y a qu'à voir le choix de prendre des ministres qui ne connaissent pas leur sujet... On voit bien que le président n'est pas prêt à faire ce qu'il faut à ce stade", martèle Yannick Jadot.

Les jets privés, le nouveau symbole

Alors que les vols des jets privés, tracés cet été sur les réseaux sociaux, ont suscité la polémique et l'indignation de l'opinion publique quant à leur bilan carbone, le secrétaire général d'Europe Ecologie les Verts, Julien Bayou avait appelé dans un premier temps à « tout simplement à les interdire ».

Il est revenu sur ses propos ce jeudi, lors des journées d'été du parti écologiste, afin de démontrer, au contraire, une forme de "pragmatisme" :

« Je ne veux pas interdire les jets privés, mais uniquement de supprimer les supers-dérogations qui bénéficient aux supers-riches, lorsque la population ne peut même pas prendre un vol commercial. De la même façon, un tas de véhicules sont cloués au sol lors des pics de pollution et pendant ce temps, on fait voler des jets privés ».

L'actuel numéro 1 des Verts affirme que le ministre actuel des transports, Clément Beaune, a cependant fait un pas de côté, « d'abord en se saisissant d'un sujet que ne veut pas défendre l'actuel ministre de l'Ecologie, Christophe Béchu », mais aussi « en ayant le courage de revenir dessus pour dire qu'il existait un enjeu ».

D'ailleurs, Clément Beaune aurait proposé un échange à Julien Bayou d'échanger à ce sujet dans le courant de la semaine prochaine. Proposition que le secrétaire général d'Europe Ecologie les Verts affirme avoir saisi, en rappelant cependant que tout restait à discuter et à imaginer :

« On peut penser à des modèles comme la taxe Chirac (une taxe additionnelle à la taxe de l'aviation mise en place en 2005, destinée à l'origine à contribuer au financement des pays en voie de développement, ndlr) et l'appliquer aux jets privés, ou alors travailler sur l'espace aérien au niveau européen ou à mettre en place, comme dans le cas des voitures individuelles, des vignettes pour les jets aux émissions les plus polluantes et qui soient interdits de circuler dès 2030 ».

Quelques minutes plus tôt, le secrétaire général des Verts annonçait d'ailleurs la couleur de la démonstration qui se dessine sur les bancs de l'université Stendhal de Grenoble ce week-end"Le temps des écologistes lanceurs d'alertes est révolu : si même Emmanuel Macron a compris que c'était fini, il est temps de tourner cette page et de montrer que nous sommes les seuls en capacité de gérer le pays". Avec pour commencer, la refondation du parti esquissée par une tribune dimanche dernier, et qui dont les grandes lignes devront être tracées avant le Congrès attendu pour décembre prochain.

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Commentaires 4
à écrit le 25/08/2022 à 21:27
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tous ces gens qui donnent des leçons et qui ne vivent que grâce au système actuel ....ils vont avoir du mal à s'adapter car le peu de français qui créent de la richesse économique ne pourront plus les nourrir ....On va enfin voir des écolos au travai...

à écrit le 25/08/2022 à 17:48
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"L'abondance" est passé d'une classe sociale a une autre et McKron n'a fait que le confirmer!

à écrit le 25/08/2022 à 16:57
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Je ne vois pas comment un mouvement politique qui a réuni moins de 5% des électeurs à la dernière élection présidentielle pourrait imposer ses solutions pour gérer la fin de l’abondance et le mouvement vers une transition écologique de notre société…...

à écrit le 25/08/2022 à 16:06
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Devraient être contents les ecolos, la fin de l'abondance c'est un boulevard pour la sobriété, les économies d'énergie, la lutte contre le gaspillage...voire la décroissance. Gloser sur l'abondance qui a ou n'a pas existe n'a aucun intérêt. La sit...

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