Transports : la CGT AURA épingle la question des trains régionaux dans sa feuille de route

Les enjeux d'équilibre du territoire étaient au coeur de la dernière conférence régionale de la CGT Auvergne-Rhône-Alpes. Dans sa feuille de route pour les trois années à venir, figure notamment les questions de réindustrialisation, les impacts de la loi 3DS, mais aussi le sujet des transports ferroviaires et collectifs, où les moyens mis en oeuvre sont jugés "insuffisants". A l'aube du renouvellement de la convention TER régionale, sur fond d'ouverture à la concurrence à l'échelle de l'Hexagone, la CGT AURA réclame (entre autres) la régénération du réseau de fret ferroviaire régional, ainsi que l'essor d'une tarification plus sociale, à l'image de ce qui est déjà pratiqué dans certaines villes.
Entre un appel à négocier une nouvelle convention TER incluant des critères plus responsables, à développer une tarification sociale des transports en communs ou encore à développer le fret ferroviaire : la CGT a inscrit, lors de sa dernière conférence régionale, de grandes propositions en matière de transports au coeur de sa feuille de route pour les trois années à venir.
Entre un appel à négocier une nouvelle convention TER incluant des critères plus "responsables", à développer une tarification sociale des transports en communs ou encore à développer le fret ferroviaire : la CGT a inscrit, lors de sa dernière conférence régionale, de grandes propositions en matière de transports au coeur de sa feuille de route pour les trois années à venir. (Crédits : DR/ML)

"Après ces deux années bien particulières, contraintes et empêchées par la Covid, le choix de se mettre au vert à Super Besse nous a permis de nous retrouver, de lier temps de débats et temps fraternels. C'est important pour le moral, et structurant pour la poursuite de notre engagement", remarquait en préambule Agnès Naton, secrétaire générale du Comité régional CGT AURA.

Avec presque 150 délégués venus des 12 départements de la région, la Conférence régionale de la CGT aura permis, aux unions départementales, de construire la feuille de route des trois années à venir : intervention syndicale, réindustrialisation, accès aux services publics sur tout le territoire, droit à la santé pour tous, égalité entre les femmes et les hommes...

"Alors que nous vivions une période bouleversée, crise sanitaire, géopolitique, climatique, la prise de parole par les travailleuses et travailleurs d'Auvergne Rhône-Alpes est essentielle pour aller vers un monde d'après plus solidaire et de justice sociale. Notre feuille de route a pour objectif de définir nos actions pour les années à venir, nos priorités revendicatives, d'actions et de qualité de vie syndicale", estimait la confédération.

La CGT a fait le constat que l'échelon régional est devenu, en l'espace de quelques années, un lieu structurant à la croisée des politiques gouvernementales, régionales, européennes mais aussi des multinationales.

"D'autant que les évolutions liées au rôle des territoires, nous l'avons vu avec la la loi 3DS, ont porté un nouveau coup à l'égalité d'accès au service public et à l'aménagement du territoire. Conçue pour satisfaire le capital et les libéraux en accroissant la mise en concurrence des territoires et le monde du travail, au sein d'une même région et entre territoires."

Depuis l'élection de Laurent Wauquiez à la présidence du conseil régional, les organisations syndicales de salariés de la région Auvergne Rhône-Alpes regrettent de ne pas être suffisamment associés au dialogue social et à l'élaboration des schémas régionaux ou à la mise en oeuvre de politiques publiques.

La question des transports remise sur la table

Du côté des mobilités, la CGT a déploré que les moyens financiers nécessaires pour répondre aux besoins de transports collectifs, en matière de développement, de sécurité et d'accessibilité, soient jugés "insuffisants".

"La politique régionale ne répond non seulement pas à l'ensemble des besoins, mais elle crée aussi des inégalités, en organisant la mise en concurrence entre les différents modes de transports, les travailleurs, et en favorisant le dumping social."

La CGT régionale AURA et son Union Interprofessionnelle des Transports (UIT) ont entre autres proposé que lors du prochain prochain renouvellement des conventions TER prévu cette année, ses délégués soient désormais associés à la constitution et négociation du cahier des charges de la nouvelle convention. Avec au coeur de leurs préoccupations, la question de la sécurité ferroviaire, des conditions de travail et de la rémunération des travailleurs du secteur.

Des revendications qui auront été à nouveau portées début mai, lors d'une semaine d'actions menée par les trois antennes locales de la CGT (Auvergne, Alpes, et Lyon), durant laquelle des militants ont distribué des tracts au sein des principales gares, appelant les usagers à s'emparer de l'enjeu des traindu quotidien.

A l'aube des discussions pour établir la nouvelle convention TER quinquennale entre la Région et SNCF Réseau, pour la CGT Cheminots, le spectre de l'ouverture à la concurrence n'est en effet pas la bonne solution, même si la convention TER 2018-202"n'a pas été à la hauteur des enjeux de mobilités, des services rendus aux usagers et de transition écologique".

Et d'ajouter, dans un communiqué de presse : "Face aux dysfonctionnements, la solution régulièrement avancée par certains édiles régionaux passerait par la mise en concurrence des services TER. Cette option serait à leurs yeux l'unique « recette miracle » pour améliorer la situation en plus d'une promesse d'abaisser les coûts de fonctionnement, c'est faux." Pour autant, la Région n'a toujours pas fait connaître sa position officielle à ce sujet.

Rappelant que les déplacements régionaux représentent la deuxième ligne de dépenses dans le budget des ménages, juste après le logement et devant l'alimentation (l'enveloppe dédiée au ferroviaire représente en effet 800 millions d'euros, dont 570 millions d'euros concernant les dépenses de fonctionnement, et 230 millions d'euros sur le volet investissements), la CGT est bien décidée à faire pression sur la Région avant que celle-ci ne boucle le renouvellement de sa nouvelle convention.

Son union régionale AURA et son union interprofessionnelle des transports (UIT) met également sur la table un autre objectif : que les transports collectifs puissent se diriger plus largement vers une tarification sociale, allant même jusqu'à la gratuité, comme c'est déjà le cas dans un certain nombre de villes françaises, dont Clermont-Ferrand.

Ils réclament par ailleurs la régénération du réseau de fret ferroviaire régional :

"En modernisant en profondeur certains de axes, cela permettrait le retour des trains de fret avec en plus une réouverture aux services voyageurs TER", estime la confédération citant en exemple des lignes dont Montluçon - Eygurandes - Volvic - Ussel - Firminy - Dunières - Thiers - Boën - Peyraud - Annonay - Le Teil  - Annecy - Albertville -  Oyonnax...

Vers une relance plus juste

Plus largement, la CGT a également fait le lien avec les politiques nationales, en appelant aussi à accompagner désormais une relance plus "juste" après deux années de crise sanitaire :

"L'argent des plans de relance et de tous les dispositifs se retrouvent au cœur d'une même stratégie : celle du capital, au service exclusif de ses intérêts. On perçoit désormais plus clairement l'enjeu des formes nouvelles du travail, des contrats précaires à l'ubérisation du marché du travail, au retour des tâcherons, en dehors des règles collectives, du code du travail en abolissant les statuts et les conventions collectives à l'exemple des cheminots, des fonctionnaires, de la métallurgie et de bien d'autres", interpellait Agnès Naton.

Pour la CGT, il est désormais essentiel que les aides soient en effet fléchées, conditionnées et évaluées en s'appuyant sur des critères à la fois sociaux (création d'emplois durables et décents, égalité professionnelle, respect du dialogue social...), mais aussi environnementaux, de coopération (responsabilisation dans la chaîne de sous-traitance, circuit court, économie circulaire ...) et de démocratie sociale et territoriale.

Le tout, en s'appuyant davantage sur les ressources concernées : "Par expérience, les travailleurs et leurs représentants savent mieux que quiconque ce qu'il convient de changer dans l'organisation de leur travail pour faire du travail de qualité, pour répondre aux besoins et sécuriser leur emploi, leurs outils de travail, leur entreprise ou encore se réapproprier les moyens de productions, comme l'ont démontré les SCOPTI ou encore les travailleurs de la SAD dans le Rhône, mais aussi les ACC, General Electric, les ex-salariés de Luxfer..."

De même, la transparence des aides publiques, leur contrôle et l'évaluation de leur utilisation apparaît à la CGT primordiale, qui demande l'instauration de clauses de remboursement en cas de non-respect de ces engagements.

La CGT espère aussi inventer, avec cette nouvelle feuille de route courant sur les trois prochaines années, "un nouvel âge de la démocratie et citoyenneté au travail", comme dans la Cité.

Objectif affiché : "Imposer que le monde du travail et ses représentants participent aussi aux choix des politiques publiques, et notamment du contrôle et contreparties des aides publiques aux entreprises, doit devenir une exigence déterminée, plus collective pour jeter les bases de la conquête d'un droit syndical interprofessionnel et d'incarner ce nouvel âge de la démocratie", fait valoir Agnès Naton.

Reste à savoir désormais comment ces propositions seront accueillies non seulement par l'échelon régional, mais également par le nouveau gouvernement, qui devrait être formé dans les prochaines semaines.

AURA en chiffres :

3,3 millions de salariés

1,8 million de retraités

181.200 salariés dans les activités touristiques

632.000 agents publics dont moins de 70% fonctionnaires

482.000 emplois industriels

162.900 bénéficiaires du RSA

649.320 demandeurs d'emploi en catégories A, B et C au 3è trimestre 2021

(avec ML)

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