Réunie en session "extraordinaire", la Ville de Lyon émet un avis favorable à l'extension de sa ZFE

Certains évoquaient un "cafouillage" et un "oubli", réfuté par la majorité EELV. Une chose est sure : ce jeudi 10 février, un conseil municipal exceptionnel a été convoqué en urgence pour débattre de la zone à faibles émissions (ZFE). Car pour avancer « dans les temps », la Ville, qui se pose en soutien au chef de file de ce dossier, la Métropole de Lyon, avait besoin de recueillir l’avis de ses élus d’ici la mi-mars. Si le vote a bien eu lieu comme prévu, cet épisode a attisé les critiques de l’opposition sur la scène locale, à propos d'une mesure qui se pose au centre du programme écologiste.
(Crédits : Pixabay)

La ZFE lyonnaise n'en finit pas de susciter des réactions. Alors que le président écologiste de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, a déjà affirmé à plusieurs reprises sa volonté d'accélérer sur la sortie du diesel d'ici la fin de son mandat à l'échelle des 59 communes du Grand Lyon, les échanges avec l'opposition portaient jusqu'ici sur les modalités du renforcement de cette zone à faibles émissions (ZFE).

En parallèle au processus de concertation publique, qui se poursuit jusqu'au 5 mars,  c'est cette fois une épine qui s'est invitée en plein coeur de l'agenda municipal : engagée, tout comme l'ensemble des communes du Grand Lyon, à émettre un avis d'ici le 22 février prochain sur l'extension de la ZFE, la Ville de Lyon menée par l'EELV Grégory Doucet n'avait pas inscrit ce sujet à l'ordre du jour de son dernier conseil municipal, le 27 janvier dernier.

Ce jeudi encore, lors d'un point presse en amont de ce nouveau rendez-vous, Grégiory Doucet justifiait qu'un tel dossier, "qui engage la santé des lyonnais" puisse bénéficier "d'un temps d'échange dédié, à la hauteur de la complexité des enjeux".

A la surprise des conseillers de l'opposition toutefois, qui n'avaient pas manqué de se questionner sur l'absence de cette disposition lors du dernier conseil, qui comprend notamment la question emblématique de la sortie des véhicules les plus anciens et polluants (Crit'air 5) dès l'automne 2022.

Le quotidien le Progrès n'hésitait pas, pour sa part, à évoquer un « oubli » de la majorité.

Ce n'est en tous les cas qu'un seul sujet, celui de l'extension de la ZFE, qui s'est invité ce jeudi matin dans les échanges, pour une rencontre ayant tout juste atteint le quorum fixé à 25 élus sur 73. Avec, à l'issue de plus de trois heures de débats retransmis en direct, un conseil municipal de la Ville de Lyon qui a néanmoins émis un avis favorable à l'amplification de la zone à faibles émissions (ZFE), proposée par la Métropole.

Réaffirmant, lors des échanges, l'attachement à ce qu'un "accompagnement social" soit bien mis en place en parallèle à cette extension -un sujet qui a fait l'objet de vifs échanges ce jeudi matin avec l'opposition, qui jugeait que les modalités de soutien n'étaient pas suffisantes-, la Ville de Lyon a précisé que cet accompagnement "sera possible, grâce au soutien, aux dérogations temporaires et aux aides financières. L'objectif est d'accompagner les personnes aux revenus les plus modestes dans cette transition et ce changement de mobilité".

Un coup dur pour la mesure d'extension de la ZFE ?

Reste que cet épisode tombait plutôt mal dans la communication de l'exécutif écologiste, sur une mesure phare de sa mandature et qui continue d'être attaquée sur le terrain, par les élus de l'opposition. Ceux-ci reprochent notamment à la Ville comme à la Métropole écologistes un calendrier qu'ils jugent trop serré, sans que l'ensemble des tenants et aboutissants (aides, dérogations, etc) ne soit connu, six mois avant l'entrée en vigueur de l'extension de la ZFE aux véhicules particuliers.

Après une première accélération de la ZFE, annonçant la fin des véhicules diesel d'ici 2026, le second coup de collier proposé par le Grand Lyon (à savoir l'extension de la ZFE dès septembre prochain aux véhicules des particuliers, qui n'étaient jusqu'ici pas encore concernés par des restrictions), représente en effet une étape symbolique.

Avec, au programme, l'exclusion du périmètre métropolitain des véhicules Crit'air 5 et non classés, qui représenteraient, selon les premières estimations, environ 3% du parc automobile métropolitain.

Sans compter que cette délibération de "dernière minute" pourrait ajouter un élément de complexité additionnel, puisque ses neufs arrondissements sont également appelés à devoir donner leur avis sur ce projet d'extension.

Le recueil de ces votes demeure en effet essentiel à la Métropole, en prévision de son prochain conseil métropolitain du 14 mars 2022, afin que l'extension de la ZFE aux véhicules des particuliers les plus polluants puisse suivre le chemin du nouveau calendrier annoncé et devenir effective dès septembre prochain.

Des critiques déjà vives

Alors que ce projet d'extension a déjà fait l'objet de plusieurs réactions de la part des élus de l'opposition sur le terrain métropolitain et municipal, ce sont désormais les élus LR à la Région qui avaient eux aussi affiché récemment leur opposition à l'interdiction des véhicules les plus polluants dès cette année, en dénonçant entre autres « un calendrier trop précipité ».

Jérémy Bréaud, maire LR de Bron et conseill régional, affirmait notamment que « sur le fond, on est tous d'accord sur la ZFE, mais on trouve que cela va trop vite, c'est trop brutal et il y a encore trop d'inconnues ».

Avant lui, plusieurs voix comme celle de la conseillère municipale d'opposition du 6e arrondissement, Laurence Croizier, demandaient à la Métropole une révision de calendrier : "nous sommes favorables à la ZFE, mais il faut être lucide sur la capacité des habitants à assumer les transformations que cela induit. On va arriver à crise sociale".

La majorité écologiste à la Métropole n'a pas tardé à réagir à la position des élus régionaux dans un communiqué rappelant que chaque année, « la pollution tue 2.000 personnes à Lyon » et évoque à son tour « une prise de position purement politique ».

Pour Jean-Charles Kohlhaas, vice-président délégué aux déplacements à la Métropole de Lyon, cette prise de position des élus LR du conseil régional « démontre soit leur méconnaissance du sujet, soit leur mauvaise foi. La loi impose en effet la mise en place d'une ZFE selon un calendrier précis. L'interdiction des véhicules particuliers les plus anciens interviendra à l'automne prochain et ne concernera qu'une infime partie du parc automobile ».

Il ajoutait également : « pour le reste, la concertation est toujours en cours et nous permettra de parvenir à un large consensus sur une mesure de santé publique absolument nécessaire ».

(publié le 10/02/2022 à 07:00, actualisé à 16:30)

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