(Publié à 08/10/2021 07:00, actualisé à 16h30)
Les visites s'enchaînent, et s'accélèrent. Car depuis plusieurs semaines, le gouvernement d'Emmanuel Macron rythme l'agenda avec les retombées de son grand plan de relance de 100 milliards d'euros, destiné à relancer l'économie française post-crise et ses investissements. Avec, à l'aube de l'annonce de son nouvel étage de la fusée, France 2030, qui doit être dévoilé d'ici mardi prochain -comme vient de l'annoncer l'entourage d'Emmanuel Macron-, l'occupation du terrain et le temps de la preuve par les actes.
Dans cette offensive, la région Auvergne Rhône-Alpes tient son rang de première région industrielle de France, ayant recueilli à ce titre une bonne part des déplacements de sa ministre de l'Industrie. Depuis le début d'année, Agnès Pannier-Runacher s'est en effet rendue presque tous les deux mois en région AURA : souveraineté de la microélectronique en mars dernier en Isère, feuille de route et décarbonation de l'industrie chimique en mai, transformation du ferroviaire en juillet dernier dans le Rhône...
Sans compter la venue de Jean Castex, Bruno le Maire et Agnès Pannier-Runacher pour l'inauguration du Global Industrie le 6 septembre dernier, et celle d'Emmanuel Macron les 26 et 27 septembre pour le SIRHA et la naissance de l'Académie santé de l'ONU...
"C'est aussi le reflet du dynamisme industriel de la Région sur différents secteurs, et notamment dans des domaines comme la santé", nous glisse l'entourage de la ministre.
Chimie et France 2030 dans la matinée...
Ce vendredi, c'est donc une nouvelle visite en quatre temps, mais toujours placée sous le signe de la reconquête industrielle, qui se tenait à nouveau dans le Rhône et la Loire.
Le matin, la ministre a participé à une rencontre sur le site de l'entreprise Solvay à Saint-Fons (69), à l'occasion de la réunion plénière du Comité stratégique de la Filière Chimie et matériaux (CSF). Elle comprenait notamment à la signature officielle de l'avenant au Contrat de filière, suivie d'une visite du centre de Recherche & Développement de Solvay.
Agnès Pannier-Runacher s'est ensuite rendue à l'Institut national des sciences appliquées (INSA) de Lyon, en vue d'échanger, avec des étudiants sur le plan d'investissement France 2030, qui sera prochainement annoncé par le président de la République pour préparer la France post-crise. Avec à la clé, un plan d'investissement de "plusieurs dizaines de milliards d'euros" dirigés vers "une dizaine de secteurs d'avenir", et qui comprendra notamment batteries, hydrogène vert, réacteurs nucléaires SMR, etc...
Mais qu'on ne s'y méprenne pas : "ce ne sera pas encore le temps des annonces" ce vendredi, glisse son entourage, car c'est bel et bien Emmanuel Macron qui tient à officialiser lui-même la stratégie de ce nouveau volet, qui se veut comme le 3e étage de la fusée après les aides d'urgences, puis le plan de relance.
L'usine de bioproduction de vaccins vétérinaires de Boehringer
L'après-midi était ensuite consacré à deux dossiers industriels : avec d'abord, un déplacement sur le site de Lyon Jonage du laboratoire allemand Boehringer Ingelheim, devenu le numéro 2 mondial de la santé animale depuis l'acquisition de Merial, afin de visiter le chantier de la nouvelle usine de bioproduction de vaccins du groupe.
Annoncé en juillet 2018 puis confirmé en septembre 2019, ce nouveau site se pose déjà comme l'un des plus importants dossiers en cours en matière de bioproduction en France. Prévu pour sortir de terre d'ici fin 2022, il représente un investissement de 230 millions d'euros, réalisé en propre par le groupe Boehringer et devrait occuper au total 15.000 m2 sur cinq niveaux.
Objectif : augmenter significativement ses capacités de production de vaccins contre les maladies animales contagieuses (fièvre aphteuse, fièvre catarrhale ovine) mais aussi de renforcer ses capacités de stockage de banques d'antigènes.
A cette occasion, Boehringer Ingelheim a annoncé une nouvelle étape dans ce projet d'envergure pour la scène lyonnaise, puisqu'il a déclaré qu'il s'apprêtait à injecter 100 millions d'euros supplémentaires. De quoi permettre au laboratoire allemand "d'adapter les futures lignes de production à d'autres formulations, notamment pour des (antigènes) de vaccins porcins et aviaires ainsi qu'à renforcer les outils de production (automatisation, digitalisation...)", comme il le précisait à La Tribune.
"La pandémie de Covid-19 a remis en lumière 3 enjeux clés : L'importance du lien entre santé animale et santé humaine, mais aussi de de disposer de capacités de production de vaccin suffisantes et réactives, en particulier à l'échelle de la France et de l'Europe, ainsi que de de pouvoir mobiliser rapidement ces capacités et donc d'avoir des infrastructures industrielles renforcées", souligne la direction de Boehringer.
Une occasion de s'assurer, en même temps, d'une écoute bienveillante de la part de l'Etat, puisqu'Agnès Pannier-Runacher devait confirmer, à cette occasion, que le plan France 2030 intégrera bien le sujet de la bioproduction parmi ses priorités.
« Outre la création d'une centaine d'emplois qualifiés, cet investissement permettra de renforcer les capacités françaises de bioproduction et de réponse aux maladies infectieuses en santé animale. Cela s'inscrit parfaitement dans les priorités du gouvernement en matière d'industrie de santé », a déclaré pour sa part Agnès Pannier-Runacher.
Après la production de masques dans l'urgence, CERA Engineering
La ministre terminera ensuite sa visite dans la Loire, chez CERA Engineering. Cette PME industrielle s'était faite un nom durant la première séquence de la crise Covid-19, lors des pénuries de masques, en augmentant ses capacités de production de machines destinées elles-mêmes à fabriquer ses masques. De quoi soutenir le triplement de la production de cette fourniture à travers l'Hexagone.
Car grâce à ses machines spéciales de soudure par ultrasons en continu, cette entreprise ligérienne avait élaboré une stratégie, visant à collaborer avec des entreprises de proximité, pour les équiper de manière à répondre à la forte demande, en matière de fabrication de masques. CERA Engineering s'était d'ailleurs donnée l'objectif de produire elle-même jusqu'à deux fois plus de machines spéciales, destinées à cet usage.
Elle avait par ailleurs conclu un partenariat avec une autre PME iséroise MDB Texinov, qui s'était appuyée sur son expertise pour lancer, dès septembre 2020, une nouvelle ligne de production de masques FFP2, avec l'objectif d'être en capacité de produire jusqu'à 100 millions de masques par an. Celle-ci avait été accompagnée, à ce titre, par les pouvoirs publics dans son investissement qui représentait au total 8 millions d'euros.
Un engagement global qui se verra donc récompensé par la ministre en charge de l'Industrie, qui devrait remettre une décoration à la directrice générale de CERA Engineering, Grazia Picariello durant cette visite.
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