Digital, mobilité, apprentissage... Le plan de match de la nouvelle CMA Auvergne Rhône-Alpes

Depuis le 1er janvier 2021, les 25 antennes départementales de la Chambre des métiers de l’artisanat (CMA) ne font plus qu’une Auvergne Rhône-Alpes, en vertu de la loi Pacte. Reste qu’en AuRA, cette fusion se place sous le signe de la continuité, puisque le président en place a pris l’engagement de conserver l’ensemble des 650 salariés, ainsi que de son maillage actuel d’agences. Il souhaite néanmoins à de nouvelles thématiques appelés à prendre plus d'importance en 2021 avec, entre autres, l’enjeu de la mobilité face à l’émergence de plusieurs ZFE sur son territoire.
La CMA régionale d'Auvergne Rhône-Alpes vient de commander une enquête mobilité, destinée à éclairer la situation de ses artisans face à l'émergence des ZFE sur son territoire. Avec, parmi les enseignements, le fait que seuls 13% des artisans répercutent actuellement leurs frais de transports sur leur coût de revient.
La CMA régionale d'Auvergne Rhône-Alpes vient de commander une enquête mobilité, destinée à éclairer la situation de ses artisans face à l'émergence des ZFE sur son territoire. Avec, parmi les enseignements, le fait que seuls 13% des artisans répercutent actuellement leurs frais de transports sur leur coût de revient. (Crédits : DR)

Aux commandes de la Chambre régionale des métiers et de l'artisanat (CMAR) depuis 2016, le président Serge Vidal affiche en ce début d'année sa confiance, mais aussi, sa détermination à transformer un ancien modèle. Depuis le 1er janvier dernier, la CMA Auvergne Rhône-Alpes a pris un nouveau tournant, en devenant désormais, comme dans l'ensemble des régions françaises, l'épicentre d'une nouvelle offre régionalisée. « Cette transformation est issue d'une loi qui a fini par s'imposer à tous, et dont on parlait depuis au moins 2010. Ce n'était donc pas une surprise et nous avons eu le temps de nous préparer », confirme-t-il.

En AuRA, la CMA recouvrait jusqu'ici 25 sites répartis sur 12 départements, afin de répondre aux besoins d'un écosystème en croissance de 207.900 entreprises artisanales (+ 27% depuis 2016) et de 311.000 salariés et 23.000 apprentis. Il est également à la tête d'un CFA en gestion directe (l'EFMA), situé à Bourgoin-Jallieu (Nord-Isère).

Au lieu de lutter contre l'inéluctable, Serge Vidal a plutôt pris le parti de préparer ce nouveau virage depuis plusieurs mois. Car cet ancien auvergnat avait déjà goûté au bénéfice de la mutualisation, lors du rapprochement entre l'Auvergne et la région Rhône-Alpes.

« Nous pensions déjà que la mutualisation était notre seul salut, face à la conjoncture financière, et à la baisse des dotations issues de l'Etat, depuis plusieurs années. C'est une manière d'envisager, non pas une diminution de nos ressources, mais une réorientation afin que le trop de l'un, puisse bénéficier au manque des autres », confie Serge Vidal.

Une régionalisation oui, mais pas n'importe comment

En Auvergne Rhône-Alpes, la CMA avait donc mis sur la table un projet de transformation, comprenant à la fois une étude de son maillage territorial et de son offre de services, afin de trouver la structuration la plus efficace. « Nous avons mené une réflexion de septembre 2019 à février 2020, qui a donné lieu à une dizaine de séminaires, de manière à voir comment nous organiser pour apporter le meilleur service à nos artisans ». Et selon lui, la réponse passe, contre toute attente, par une proximité renforcée.

« Nous avons découpé notre région en 92 territoires, avec sur chacun d'entre eux, un élu référent et une équipe, afin de demeurer au plus près des EPCI et des acteurs locaux », explique son président.

Régionalisés au 1er janvier dernier, ses collaborateurs ne sont pas passés par la case des plans de départs. « Nous avons lancé une GPEC et un audit avec le cabinet KPMG en vue d'accompagner l'ensemble de notre personnel dans une démarche de changement. Nous avons d'ailleurs été particulièrement loin sur ce point, avec la mise en place d'un entretien individuel pour chacun de nos 650 collaborateurs, afin d'avoir une vision au plus juste de nos ressources et des compétences », traduit Serge Vidal.

Son ambition ? Faire monter ses équipes en compétences, en misant en premier lieu sur la formation, afin de « placer désormais ces ressources aux postes qu'ils choisissent et pour lesquels ils ont le plus de compétences ».

Ainsi, outillée, la nouvelle CMAR veut aussi adresser de nouvelles priorités, face à une année 2021 qui s'annonce remplie de défis : avec, en premier lieu, des enjeux liés à la transition numérique du secteur artisanal, mais également, au développement durable ou encore à la formation des apprentis, toujours nombreux.

« Malgré la pandémie, nous formons toujours près de 23.000 apprentis par an à nos métiers en AuRA, un chiffre qui est resté relativement stable car l'apprentissage est l'ADN de l'artisanat ».

Pas de coup de frein donc dans ce secteur, où Serge Vidal confirme que les entreprises continuent de former des jeunes à prendre leur relève, « même si parfois, les aides à l'embauche de l'Etat tardent pour l'instant à arriver ».

Alors que l'offre de la CMA d'Auvergne Rhône-Alpes est financée à 53% par le reversement de la taxe dite CCI et CMA réglée par les entreprises à l'Etat, 17% de son budget annuel de 51 millions d'euros provient de ses activités de formation (initiale et continue), et les 30% restants sont issus de subventions et autres activités.

Environnement et mobilité, deux défis pour 2021

Au sein des pistes de diversification, figurent notamment un accompagnement lié au numérique, car « malgré la pandémie qui a accentué l'appétence pour ces technologies, on constate encore que les artisans font face à un certain nombre de contraintes pour le développer ». Et ce, qu'il s'agisse du manque de temps et de ressources à accorder à cette transformation de leur business, pour des entrepreneurs souvent multitâches et seuls aux commandes.

Sans compter qu'en dehors de la digitalisation de l'économie, la CMAR voit l'arrivée de nouvelle réglementation RE2020 au sein du bâtiment comme une « opportunité » à saisir.

« Il faut que les artisans s'en emparent, en vue de travailler sur des projets d'amélioration thermique des bâtiments, d'autant plus qu'ils sont déjà très sensibilisés à l'aspect environnemental des constructions », indique le président de la CMAR.

Lire aussi : ZFE à Lyon : ce qui va changer pour les professionnels (et ce qui reste en suspens)

Et de glisser que pour sa profession, l'environnement revêt aussi une autre signification : « Nous regardons également des dossiers comme la nouvelle zone à faibles émissions (ZFE) lyonnaise, car les déplacements deviennent un enjeu pour les artisans ». La CMA d'Auvergne Rhône-Alpes vient de commander une enquête mobilité, destinée à poser un premier jalon et à « éclairer la situation ».

On y apprend notamment que le parc de véhicules utilisés par les artisans est significatif : ainsi, près de 92.000 véhicules pour 51.000 entreprises du bâtiment circulent en AuRA, dont 2/3 des entreprises se déplacent uniquement sur de moyennes distances (15 à 50 km).

Côté finances, seulement 13 % des artisans répercutent le coût réel des déplacements dans leur coût de revient, tandis qu'une entreprise artisanale parcourt en moyenne 32 000 km par an. Le secteur ne s'en cache pas : il parcourerait même près de 2 milliards de km/an, soit 50.000 fois le tour de la Terre.

Après l'analyse, le temps de l'action ? Face aux conditions de circulation qui se durcissent en métropole lyonnaise, avec l'entrée en vigueur d'une nouvelle étape de la ZFE, la CMAR entend bien répondre présente pour peser : « La prochaine étape est de partager ce constat ainsi que les besoins qui en découlent pour essayer de trouver une réponse. Mais il est certain qu'il va falloir aller chercher un peu d'aide pour aider les artisans à réaliser ces transitions », note Serge Vidal.

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Commentaire 1
à écrit le 08/02/2021 à 19:16
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25 antenne ne font plus qu'une .......conserver l’ensemble des 650 salariés.

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