Culture : la timide tentative de déconfinement de Bruno Bernard

Annoncée en grande pompe, la réouverture anticipée des musées aura-t-elle lieu à Lyon, comme s'y était engagé Bruno Bernard ? Le président EELV de la métropole lyonnaise, remonté et prolixe dans les jours qui ont suivi les déclarations du premier ministre, est finalement revenu ce mardi sur ses déclarations. Et ce, alors que le milieu de la Culture tente toujours de s'organiser et demande une réouverture au plus tôt.
Dimanche, Bruno Bernard annonçait dans Le Progrès qu'il étudiait la réouverture du musée des Confluences malgré l'interdiction du gouvernement. Mardi, il a finalement fait marche arrière, évoquant les conséquences juridiques trop lourdes.
Dimanche, Bruno Bernard annonçait dans Le Progrès qu'il étudiait la réouverture du musée des Confluences malgré l'interdiction du gouvernement. Mardi, il a finalement fait marche arrière, évoquant les conséquences juridiques trop lourdes. (Crédits : Maxime Brochier – musée des Confluences)

A Lyon, la culture enregistre deux rétropédalages sur une seule et même question. Le 10 décembre dernier, le premier ministre Jean Castex avait précisé ses modalités de déconfinement, revenant sur ses premières déclarations : les lieux culturels ne seront pas autorisés rouvrir, au moins jusqu'à janvier. Un coup de grâce pour les acteurs de la culture, désemparés, qui s'attendaient à être déconfinés dès la mi-décembre comme le gouvernement s'y était engagé en premier lieu.

Face à cette décision, deux jours plus tard, des élus lyonnais avaient adressé une lettre à Jean Castex pour demander la réouverture des lieux culturels.

Dans ce courrier, Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, Grégory Doucet, maire de la ville, et Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne et vice-président de la Métropole délégué à la culture, pointaient :

"les lieux de grands passages -centres commerciaux, aéroports, gares, métros-, ou encore l'ensemble des commerces ont repris leur fonctionnement, tandis que les lieux de culte ont obtenu le droit à accueillir du public, notamment par un recours devant le Conseil d'Etat. Et la Culture ? Elle attend. Et se meurt. Pourtant, tout est prêt. Dans les salles de spectacles et les musées, les protocoles sanitaires sont organisés, les jauges calculées, les équipes d'accueil rodées."

Après les mots, les actions ? Le 13 décembre, dans une interview au Progrès, Bruno Bernard annonçait qu'il envisageait de braver l'interdiction gouvernementale et rouvrir le musée des Confluences, dont la Métropole a la gestion, pour les vacances scolaires. Puis, finalement, non.

Rétropédalage face aux acteurs culturels

Ce mardi 15 décembre, lors d'une conférence de presse au musée Lugdunum (lui aussi géré par la Métropole), Bruno Bernard a annoncé devant un parterre de journalistes que le musée des Confluences allait finalement rester fermé, mais que certaines de ses pièces seront exposées hors de ses murs. C'est-à-dire dans le hall de la Métropole, à partir du 21 décembre et jusqu'au 3 janvier prochains.

Justifiant finalement cette décision en affirmant que cette réouverture aurait eu des conséquences juridiques trop lourdes. Hélène Lafont-Couturier, directrice du musée des Confluences, précise que cela aurait pu provoquer une fermeture administrative, mettant ainsi plusieurs agents au chômage et paralysant l'établissement pendant des mois.

Pour l'adjointe à la culture de la mairie de Lyon, Nathalie Perrin-Gilbert, s'est dite "heureuse de voir le monde culturel qui s'organise. C'est avec cette force collective que nous gagnerons la bataille." L'adjointe a aussi déclaré qu'elle travaillait toujours, en lien avec d'autres villes, afin de déposer un référé pour contester la décision de fermeture des lieux culturels.

Le référé contre la fermeture des lieux culturels maintenu

Aussi, le 15 décembre, dans toute la France, les acteurs du secteur culturel ont manifesté pour demander la réouverture de leurs établissements. A Lyon, le rendez-vous était donné devant DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) Auvergne-Rhône-Alpes. Pendant la conférence de presse, les acteurs du secteur culturel ont aussi exprimé leur désarroi, quant aux annonces du premier ministre et leurs espoirs pour la culture.

Anne-Caroline Jambaud, directrice du pôle idées d'Arty Farty, structure qui organise les Nuits Sonores, s'est résigné : "Le secteur de la musique debout, on sera les derniers." Elle a affirmé que l'équipe travaillait néanmoins sur l'édition 2021 des Nuits Sonores. "Il ne manque que la date."

Anne-Caroline Jambaud a aussi rappelé le lancement, à Lyon, en mars 2020 de l'Appel des indépendants, un mouvement qui regroupe "1.600 structures culturelles et médias indépendants originaires de toute la France, de tous les territoires, et représentatifs de tous les secteurs culturels." Ensemble, ils œuvrent "pour dessiner, au-delà de la crise sanitaire, un avenir culturel commun en phase avec les priorités et urgences de notre temps."

Géraldine Bénichou, directrice artistique du Théâtre du Grabuge, s'exprimait pour le collectif Pôle Sud : "Nous sommes tous abasourdis par la fermeture des lieux culturels. [...] Les théâtres doivent maintenir les portes closes, mais les églises peuvent accueillir du public".

Loin de critiquer la réouverture des lieux de culte, elle souligne, que "ce n'est pas à l'État de décider ce qui est plus essentiel entre aller à l'église et au théâtre."

Autour d'elle, les autres noms de la culture locales s'accordent à dire qu'ils étaient prêts à rouvrir et à se réinventer pour coller aux normes sanitaires, mais que les annonces récentes du gouvernement les laissent dans l'incompréhension et le flou quant à l'avenir.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.