L'équipementier cycliste Mavic passe aux mains du groupe Bourrelier

L'équipementier historique du Tour de France, Mavic, a finalement été cédé au groupe Bourrelier, à la barre du Tribunal de commerce de Grenoble ce mardi. Repris successivement par Salomon et son actionnaire Amer Sports, puis par un fond américain en 2019, le fabricant de cycles né à Lyon pourrait cependant perdre la moitié de ses effectifs. Son nouveau propriétaire envisage de recentrer ses activités sur la conception des roues en aluminium et en carbone, l'une de ses spécialités.
En attendant qu'une nouvelle page s'ouvre pour Mavic, la participation de la marque à la prochaine Grande Boucle, qui doit partir de Nice le 29 août prochain, semble désormais assurée.
En attendant qu'une nouvelle page s'ouvre pour Mavic, la participation de la marque à la prochaine Grande Boucle, qui doit partir de Nice le 29 août prochain, semble désormais assurée. (Crédits : DR)

Au moment où la France se découvre un intérêt renouvelé pour le vélo, c'est un nouveau fleuron national qui vient d'être repris à la barre du Tribunal de commerce de Grenoble. Le fabricant de cycles Mavic, connu pour son rôle d'équipementier historique au sein du Tour de France, entre dans le giron du groupe Bourrelier, à l'issue d'une procédure où il avait reçu pas moins de 14 marques d'intérêts, dont dix provenant d'acteurs hexagonaux.

Avec, parmi eux, l'ancien directeur général du Crédit mutuel Arkéa, Ronan Le Moal, qui avait été rejoint par l'avocat Didier Poulmaire et le quintuple vainqueur du Tour de France, Bernard Hinault. Ou encore le patron du groupe Gorgé, Raphaël Gorgé, spécialisé dans les champs de la robotique civile et militaire.

Spécialisé dans les roues de vélos ainsi que les équipements cyclistes (casques, vêtements, etc), Mavic employait jusqu'ici 250 personnes dans le monde, dont 200 en France sur les sites d'Annecy (Haute-Savoie) et de Saint-Triviers-sur-Moignans (Ain).

La société, née à l'origine à Lyon en 1889, dispose désormais d'un portefeuille de plus de 70 brevets pour protéger ses technologies de pointe. Elle avait par exemple inventé un système de jantes creuses fabriqués en duralumin, un alliage de plusieurs métaux ou encore, en 1975, la première jante double paroi à crochets destinée aux pneus à haute pression, qui s'imposera ensuite dans le milieu des courses.

Le plan de son nouveau repreneur

C'est finalement l'offre déposée par le groupe Bourrelier, ex-actionnaire de la chaîne des magasins Bricorama, qui l'a emporté dans cette course.

Celui-ci prévoit notamment de conserver près de la moitié des emplois (105 sur 250 salariés) et d'investir jusqu'à 18 millions d'euros au cours des trois prochaines années. Le groupe envisage de conserver le site de Saint-Triviers (01), mais de déplacer, à terme, son siège, toujours hébergé par le groupe Amer Sports. Financée sur fonds propres par le groupe Bourrelier, le montant de cette reprise n'a toutefois pas été communiqué.

Après avoir fondé la chaîne des magasins Bricorama, qu'il avait ensuite revendue en 2017 au Groupement des Mousquetaires, l'entrepreneur Jean-Claude Bourrelier souhaitait en effet amorcer une diversification dans le monde du cycle aux côtés de ses enfants.

L'un de ses deux fils, Yoann Bourrelier, un ex-compétiteur de VTT, avait créé en 2007 la chaîne parisienne Ecox. Spécialisé dans les vélos électriques, son réseau regroupe désormais une dizaine de points de vente, dont plusieurs implantations dans la région à Lyon (69), Valence (26) et Allevard (38). Tandis que son frère, Jean-Michel, déjà directeur général du groupe Bourrelier aux côtés de son père, devrait porter le projet de reprise de Mavic à ses côtés.

Une vision long terme à défendre

D'après les premières informations communiquées à la suite de ce rachat, le groupe Bourrelier souhaite recentrer l'équipementier haut-savoyard sur la conception des roues en aluminium et en carbone, un segment qui représentait déjà 75% du chiffre d'affaires de la société, tout en modernisant l'outil de production et en dopant ses travaux de R&D.

"Mavic doit retrouver une dimension de PME familiale dotée d'une gouvernance agile et aux circuits de décision courts et autonomes qui lui ont fait défaut ces dernières années", a déclaré le fils du fondateur, Jean-Michel Bourrelier.

Avec un objectif : conférer au fabricant de cycles "une vision long terme pour que la société retrouve son leadership technologique sur les jantes, roues et moyeux de vélo".

Cet épilogue marquera-t-il enfin l'épilogue d'une longue série d'errances pour le fabricant Mavic ? L'entreprise, qui emploie 150 personnes à Annecy et une cinquantaine dans l'Ain, avait connu au cours des dernières années des pertes importantes. Son chiffre d'affaires avait en effet dégringolé de 101 millions d'euros en 2017, pour atteindre les 69 millions en 2019.

La fin d'une série de rachats ?

Le groupe aurait été fragilisé à la fois par l'essor de nouveaux concurrents sur le marché du cycle, de plus en plus compétitif, mais également par ses changements de propriétaires fréquents au cours des dix dernières années. Et ce, malgré une distribution mondiale de ses produits, dédiée aux produits de haute performance pour l'industrie du cycle à l'échelle mondiale (Europe, Moyen Orient, Amérique du Nord, Japon).

Car après avoir été vendu à la marque Salomon en 1994 (lui-même racheté à son tour  par le finlandais Amer Sports en 2005), Mavic avait ensuite été revendu en 2019 à un fonds américain, avant d'être finalement placé en redressement judiciaire en mai 2020.

Le CSE ainsi que l'intersyndicale de l'entreprise avaient alors demandé des comptes à leur ancienne maison-mère, concernant les conditions entourant cette dernière cession. Car "contrairement à ce qui avait été publiquement annoncé", les syndicats avaient découvert que "Salomon n'avait pas cédé leur entreprise à Regent LP mais à une société M Sports, basée au Delaware (USA), sans lien capitalistique avec Regent".

L'outdoor, comme un nouvel or blanc

Mais Mavic ne semble pas le seul acteur du monde du vélo à se retrouver entraîné dans une mêlée capitalistique : la marque de vélos haut de gamme Time en sait elle aussi quelque chose. Rachetée par Rossignol en 2016, elle vient tout juste d'être cédée à la start-up WhaTTfornow. Même tendance pour le spécialiste du vélo italien Colnago, qui a accueilli en mai dernier un fonds d'Abou Dabi au sein de son capital.

Le Covid-19 sera-t-il l'occasion de mener une nouvelle phase de concentration dans le monde du vélo, aujourd'hui fortement convoité en vue des aspirations des français en direction de l'outdoor ?

En attendant qu'une nouvelle page s'ouvre pour Mavic, la participation de la marque à la prochaine Grande Boucle, qui doit partir de Nice le 29 août prochain, semble désormais assurée.

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