Apprentissage : Auvergne-Rhône-Alpes vent debout contre la réforme

La concertation sur la réforme de l'apprentissage a débuté mi-novembre. Une des mesures envisagée est vivement contestée par les exécutifs régionaux, dont Auvergne-Rhône-Alpes : celle de déléguer l'apprentissage ainsi que la gestion des centres de formation (CFA) aux branches professionnelles.
De jeunes apprentis dans une Maison familiale rurale (MFR).

Les Régions continuent de marquer leur désaccord vis-à-vis de la réforme de l'apprentissage envisagée par le gouvernement. Et Auvergne-Rhône-Alpes ne déroge pas au mouvement. La proposition gouvernementale qui les mobilise plus particulièrement est celle de déléguer la responsabilité de l'apprentissage et de la gestion des centres de formation (CFA), aujourd'hui pilotés par les régions, aux branches professionnelles.

"Nous avons des inquiétudes sur la teneur des discussions engagées", insiste Stéphanie Pernod-Beaudon, vice-présidente déléguée à la formation professionnelle et à l'apprentissage, avant de détailler :

"La Région doit rester leader dans ce domaine, car nous sommes les seuls à ne pas être parties prenantes dans les fonds que nous redistribuons."

De fait, les régions récupèrent 51 % de la taxe d'apprentissage, soit un montant de 200 millions d'euros pour Auvergne-Rhône-Alpes en 2016, et 70 % de cette somme est ensuite reversée aux CFA.

Branches privilégiées ?

Aussi, perdre cette autorité régionale pourrait avoir un impact sur le financement de centres de formation liés à des branches professionnelles moins organisées ou développées, comme la coiffure ou les métiers de bouche.

"Une branche professionnelle du textile va-t-elle financer à hauteur de 83 % un CFA du domaine agricole, comme nous le faisons dans un souci de péréquation, d'équité des filières ?", s'interroge la vice-présidente, également membre de la commission "entreprise et apprentissage" lors de la concertation engagée par le gouvernement entamée mi-novembre et qui devrait durer jusque mi-janvier.

Lire aussi : L'apprentissage cherche un nouveau souffle

Une crainte que partage Lucien Boiche, directeur de la formation professionnelle au sein de la Chambre des métiers et de l'artisanat du Rhône :

"Les branches des métiers de l'artisanat n'ont pas le même poids économique que le bâtiment, la métallurgie ou le secteur bancaire. Alors comment nos métiers, qui forment 40 % des apprentis, seront-ils représentés ?"

Plutôt opposé à un transfert complet de l'apprentissage aux branches professionnelles, il n'est pas pour autant contre cette idée d'une gestion des CFA par des branches professionnelles, qui peut être "un élément intéressant" notamment dans la construction des diplômes et l'implication des entreprises. C'est d'ailleurs l'un des objectifs défendu la ministre du Travail Muriel Penicaud : que les formations répondent mieux aux attentes des entreprises.

Outil de développement du territoire

Mais cette perte de compétences pour la Région pourrait aussi avoir un impact sur l'aménagement du territoire. Selon la vice-présidente régionale, "dans un souci d'équilibre du territoire, nous ouvrons ou gardons ouverts des CFA à perte." La chambre des métiers du Rhône co-gère un CFA avec la CCI et fait partie du conseil d'administration du CFA SERP.

"Si ces deux établissements devaient uniquement compter sur la taxe d'apprentissage, ils seraient déficitaires et n'existeraient plus. Ils ont besoin de l'aide de la région", illustre Lucien Boiche. Dans la région, sur les 74 CFA, 63 sont soutenus à plus de 50 % par Auvergne-Rhône-Alpes.

 Alors plutôt que de voir un de ses prérogatives disparaître, Stéphanie Pernod-Beaudon proposent, au contraire, de "prendre toute la filière après le collège". Car "la vraie question est la formation. Et là, nous aurons un vrai levier."

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