Comment le genevois français veut peser dans la région

Le pôle métropolitain du genevois français est le quatrième pôle métropolitain de la région Auvergne-Rhône-Alpes. L'objectif de cet établissement public est de promouvoir le développement économique du territoire. Mais en réalisant cette transformation, le genevois français veut surtout s'imposer comme un acteur incontournable, tant auprès de Genève que de l'Europe, l'Etat ou la Région. Entretien avec son président Jean Denais, également maire de Thonon-les-Bains.

Acteurs de l'économie - La Tribune. La création du pôle métropolitain du genevois français, regroupant 8 intercommunalités entre l'Ain et la Haute-Savoie, a été officialisée début mai par le préfet. Quand ce projet a-t-il été lancé et quels en sont les objectifs ?

Jean Denais. Nous travaillons sur la création du pôle de façon plus active depuis deux ans. Mais l'idée a germé bien plus tôt, en 2010. A cette date, un amendement, notamment porté par les députés Etienne Blanc et Martial Saddier (actuellement vice-président à la région Auvergne-Rhône-Alpes, NDLR), a permis de modifier le texte sur les collectivités locales permettant la création de pôles métropolitains français.

Le pôle métropolitain du genevois français a été créé pour accompagner une dynamique territoriale. Il permet de mieux prendre en compte la réalité du genevois français, qui représente 120 communes réparties sur les départements de l'Ain et de la Haute-Savoie.

La création du pôle métropolitain est avant tout un changement de statut, puisqu'il vient remplacer l'ARC syndicat mixte. L'ancien statut n'était-il pas suffisant pour mener une politique territoriale ?

Depuis dix ans, d'importants travaux ont été engagés par l'ARC syndicat mixte et le Grand Genève sur le territoire. Toutefois, ce passage a pour visée de renforcer nos capacités d'action et de partenariats. Aujourd'hui nous sommes entrés dans le top 15 des aires métropolitaines françaises ce qui engendre une plus grande reconnaissance de notre territoire mais aussi une meilleure considération par l'Union Européenne, par l'Etat, la Région ou le Département. Mais également par nos partenaires suisses, que ce soit la confédération ou le canton de Genève. Ce pôle métropolitain n'est pas un échelon supplémentaire car il se substitue à l'ARC. Nous avons supprimé une structure, mais musclé une autre. L'ARC syndicat mixte pouvait porter des études. A terme le pôle métropolitain va être plus concret et même porter des investissements.

Le pôle métropolitain renforce en outre notre capacité d'action dans trois domaines que nous avons pour l'instant identifiés, mais qui peuvent être amenés à évoluer, à savoir la mobilité, l'aménagement du territoire et la transition écologique, ainsi que le développement économique et l'innovation.

Pourquoi avoir sélectionné ces trois domaines ?

Il est évident que le grand enjeu du territoire est la mobilité. Il devient nécessaire de s'organiser. Pour cette raison, nous envisageons à terme de créer une autorité organisatrice de la mobilité. Cela permet de prioriser les investissements, de développer l'offre de transports en commun, de la rendre plus lisible pour les usagers et d'accompagner le développement de nouvelles mobilités comme le covoiturage par exemple. Pour l'aménagement du territoire, nous souhaitons aller vers un schéma cohérent territorial (SCOT) unique. Du côté du développement économique et de l'innovation, l'idée est de mettre en place une démarche collective cohérente et promouvoir l'ensemble du territoire. Une démarche qui s'inscrit dans l'air du temps : à la région Auvergne-Rhône-Alpes, il n'existe plus qu'une seule agence économique.

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Plusieurs autres défis ont été identifiés comme la rénovation de la coopération métropolitaine du genevois français établi avec l'Etat et la région Auvergne-Rhône-Alpes afin d'accompagner les projets les plus structurants. Mais aussi le nouveau contrat politique du prochain gouvernement vaudois, en 2017, et genevois en 2018.

L'objectif est de faire ensemble ce que nous ne pouvons pas faire seuls. La volonté des élus est forte puisque lors de la première réunion de 2014, portant sur la transformation de l'ARC, le principe de passer en pôle métropolitain a recueilli l'accord unanime des huit intercommunalités, de la région Auvergne-Rhône-Alpes et des deux départements de l'Ain et de la Haute-Savoie.

Comment le Grand Genève a-t-il accueilli la constitution du pôle métropolitain ?

Le Grand Genève était demandeur depuis longtemps d'avoir un interlocuteur le plus fort possible. La finalité de notre démarche est bien le développement d'une agglomération internationale et de dimension européenne autour de Genève. Cette création n'est pas un aboutissement mais le début d'une nouvelle phase d'approfondissement des actions et des coopérations.

Le périmètre du pôle est-il amené à s'élargir ?

Le sujet n'est pas d'actualité. Nous avons travaillé pendant plus de deux ans pour mettre en place ce statut. Le temps est à l'installation. Alors dans les années à venir, il y aura peut-être des élargissements à la marge, mais pour l'instant, cela semble compliqué.

Il avait été annoncé que la région Rhône-Alpes allait investir 5 millions d'euros de crédits dans les grands projets du pôle. Ce montant est-il toujours d'actualité ?

Nous sommes en train de discuter sur les montants, mais nous sommes en période électorale donc il est compliqué d'avancer. Dans tous les cas, les subventions seront octroyées aux projets opérationnels, prêts à démarrer dans les prochaines semaines. Juste à titre d'indicateur, sur le genevois français, les collectivités français - que ce soit l'Etat ou les collectivités locales - ont, ou sont en train, d'investir 794 millions d'euros sur la mobilité.

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