Accès des jeunes à l'emploi : des résultats "décevants"

Des enquêtes conduites par la Cour des comptes et les chambres régionales des comptes pointent du doigt le manque d'efficacité des mesures prises en faveur de l'accès à l'emploi des 15-24 ans. Un bilan national qui se retrouve également en Auvergne Rhône-Alpes, où du fait de la multiplicité des canaux, les aides se concurrencent.

Des difficultés croissantes d'accès à l'emploi, des aides empilées, des instruments qui se concurrencent... Dans son dernier rapport rendu public mercredi 5 octobre, la Cour des comptes dresse un bilan mitigé des mesures prises en faveur de l'accès à l'emploi des jeunes.

Pourtant, le budget alloué à l'accompagnement des 15-24 ans est conséquent : la Cour des comptes l'évalue à 10,5 milliards d'euros en 2015. Des investissements élevés pour des "résultats décevants" juge-t-elle : le taux de chômage des jeunes est de 23 % contre 10 % tous âges confondus.

NEET

Une analyse qui se reflète également au sein de la région Auvergne Rhône-Alpes. Lors de leur enquête, sept territoires ont plus spécifiquement été observés. Parmi eux, Saint-Etienne dans la Loire, et Thiers, dans le Puy-de-Dôme.

"Rhône-Alpes est une région industrielle, où le taux de chômage est l'un des plus faibles mais depuis la crise, les embauches en intérim ont diminué. L'Auvergne a quant à elle un passé industriel douloureux", détaille Catherine de Kersauson, présidente de la chambre régionale des comptes Auvergne Rhône-Alpes.

Ainsi, en Rhône-Alpes, ce jeunes non-insérés - que l'on appelle les NEET pour Neither in Employment nor in Education and Training - constituent 15 % des jeunes habitants de la Région. Ils sont 18 % en Auvergne.

Superposition

Outre une précarité de plus en plus longue pour les jeunes, se sont surtout les empilements d'aides publiques qui sont pointées du doigt par le rapport.

"Les instruments forment un système compliqué à cause du nombre de dispositifs", estime Catherine de Kersauson.

En Rhône-Alpes, il existe 20 réseaux de l'orientation qui comptent ensemble 650 lieux physiques d'accueil, d'information et d'aide à la construction du projet professionnel. Dans cette région, la mise en place de ces dispositifs d'accompagnement de 15-24 ans représente un budget de 840 millions d'euros en 2015.

Surtout, dans certains cas, ces instruments peuvent se concurrencer. C'est le cas du contrat CARED (contrat d'aide et de retour à l'emploi) mis en place en Rhône-Alpes en 2005. Un dispositif similaire a été lancé depuis 2009 par Pôle emploi au niveau national.

"Si globalement la coexistence d'outils nationaux et locaux proches peut conduire à une prise en charge plus large des jeunes, encore que ce ne soit pas toujours le cas, elle affaiblit la visibilité de l'offre", peut-on lire dans le rapport.

"Nous ne critiquons pas le dispositif, qui est efficace, mais il aurait pu être mis en commun afin de simplifier le système", souligne Suzanne Kucharekoua-Milka, en charge de l'enquête au niveau de la Région.

Emplois "d'avenir" ?

Si la simplification est l'un des maîtres-mots de ce rapport, la formation en est un autre. Ou plutôt le manque de formation. "Celle-ci n'est pas systématiquement mobilisée, alors même que l'on constate que la formation est le critère d'accès à l'emploi. Les pouvoirs publics doivent mettre l'accent dessus", explique Catherine de Kersauson.

Lire aussi : L'apprentissage cherche un nouveau souffle

La Cour des comptes, ainsi que les chambres régionales, proposent par conséquent de privilégier l'apprentissage. Cependant, trouver un contrat est souvent difficile pour ces jeunes parfois éloignés de l'emploi.

"Nous proposons qu'une partie du budget alloué aux emplois d'avenir soit attribué à l'accompagnement de ces jeunes pour qu'ils continuent leur formation", détaille Suzanne Kucharekoua-Milka.

Si ces emplois dits d'avenir créés en 2012 "sont un bon outil pour raccrocher les jeunes à l'emploi, le parcours du jeune doit également être construit. Nous pourrions imaginer une année en emploi d'avenir, suivi d'un apprentissage", complète la présidente de la chambre régionale des comptes.

Mission locale

Or ces contrats aidés, et plus précisément les emplois d'avenir, sont souvent privilégiés par les missions locales, dont le fonctionnement fait également l'objet d'un éclairage. A Saint-Etienne, "en élargissant sa mission d'accueil et d'information, l'accompagnement professionnel est devenu faiblement intensif et indifférencié, quelque soit le dispositif". Un constat cependant différent à Thiers, où la mission locale a "construit une offre d'accompagnement à la carte."

Si les différents organismes concernés par ce rapport n'ont pas obligation de mettre en oeuvre les recommandations établies par la Cour des comptes, ils doivent y répondre dans un délai d'un an.

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