Chambre de métiers du Rhône, l'inamovible Alain Audouard

À la tête de la chambre de métiers et de l'artisanat du Rhône, Alain Audouard cultive sans mal l'image d'un président « à l'écoute », remarqué pour son sens du dialogue. Mais la personnalité de ce chauffeur de taxi, interroge. Pour se maintenir 15 années durant au pouvoir, il a dû ruser. Habile stratège, il ne cache (presque) plus ses ambitions politiques. En attendant de briguer, peut-être, un quatrième mandat.
Alain Audouard, président depuis 15 ans de la CMA 69.

Fils d'une famille engagée dans la vie politique et associative d'Écully (commune de la métropole de Lyon), Alain Audouard habite la fonction et porte l'image d'un président « à l'écoute », laissant toujours la porte de son bureau ouverte. Remarqué pour sa « gentillesse » et son sens du « dialogue », refusant d'être appelé « président », il reste une personne toujours aussi « simple », assure-t-il.

« Un titre est un titre. Cela n'a jamais rien changé dans mon activité », souligne-t-il.

Il a en effet conservé son activité de chauffeur de taxi, travaillant régulièrement de 3 h à 8 h du matin. Un capitaine qui conduit le navire CMA depuis plus de 15 ans, ayant su ruser, habile dans le maniement des méthodes politiques et des réseaux pour se maintenir au pouvoir. « J'ai appris, avoue l'artisan et désormais je me suis bien entouré avec des gens que j'ai choisis et une opposition constructive ».

« Il fait partie de ces personnages lyonnais qui ont ce même défaut de vouloir rester au pouvoir éternellement. Il ne sait rien faire d'autre. Heureusement, il peut compter sur son secrétaire général, tacle un chef d'entreprise engagé. Ajoutant : je ne suis pas certain que les créateurs d'entreprises aient envie d'être représentés par ces gens-là. »

alain audouard

Alain Audouard en compagnie du patronat lyonnais.

Écarté de la Cnams et de l'UPA depuis 2010, Alain Audouard vice-président de la Maison des taxis du Rhône (MTR), a su retrouver un accueil dans les rangs de la CGPME, auprès de son ami François Turcas et de ses nouveaux amis d'ADNA.

« Il est formidable, il est beaucoup plus soutenu qu'avant. Nous avons les mêmes grandes lignes de l'artisanat », décrit enjouée Andrée-France Contet, présidente d'ADNA.

"Pas un homme de dossiers"

Xavier Laroche, secrétaire général de la Chambre de métiers pendant plus de 20 ans, connaît bien l'intéressé et décrit un homme « convivial, mais pas un homme de dossiers. Il s'appuie beaucoup sur les techniciens ».

Sauf lorsqu'il s'agit du projet du déménagement à la Confluence ou des coopérations à l'étranger (notamment à Tombouctou, au Mali) qui lui valent des critiques sévères de ses anciens colistiers. « Il aime être sur les photos », « a pris goût aux voyages », mais « lorsqu'il s'agit de rentrer dans le fond des choses, il n'a aucune idée et n'y connaît rien ».  « Il ignore même le nom des collaborateurs de la chambre », ajoute, provocateur, un élu.

« Il est président de tous les artisans et il le fait bien », contredit Gabriel Paillasson, créateur de la Coupe du monde de la pâtisserie, partisan du consensuel.

L'est-il aussi dans sa propre famille des chauffeurs de taxi ? « Il est apprécié, mais d'aucuns pensent qu'il pourrait faire davantage », souligne Jean-Paul Durand, président de la MTR.

« Je défends mon cœur de métier autrement. Quand il y a une manifestation, je suis présent. Mais je préfère agir et arranger les choses auprès de mon réseau plutôt que de parler », répond Alain Audouard.

Ambition politique

Alain Audouard est donc devenu en quelques années celui « que l'on vient toujours chercher », comme il aime à rappeler. Mais après quoi court le chauffeur de taxi ? L'argent ? Peu probable, car contrairement à la présidence de la CCI, où la rémunération du président s'élève à 6 000 euros mensuels (les trois derniers présidents l'ont refusée), le président de la chambre de l'artisanat du Rhône perçoit « seulement » 1 500 euros nets. La fonction ?

« Je suis là pour travailler auprès des artisans uniquement. Parfois, elle me permet de côtoyer des hommes politiques et de faire avancer des dossiers plus rapidement. »

Le pouvoir ? « Cela ne me monte pas à la tête. » La politique ?

« Gérard Collomb m'a souvent proposé de devenir socialiste. Mais j'ai refusé. Quant à Laurent Wauquiez (candidat Les Républicains ayant remporté les élections régionales, NDLR), s'il me propose un poste éligible, j'y réfléchirai. Chaque chose en son temps. »

alain audouard

A la tête d'une grande chambre consulaire ?

Il ne sera finalement pas sur sa liste. Une porte ouverte pour celui qui ne cache plus ses ambitions politiques. En 2012, il est d'ailleurs devenu président du Comité de la Foire de Lyon, association propriétaire des terrains et bâtiments d'Eurexpo. Un poste stratégique et très politique dans la métropole de Lyon.

D'ici à quelque mois, Alain Audouard annoncera s'il se porte candidat pour un quatrième mandat. Sans aucun doute, si cela se confirme, il devrait partir sous l'étiquette ADNA, comptant sur le soutien infaillible d'Andrée-France Contet et du « rassembleur » François Turcas.

Ce dernier ne cachant pas l'ambition de voir Artisans de notre avenir prendre la tête de la chambre de métiers, dans le but non dissimulé, de créer une grande chambre consulaire réunissant la CCI et la CMA. Et dans le rôle du super président : Alain Audouard ?

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Commentaire 1
à écrit le 12/10/2016 à 13:32
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bonjour monsieur, j' ai vu qu' il faut signé , sous peine de nullité,mais où faut - il signé. merci de me répondre, je vous souhaite une bonne journée

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