
A Lyon, les véhicules les plus imposants seront pénalisés, d'ici mi-2024. Cette mesure choc fait partie d'une refonte de toute la matrice du stationnement payant. Elle va être revue, selon trois grand axes : « plus de simplicité pour les artisans, un tarif familial et solidaire pour les résidents et un tarif progressif en fonction de la durée, motorisation et poids des voitures », comme le détaille, sur Twitter, Valentin Lungenstrass, adjoint à la Ville de Lyon, délégué aux mobilités, à la logistique urbaine et aux espace publics.
Une politique de stationnement revue « afin de garantir un juste partage de l'espace public, de s'inscrire dans la politique de santé globale et de répondre à l'urgence climatique », détaille de son côté la Ville dans un communiqué.
Un tarif plus élevé pour 5% des automobilistes
Actuellement, en tant que résident lyonnais, il faut payer un abonnement de 40 euros par an pour prétendre au tarif préférentiel à prix unique des habitants (soit deux euros par jour, six euros par semaine 20 euros par mois).
Dès mi-2024, quand la nouvelle tarification prendra effet, les tarifs seront évolutifs. Les familles nombreuses (trois enfants et plus) et les foyers à plus faibles revenus pourront bénéficier d'un tarif solidaire de 15 euros par mois, quels que soient leurs véhicules - et leurs poids. « Cela concerne près d'un foyer lyonnais sur 2 et 60% des familles lyonnaises », selon la Ville. Les « véhicules thermiques de moins de 1.000 kilos (segment des petites citadines) » auront aussi droit à cette tarification à 15 euros.
Ensuite, ça se complexifie en fonction du poids des véhicules, qu'ils soient hybrides, thermiques ou électriques. Ces gros véhicules seront pénalisés, car ils occupent plus d'espace public et consomment davantage, en carburant ou en matériaux, du fait de leurs poids, mais aussi pour le danger qu'ils représentent pour les piétons en termes de taille.
Les véhicules électriques bénéficieront aussi du tarif à 15 euros par mois, sauf s'ils pèsent plus de 2.200 kilos. Dans ce cas-là, le tarif mensuel sera de 45 euros par mois.
Les véhicules thermiques de 1.000 à 1.725 kilos, ainsi que les hybrides rechargeables allant jusqu'à 1.900 kilos, devront payer un tarif « standard » de 30 euros par mois.
Les véhicules les plus imposants auront quant à eux un tarif « majoré » de 45 euros. On parle ici des véhicules thermiques de plus de 1.725 kilos et des véhicules hybrides rechargeables de plus de 1.900 kilos (et donc des véhicules électriques de plus de 2.200 kilos, cités plus haut).
En résumé, plus le véhicule est lourd, plus le tarif mensuel sera élevé, sauf pour les foyers les plus modestes, qui bénéficient d'office d'un tarif réduit.
« Face aux enjeux d'encombrement de l'espace public et d'urgence climatique, le constat est celui d'un alourdissement et d'un agrandissement des véhicules motorisés. C'est un constat souligné par la Convention citoyenne pour le climat et désormais intégré dans la loi. Ainsi, prendre en compte le poids des véhicules, en plus de la motorisation, pour la politique du stationnement permettra de créer une tarification plus juste pour notre espace public lyonnais », déclare l'adjoint au maire dans un communiqué.
Ce tour de vis supplémentaire intervient après l'interdiction de l'octroi d'une deuxième vignette stationnement par foyer, pris à l'automne dernier.
Les visiteurs aussi concernés
« En termes de répartition : 20% des automobilistes seront concernés par le tarif réduit, 75% par le tarif standard et 5% par le tarif majoré », détaille le communiqué. A noter que ce principe sera aussi appliqué pour les visiteurs. Dans un entretien accordé au Progrès, Valentin Lungenstrass explique aussi que cette nouvelle tarification signera aussi la fin des zones Presto (zones commerciales et fréquentées à fort besoin de rotation) et Tempo (zones plus tranquilles avec un tarif adapté jusqu'à trois heures).
« La grille sera équivalente pour les visiteurs sauf la partie sur la tarification familiale et solidaire. Tout sera fait d'une manière transparente, via la plaque d'immatriculation insérée sur l'application ou l'horodateur qui permettra de récupérer les données techniques du véhicule : le visiteur n'aura qu'à choisir sa durée », a expliqué l'élu au Progrès.
Le groupe d'opposition Droite, Centre et Indépendants pointait de son côté « des propositions [qui] manquent singulièrement de précisions notamment sur le critère de
solidarité et le nombre de personnes concernées. » Pareil concernant les tarifs visiteurs, la droite s'interroge : les nouveaux tarifs seront-ils plus près des zones Presto ou Tempo (moins onéreuses).
A Paris, l'idée de taxer les SUV avait été évoquée en janvier par David Belliard, vice-président écologiste d'Île-de-France Mobilités, dans un entretien à 20 Minutes, sans être mise en œuvre. Cette mesure fait d'ailleurs écho à la taxe instauré en 2022 sur la masse en ordre de marche (malus au poids), du gouvernement.
Cette refonte de la grille tarifaire comprend un volet spécifique pour les artisans, incluant un abonnement annuel pour les « métiers du dépannage urgent » (qui devaient auparavant prendre des tickets à l'heure), des tarifs préférentiels « pro chantier » et « pro artisan-commerçant ». Pour toutes ces grilles, les véhicules électriques auront droit à un tarif préférentiel. Concernant les professionnels de santé, ils ont déjà un abonnement en fonction du nombre de visites, mais la grille va être ouverte à de nouveaux métiers. A ce jour, les « modalités précises » sont en cours d'élaboration avec les chambres consulaires et les fédérations.Et les professionnels ?
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