5G à Lyon : SFR dévoile sa stratégie, qui vise d'abord à "désaturer les fréquences 4G"

INTERVIEW. Malgré le moratoire voté en septembre dernier par les élus de la ville, SFR a lancé ce lundi la commercialisation de ses offres 5G à Lyon, après Bouygues notamment. Son concurrent Orange ne s'y était quant à lui pas encore risqué, privilégiant le dialogue avec les municipalités ayant instauré un moratoire. Mais que signifie cette commercialisation sur une technologie encore en plein démarrage ? Etat des lieux du calendrier et des objectifs de ce déploiement, avec Cyrille-Frantz Honegger, délégué régional Centre-Est pour le groupe Altice France.
Ce n'est que lorsque la 5G sera vraiment installée que nous nous dirigerons vers des applications à usage industriel, explique le délégué régional Centre-Est pour le groupe Altice France, Cyrille-Frantz Honegger.
"Ce n'est que lorsque la 5G sera vraiment installée que nous nous dirigerons vers des applications à usage industriel", explique le délégué régional Centre-Est pour le groupe Altice France, Cyrille-Frantz Honegger. (Crédits : DR)

LA TRIBUNE AUVERGNE RHONE - ALPES - Vous annoncez ce lundi le coup d'envoi de la 5G à Lyon, quelques semaines après Nice, à la mi-novembre : comment se positionne la métropole lyonnaise au sein de votre stratégie pour le développement de cette nouvelle technologie ?

Cyrille-Frantz Honegger - Il faut tout d'abord rappeler que l'Etat a attribué, fin septembre dernier, les fréquences 5G à travers des contrats de location longue durée aux différents opérateurs, sur une durée de 15 à 20 ans. A partir de ce moment-là, nous pouvions déployer de nouvelles antennes et infrastructures pour porter ces fréquences.

Nous avons souhaité être le premier opérateur à ouvrir la 5G à Nice, qui était aussi la première ville couverte, tout opérateur confondu et nous sommes désormais engagés dans la poursuite de ce déploiement.

La métropole de Lyon se situe parmi les villes importantes pour nous en vertu de sa taille, mais également de notre présence sur ce territoire, puisque nous comptons sur le bassin lyonnais plus de 2.000 salariés et 16 boutiques.

On parle d'une course à la 5G qui démarre depuis quelques semaines au sein des différents opérateurs : pourquoi était-il déterminant de vous lancer avant la fin de l'année ?

SFR et le deuxième opérateur télécom français et il était important pour nous de déployer cette nouvelle technologie. La 5G va en premier lieu nous permettre de désaturer les fréquences 4G, qui connaissent aujourd'hui une explosion des usages.

C'est pourquoi nous avions besoin de nouvelles fréquences, afin de proposer un service de qualité à très haut débit, ainsi que par la suite, dans l'objectif de proposer de nouveaux cas d'usages, qui seront rendus possibles par un débit 10 fois supérieur à celui de la 4G, et qui pourront également servir les entreprises.

A Lyon cependant, le maire écologiste Grégory Doucet n'était toutefois pas de cet avis et avait déposé un moratoire, demandant des études complémentaires avant le lancement de la 5G...

Notre directeur général Grégory Rabuel est venu rencontrer le maire de Lyon, afin de lui expliquer notre vision et qu'il puisse aussi nous expliquer la sienne, car nous tenons à développer un lien avec toutes les collectivités, qui sont nos partenaires importants sur des sujets liés au développement de la fibre, et des réseaux télécoms en général.

Le maire de Lyon on a profité pour donner sa vision des choses, en souhaitant notamment que notre groupe participe en matière d'engagement sociétal, et s'engage sur des enjeux environnementaux et liés à la fracture numérique.

C'est déjà ce que nous faisons en partie à travers certaines actions en matière environnementale, mais aussi sur des sujets d'inclusion numérique, en accompagnant par exemple l'association Emmaüs Connect pour permettre aux personnes en difficulté d'accéder à des offres de télécommunication à tarifs solidaires.

Le maire de Lyon demandait notamment un délai afin d'étudier plus précisément les impacts de la 5G -ce à quoi un opérateur comme Orange avait annoncé la mise en place d'un dialogue qui se voulait avec les collectivités concernées par un moratoire, dont Lyon, Paris, Bordeaux, Lille, Nantes ou Strasbourg-. Pour quelle raison avez-vous choisi de passer outre ?

L'Etat nous a vendu une bande de fréquence, à hauteur de plusieurs centaines de millions d'euros, et il était important pour nous de la déployer sur du long terme et de commencer à avancer sur ce sujet.

Cette technologie a fait beaucoup d'encre, mais votre directeur général estimait que les polémiques allaient se tarir naturellement une fois la 5G installée. Est-ce finalement devenu un sujet plus polémique que celui de la 4G à l'époque ?

Je ne crois pas, car je me souviens que lors du déploiement en 2012, la technologie 4G suscitait elle-même des débats. Le 5G n'y échappe pas, et je crois que cela est normal car l'arrivée de chaque nouvelle technologie nécessite une forme de pédagogie et de prise en compte des opinions des uns et des autres.

Vous avez annoncé le démarrage de la commercialisation des premières offres ce lundi à Lyon, mais quel est le calendrier pour un déploiement complet à l'échelle de la métropole ?

Nous avons ouvert depuis hier un certain nombre de communes, situées autour de la métropole lyonnaise, comme Francheville ou Bron, qui bénéficient déjà du débit de la 5G. Mais ce déploiement va se faire de manière progressive, sur plusieurs années, avec une première étape fixée à fin février 2021, où près de 50 % de la population de la métropole lyonnaise sera en effet couverte par des offres 5G. Cet objectif se traduit par une première série d'une dizaine de sites à équiper environ, sur un total de 400 à l'échelle de la métropole de Lyon, qui compte 59 communes.

On a beaucoup parlé jusqu'ici des applications industrielles et médicales de la 5G : votre déploiement sera-t-il prioritairement dirigé vers des zones urbaines, voire des zones d'activités à vocation industrielle par exemple, dans un premier temps ?

Nous visons à terme l'ensemble des communes du bassin, mais nous avons commencé effectivement par le centre de Lyon ainsi que sa périphérie, pour avancer petit à petit ensuite.

Ce n'est que lorsque la 5G sera vraiment installée que nous nous dirigerons vers des applications à usage industriel, notamment sur des zones d'activité et des sites d'entreprises stratégiques. Pour l'instant, le principal objectif du déploiement en cours est déjà de désaturer le réseau 4G.

Ces travaux seront-ils soumis à des autorisations de la part des collectivités locales ? Dans quel cadre inscrivez-vous votre relation avec ses municipalités ?

Les collectivités doivent en effet se prononcer si le déploiement nécessite, par endroit, des modifications en matière d'urbanisme, comme de devoir créer par exemple de nouvelles antennes. Ce ne sont pas tous les sites qui le demandent, mais environ la moitié des cas de déploiement que nous allons rencontrer.

Le cadre réglementaire du déploiement de la 5G est cependant quant à lui régulé par l'État, dont les volets sanitaires sont régis directement par la loi. Les communes conservent, quant à elles, la compétence en matière d'urbanisme.

Quelle est l'enveloppe d'investissements nécessaires pour un opérateur comme le vôtre, à l'échelle du bassin lyonnais ?

Nous pouvons simplement dire que nous en sommes à plus de 2 milliards d'euros investis sur la fibre et le mobile, à l'échelle des nouveaux déploiements réalisés par le groupe SFR. Tous opérateurs confondus, cette somme passe à 10 milliards d'euros par an.

La 5G constitue bien entendu un gros sujet, mais nous avons également des enjeux autour du déploiement de la fibre, afin de l'amener au sein des territoires ruraux comme l'Isère ou le Tarn.

A ce titre, le programme New Deal Mobile du gouvernement français - qui engage les quatre opérateurs français aux côtés de l'Etat depuis 2018 en vue de proposer une couverture totale du territoire en 4G pour lutter contre les zones blanches - prévoit notamment un gros programme d'investissement dans la création de nouveaux sites, nécessitant une meilleure couverture en milieu rural.

La 5G se rendra-t-elle au sein des territoires ruraux à terme également ?

Nous déploiement se déroulera d'abord au sein des métropoles, mais il se prolongera en effet au sein des territoires par la suite. Le plan de déploiement d'une technologie comme la 5G est prévu pour s'échelonner  sur trois à cinq ans.

Le gouvernement a d'ailleurs prévu, au sein des licences octroyées aux opérateurs bénéficiaires, que ceux-ci s'engagent à couvrir des territoires moins urbains dès 2024.

Quelle sera votre politique commerciale sur ces nouvelles offres et comment se comporte la demande, au lendemain du lancement de ces nouveaux forfaits à Lyon ?

Les offres liées à la 5G coûteront cinq euros de plus que les offres traditionnelles, et nécessiteront d'avoir un téléphone compatible 5G, que plusieurs fabricants proposent déjà.

La demande pour ces nouveaux forfaits démarre en effet fortement, à travers notre réseau de 16 magasins au sein de la métropole lyonnaise.

Les clients ont aujourd'hui conscience que la 5G va arriver prochainement et ils souhaitaient généralement eux-mêmes opter pour un téléphone compatible, dans le cadre du renouvellement de leur forfait.

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