Le diagnostic ferroviaire qui sera soumis à l'assemblée régionale Auvergne Rhône-Alpes présidée par Laurent Wauquiez (LR), ce jeudi, est focalisé sur les 22 lignes voyageur classées de 7 à 9 (petites lignes ou à faible trafic). L'état des lieux effectué par SNCF Réseau, en lien avec le CPER (Contrat de plan Etat Région) chiffre les travaux à envisager pour conserver les performances actuelles de ce réseau d'irrigation du territoire à quelque 760 millions d'euros pour la décennie (2015-2025). Et plus de 400 millions sont à mobiliser sur le CPER 2015/2020.
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Ce montant, calculé sur la base d'une estimation sommaire des investissements nécessaires, est supérieur de 220 millions aux 540 millions d'euros investis lors de la décennie précédente. Sont concernés par cette revue, 1400 kilomètres de lignes : 812 en Auvergne (62 % du linéaire total ) et 524 en Rhône-Alpes (20 %).
Menace d'arrêt d'exploitation en l'absence de travaux
L'avertissement est clair : "cette étude montre qu'en l'absence de renouvellement à court terme, une baisse progressive de la performance de lignes, voire une suspension de l'exploitation dès 2016, pour certaines sections sont à envisager".
Pour les mesures à court terme, SNCF Réseau dit s'être organisé pour mener à bien les chantiers sans contraintes d'exploitation sur le réseau en 2016 et 2017 "sous réserve d'engagements financiers confirmés".
Il est bien stipulé que dorénavant les besoins de renouvellement des lignes 7 à 9 doivent être systématiquement cofinancés "avec une implication forte des partenaires", territoriaux. Dans le cas contraire "celles-ci poursuivront leur vieillissement jusqu'à un arrêt d'exploitation".
Voie, ouvrages d'art et signalisation.
En ce qui concerne la méthodologie, il est indiqué que le diagnostic, effectué au cours du troisième trimestre 2015, donne une vision quasi exhaustive des voies (ballast, rails, traverses) pour les cinq ans à venir, en particulier. Pour les ouvrages d'art et les ouvrages en terre, qui datent souvent de la construction des lignes, "il n'a pas été possible d'évaluer dans le cadre du diagnostic l'exhaustivité de la problématique", du fait de leur nombre.
A titre d'exemple, 362 ouvrages d'art et 34 ouvrages en terre sont recensés sur l'axe Lyon-Paray-le Monial, ligne Lozanne-Chaufailles. Quant à la signalisation, les investissements sont impératifs car il en va de la sécurité.
Sur certaines lignes la décroissance du trafic a généré une utilisation insuffisante de l'infrastructure conduisant potentiellement à des dysfonctionnements : non reconnaissance du passage des trains, notamment en Auvergne (phénomène de déshuntage).
Gare de Lozanne
Entrons dans le détail de quelques-unes de ces lignes fragilisées en commençant par Rhône-Alpes. Sur l'axe Lyon-Paray le Monial, ligne de Lozanne à Chauffailles, deux zones sont jugées particulièrement critiques. Il en va ainsi de la portion entre Chamelet et Lamure sur Azergue, dans le Rhône, "où l'état de la voie conduira à une suspension d'exploitation au plus tard en 2017" et de la gare de Lozanne, dans le Rhône.
Sur la ligne Bourg-Oyonnax-Saint-Claude, la voie sur la section Oyonnax-Dortan n'est plus pérenne et la limitation de vitesse (pour atténuer l'usure) arrivera en fin de vie à l'horizon 2020. De plus le système de signalisation est jugé proche de l'obsolescence entre Oyonnax Saint-Claude (Jura).
Exploitation dérogatoire
Sur l'axe Le Puy-Saint-Etienne "3 zones sont caractérisées par un état de l'usure du rail très prononcé conduisant à l'application de limitation permanente à 40 km/heure".
Dans l'Ouest lyonnais, la branche Tassin-Lozanne est fortement dégradée. Et un renouvellement de la voie à hauteur de 18 millions d'euros sera nécessaire à moyen terme, peut-on lire. Sur l'axe Valence-Gap-Livron-Die-Aspres, il est notamment précisé, qu'entre Die et Aspres certaines zones sont exploitées "de manière dérogatoire et que cette dérogation arrive à échéance en 2017".
Traverses en bois
En Auvergne, "il n'existe que peu de lignes réellement immunes de ralentissement potentiel dans la durée", avertit le rapport. Les études préliminaires du plan Auvergne en 2008 avaient identifié un besoin de régénération de 518 millions d'euros que le plan rail a couvert à hauteur de 213 millions correspondants aux actions les plus urgentes.
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Il reste donc 431 millions d'euros à investir. Des points de grandes faiblesses sont relevés dans les "zones gares" où les traverses sont en bois. Sont notés aussi des problèmes d'usure du rail en cours de développement sur plusieurs lignes : Clermont-Aurillac, Clermont- Volvic, Lapeyrouse-Gannat, Gaillac-Viescamp, Aurillac-Brives, Aurillac-Figeac ou encore Aurillac-Arvant. Et la gare de Massiac (Cantal) devra être traitée en urgence 0 avant 2019. En gare de Langeac, en Haute-Loire, le système de signalisation, d'une technologie obsolète, doit être surveillé.
Hiérarchisation des actions
En conclusion, au regard des besoins d'investissements et du volume des travaux une hiérarchisation des actions "apparaît nécessaire". L'étude propose que soient prises en compte "une vision prospective de l'évolution de la mobilité ainsi que la capacité à mobiliser un financement".
La plupart des territoires bénéficie aujourd'hui d'une offre de mobilité diversifiée et multimodale est-il observé. Les temps ont changé à tous égards, mais les arbitrages ne seront pas simples.
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