Auvergne : année catastrophique en vue pour les constructeurs de maisons neuves

L'an dernier, le Puy-de-Dôme a enregistré une baisse de 17% des constructions de maisons individuelles. La chute a même été de 38% sur le dernier trimestre par rapport à l'année précédente. Et la tendance est identique dans les autres départements auvergnats. Un effondrement lié à une conjonction de facteurs tous défavorables : durcissement des conditions d'accès aux crédits immobiliers, flambée des coûts des matériaux et rareté des terrains. Le secteur du bâtiment craint le pire pour les prochains mois.
Les constructeurs de maisons individuelles s'attendent à une année très compliquée avec des baisses de volume d'activités jamais rencontrées jusqu'à présent.
Les constructeurs de maisons individuelles s'attendent à une année très compliquée avec des baisses de volume d'activités jamais rencontrées jusqu'à présent. (Crédits : tradimaisons)

Sylvain Massonneau s'attend à une année noire... Ce dirigeant du groupe Tradimaisons, situé à Clermont-Ferrand, est alarmiste. Selon lui, 10 à 20% des acteurs de la construction individuelle pourraient mettre la clé sous la porte dans les prochains mois en Auvergne. En cause, une accumulation de difficultés, à commencer par le durcissement des conditions d'accès au crédit immobilier. La frilosité des banques et l'augmentation des taux d'intérêt freinent de nombreux ménages dans leurs acquisitions. Et la hausse du prix des matières premières pénalise aussi le secteur.

« Au total, les matériaux, que ce soit le béton, le plâtre ou le bois, me coûtent 32% de plus qu'il y a un an et demi. Et on ne voit pas d'accalmie sur l'acier ou le vitrage, car leurs productions nécessitent beaucoup d'énergie » explique Sylvain Massonneau, également vice-président du pôle habitat pour la fédération française du bâtiment.

Résultat, les projets sont reportés ou avortés, car ils ne sont pas à la portée de tous. Ce constructeur est ainsi passé d'une centaine de maisons construites par an à 70 l'an dernier et il redoute de n'avoir qu'une cinquantaine de commandes cette année.

Projets revus à la baisse

Dans d'autres cas, ce sont les ambitions qui sont revues à la baisse remarque André Parat, responsable commercial pour Les Maisoniales, entreprise implantée dans la Loire et la Haute-Loire.

« Certains acquéreurs sont contraints de réduire la taille de la maison. Dernièrement, des clients ont décidé de ne faire que trois chambres au lieu de quatre et d'enlever certaines prestations. On est passé de 270.000 à 250.000 euros. »

Mais pour ce professionnel, la situation n'est pas la même partout. Lui note une baisse du volume de constructions surtout dans la Loire, moins en Haute-Loire. « C'est principalement dû au fait que les terrains sont plus nombreux et restent encore accessibles en Haute-Loire. Autour du Puy-en-Velay, on peut trouver 2000 m2 pour 50 000 euros. Alors que dans la périphérie de Saint-Etienne, c'est plutôt 100 000 euros les 300m2. » La rareté des terrains fait en effet exploser les prix, ce qui n'arrange rien à la situation.

« Il faudrait libérer du foncier or certains élus choisissent de verdir les PLU (plans locaux d'urbanisme), ce qui fait qu'il y a moins de terrains constructibles. Des collectivités, comme la Métropole clermontoise par exemple, anticipent le ZAN, le zéro artificialisation nette (qui vise à limiter l'étalement urbain d'ici à 2050) » regrette Jean-Christophe Pagesse, le président départemental de la branche constructeurs de la fédération française du bâtiment.

Conséquence : les ventes de maisons individuelles neuves s'effondrent. Sur les mois de novembre, décembre et janvier, le nombre de permis de construire a chuté de 38% dans le Puy-de-Dôme par rapport à la même période de l'année précédente. C'est -36% pour l'Allier et même -43% pour le Cantal selon les données du Ministère de la transition écologique.

Lire aussiImmobilier : comment les promoteurs se démènent avec la « zéro artificialisation nette » (ZAN)

Menaces sur l'emploi

Et cela n'est pas sans conséquence pour les professionnels du bâtiment. « Un de mes collègues clermontois qui dirige une petite société de construction de maisons vient de se séparer de deux commerciaux. Un autre a licencié un conducteur de travaux, des salariés pourtant compétents. C'est catastrophique », témoigne Jean-Christophe Pagesse. Pire, le secteur craint qu'il y ait des faillites.

« Je ne connais pas un constructeur qui n'est pas contraint de piocher dans ses réserves en ce moment », poursuit dépité le dirigeant issoirien.

Sylvain Massonneau confirme. Ce dirigeant clermontois avoue même perdre de l'argent sur certains chantiers : « On tape dans notre bas de laine. Mais cela ne pourra pas durer des mois comme ça. Il faut une relance du secteur sinon certains opérateurs auvergnats vont disparaître. Nous ne sommes plus dans une zone de turbulences, nous sommes en pleine tempête ». Et ces professionnels se disent inquiets pour les ménages français qui ne pourront pas se loger.

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Commentaires 3
à écrit le 25/03/2023 à 6:06
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il est évident que l'on ne peut pas construire à "l'infini".... il faut penser à la rénovation et à la réhabilitation des centres ville ....il suffit de regarder les traversées des pays .... mais cela a un coût et il faut du personnel compétent ........

à écrit le 24/03/2023 à 14:37
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Vu la laideur des constructions neuves , c'est une bonne chose!

à écrit le 24/03/2023 à 11:33
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Merci Macron, le "Mozart de la finance" qui ne fait entendre qu'un bruit de casseroles, et son brillant second, Bruno Lemaire, l'homme qui voulait faire s'effondrer l'économie Russe, et qui s'étant trompé de cible, a juste effondré l'économie frança...

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