Le personnel psychiatrique en colère contre les coupes budgétaires

Une centaine de professionnels de la psychiatrie a manifesté ce lundi midi devant l'Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes. Ils dénoncent les coupes budgétaires, qui entraînent la restructuration d'unités mais aussi la fermeture de centres médico-pshychologiques, jalons essentiels de la psychiatrie de proximité.
La manifestation s'est déroulée dans le calme au pied de l'ARS. Mais les revendications restaient fermes.

Le slogan "psychiatrie en colère" résonne au mégaphone. Dans le même temps, Caroline* agite une maracas rouge de sa main droite. Dans la gauche, elle tient une pancarte à la formule évocatrice : "La productivité c'est pas (bon) pour la santé". Psychiatre à l'hôpital du Vinatier depuis six ans, elle fait partie de la centaine de professionnels de la psychiatrie qui manifestait ce lundi midi à Lyon, au pied de l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes, afin de dénoncer les coupes budgétaires ainsi que les restructurations dans les établissements de la région.

De fait, l'hôpital psychiatrique Le Vinatier, situé à Bron, doit mettre en place un plan d'économies de 3,5 millions d'euros supplémentaires en 2017, selon la section syndicale CGT de l'établissement. Il engendre non seulement la restructuration d'unités, mais aussi la fermeture de centres médico-pshychologiques.

"Nous devons défendre cette psychiatrie et pédopsychiatrie de proximité car elle est nécessaire pour les familles. Cette baisse des budgets n'est pas nouvelle, mais elle s'est accélérée ces dernières années", explique Caroline, dénonçant l'existence d'une "logique de rentabilité, dans des locaux par exemple. Beaucoup ferment, si bien que certains collègues ne savent pas dans quelle unité ils travailleront en septembre.

Une incertitude et une dégradation des conditions de travail qui a des répercussions directes sur la prise en charge et l'accompagnement du patient.

Rentabilité

Mais cette situation n'est pas cantonnée au seul cas du Vinatier. Abritées à l'ombre du bâtiment, et vêtues de leur chasuble rouge CGT, Delphine et Monique, toutes deux assistantes sociales au sein de l'établissement de santé mentale Porte de l'Isère à Bourgoin-Jailleu, déplorent "la dégradation des conditions de travail, la diminution du nombre de médecins-psychiatres mais aussi la fusion des structures." "Il ne faut pas créer de grands centres, l'ARS n'est pas à l'écoute des professionnels de terrain", fait savoir Monique, qui travaille depuis 29 ans au sein de l'établissement. Il gère également depuis début janvier l'activité psychiatrie du centre hospitalier de Vienne. "Avec la loi HPST, renforcée par la loi Santé de 2016, la gestion des hôpitaux se fait comme pour une entreprise, avec la nécessité d'équilibrer le budget à tout prix. Or, le personnel est la variable d'ajustement."

"Nous sommes dans une souffrance éthique car nous ne pouvons plus exercer nos métiers comme on nous l'a appris", ajoute-t-elle.

Malaise général

A l'origine de ce mouvement de grève, qui s'était déjà traduit par plusieurs journées de mobilisation début avril, une pétition signée par quelque 180 médecins-psychiatres du Vinatier puis de Saint-Jean-de-Dieu en fin d'année dernière. Marc Savey est l'un d'eux. "Je me suis mobilisé après avoir vu mes jeunes collègues de l'hôpital démissionner en chaîne. Je me suis dit que ce n'était pas possible de continuer ainsi", se souvient-il.

Une mobilisation qui peut paraître anecdotique mais ce soutien est de poids pour l'ensemble du personnel hospitalier. "Pour la première fois, tous les métiers sont réunis mais aussi la plupart des établissements (Vienne, Bourgoin-Jailleu, Saint-Jean-de-Dieu, Saint-Cyr, Saint-Egrève, Le Vinatier), ce qui montre le malaise général", indique Mathieu Berquand-Merle, infirmier et secrétaire CGT au Vinatier. Pourtant, selon lui, les discussions avec l'antenne régionale de l'ARS n'ont rien donné. Contacté, le directeur du Vinatier, Hubert Meunier "estime ne pas être habilité à formuler un commentaire local à une action intersyndicale inter-établissements auprès de l'ARS."

Toutefois, les professionnels de la psychiatrie ne comptent pas s'arrêter là. "Nous allons nous rencontrer avec les autres établissements et donner une suite à la mobilisation", indique Mathier Berquand-Merle.

* Le prénom a été modifié.

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