Thermalisme : les cures de prévention, un nouveau business ?

La prévention, souvent mal considérée, permet de réduire les dépenses de santé. Et le thermalisme participerait à cela : essentiellement utilisé dans une perspective curative, lors de cures conventionnées, il pourrait grandement jouer dans le champ de la prévention. Et offre donc des perspectives de business alléchantes, alors que la région Auvergne Rhône-Alpes veut faire du thermalisme un levier économique.

Rhumatologie, dermatologie, gynécologie, phlébologie mais aussi traitement des affections digestives, respiratoires, urinaires et même psychosomatiques. Nombreuses sont les orientations thérapeutiques affichées par les établissements thermaux auvergnats et rhônalpins. Depuis 2005 l'Association Française pour la Recherche Thermale (AFRETH) a à cœur de démontrer l'efficacité médicale des cures thermales, et une vingtaine d'études scientifiques menées avec des équipes universitaires au sein de laboratoires académiques ont été publiées.

"Toutes ces études explorent les mécanismes de la cure thermale sur telle ou telle pathologie, qu'il s'agisse de troubles d'anxiété générale, d'insuffisance veineuse lymphatique chronique, de psoriasis ou de cancer", explique le Pr Christian-François Roques, président du conseil scientifique de cette association dotée d'un budget de recherche annuel de 1,2 à 1,5 million d'euros.

Preuve est à présent faite - entre autres - qu'une cure thermale est souvent plus efficace que des antidépresseurs dans un syndrome de dépression.

"Le dénominateur commun pour l'ensemble des pathologies est la mise en place d'un programme d'éducation thérapeutique" indique-t-il, soulignant que le contexte de la cure est idéal pour ce faire.

Au départ spécialisé en médecine physique et de réadaptation, le Pr Roques rappelle que le trio d'outils thérapeutiques repose sur la combinaison de l'eau, de la chaleur et du mouvement. "La rééducation a souvent commencé en station thermale, et on découvre aujourd'hui l'intérêt du thermalisme également pour l'accompagnement du vieillissement, en agissant sur la prévention du déclin cognitif et de l'activité physique", observe-t-il.

Du curatif au préventif


"Le thermalisme répond à des enjeux de santé publique", affirme Frédéric Bonnichon, maire de Châtel-Guyon et conseiller régional, pilote du groupe de projet thermalisme, une priorité de la politique régionale pour laquelle l'exécutif présidé par Laurent Wauquiez (LR) finance un plan à 20 millions d'euros.

"Notre objectif de transformer nos stations thermales en stations de Pleine Santé de nouvelle génération est un projet touristique qui concerne tout autant la diététique que le mieux-être", poursuit-il.

Lire aussi : Thermalisme : le plan à 20 M€ va-t-il booster la filière régionale ?

La motivation est grande en effet pour les professionnels du thermalisme d'élargir la clientèle sachant que 100 curistes supplémentaires génèrent 10 nouveaux emplois. Si 95 % des visiteurs des stations thermales viennent aujourd'hui dans le cadre de cures conventionnées, financées à hauteur de 600 euros pour 3 semaines par la sécurité sociale (avec un reste à charge de 18 euros pour la personne), l'objectif affiché est d'atteindre à terme aux thermes un visitorat à 50 % touristique. Ce en touchant une clientèle convaincue de l'intérêt de la prévention pour atteindre et maintenir un état de "pleine santé".

Pour séduire cette clientèle, outre des cures conventionnées "Post cancer du sein", "Surpoids et rhumatismes" ou "Fibromyalgie", sont désormais proposés des séjours "Santé & Oxygène", "Equilibre du diabète" ou encore des mini-cures "Spéciale Dos" ou "Forme & Détente".

"Ces nouveaux formats de cures sont très importants et appelés à évoluer" déclare Danielle Faure-Imbert, présidente de Thermauvergne et 1re adjointe au maire de Châtel-Guyon, soulignant que du concept de "bien-être" on glisse aujourd'hui vers celui du "mieux-être", avec une évolution progressive de la notion de santé vers la prévention.

 Innovatherm, le cluster thermal d'Auvergne

Créé en octobre 2013 et alors labellisé par le conseil régional d'Auvergne, le cluster recherche et innovation Innovatherm réunit les structures thermales d'Auvergne, la Fédération Thermauvergne, des laboratoire de recherche auvergnats, le Centre d'Oncologie Jean-Perrin, mais aussi des partenaires hôteliers des thermes (groupement Thermhôtel) et le GIE Auvergne Thermal Qualité.

Lire aussi : Comment la région fait du thermalisme un nouveau levier touristique

Objectif premier : développer des produits, des soins ou des programmes de prévention santé transversaux, validés scientifiquement, basés sur l'activité physique, la nutrition, l'éducation thérapeutique (à l'instar du programme d'éducation thérapeutique pour prévenir l'arthrose par exemple).

Autre objectif : envisager d'autres formes de valorisation de la ressource thermale, dans des domaines allant de l'agro-alimentaire à la cosmétologie, en passant par la beauté, le tourisme ou encore les énergies renouvelables (avec la géothermie).

A la question de l'économie générée par la prévention, Nicolas Daragon, vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, délégué au tourisme et au thermalisme, répond :

"L'évaluation de l'efficacité des programmes de prévention sur les dépenses de santé va faire partie intégrante du Plan thermal régional pour des stations thermales de pleine santé ...et il y a un vivier formidable pour faire des études avec le concours de l'AFRETH".

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