Vallée de la Chimie : « La responsabilité de la Métropole c'est aussi d'accompagner la transformation et la décarbonation » (Émeline Beaume, Métropole de Lyon)

LYON BUSINESS. Si la police de l'environnement est une compétence d’État, la Métropole de Lyon a néanmoins des responsabilités vis-à-vis de la Vallée de la Chimie, comme le rappelle Émeline Beaume, vice-présidente de la Métropole de Lyon à l'économie, l'emploi, au commerce et à la commande publique. La collectivité accompagne la zone industrielle vers la décarbonation de ses pratiques concernant l'eau, l'énergie, la matière et les matériaux. En même temps, elle travaille aussi sur l'impact des activités industrielles sur la population et l'environnement.
(Crédits : DR Capture écran)

Dans le bassin lyonnais, la Vallée de la Chimie, pèse environ 500 entreprises (dont 7 sites Seveso de seuil haut), 10.000 emplois industriels, 2.500 chercheurs et 7 centres de R&D... Le tout réparti sur 13 communes. Il y a plus de dix ans, le Grand Lyon a créé la Mission Vallée de la Chimie pour donner une direction commune à cet écosystème.

La Mission Vallée de la Chimie, c'est « une équipe dédiée à la transformation des activités productives du territoire. [...] La responsabilité de la Métropole c'est bien-sûr d'être au contact, via Mission Vallée de la Chimie, des hommes et des femmes qui travaillent sur ces installations, mais c'est aussi de pouvoir accompagner la transformation et la décarbonation de l'eau, l'énergie, la matière et les matériaux de l'ensemble du territoire », définit Émeline Beaume, vice-présidente de la Métropole de Lyon à l'économie, l'emploi, le commerce et la commande publique.

Ironie de la situation : à noter, qu'hier, pendant le passage d'Émeline Beaume dans Lyon Business, une fuite de trifluorure de bore (un gaz mortel si inhalé) a été détectée sur le site d'Arkema à Pierre-Bénite. « Les autorités compétentes (DREAL, mairie, Secours extérieurs) ont été informées, et des investigations sont en cours pour déterminer les circonstances exactes de cet incident », a indiqué Arkema.

17 millions d'euros d'investissement

Depuis l'arrivée des Écologistes à la tête de l'exécutif métropolitain, cette Mission - dont Amandine Jacquet a pris la tête fin 2021 - a d'ailleurs pris une nouvelle direction. « Oui, la feuille de route a évolué. On a traversé une époque où Gérard Collomb a fait venir et a maintenu des grands comptes. Ensuite, s'est posée la question de comment on travaille plus et mieux sur les fonciers vacants, avec le fameux "Appel des 30", avec David Kimelfeld. Et nous, nous avons posé comme acte fort l'accompagnement de la transformation des activités productives. »

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Émeline Beaume rappelle par ailleurs que « les centres de décisions des entreprises de la Vallée de la Chimie ne sont pas ici. On peut user de toute notre influence, mais finalement ça ne se décide pas là. Par contre, nous avons une responsabilité à baisser l'empreinte matérielle du territoire et donc de le faire avec ces gros porteurs. »

Dans ce sens, un « Pacte pour l'impact » a été signé à l'occasion du salon Global Industrie, en mars dernier, entre les industriels et la Métropole de Lyon. Il s'agit, à travers ce pacte, de « se donner les moyens ensemble de transformer la Vallée de la Chimie et aller chercher l'Ademe pour faire ensemble une zone industrielle bas-carbone. L'objectif c'est d'être retenu par l'Ademe [dans le cadre de l'appel à projet Zones Industrielles Bas Carbone (ZIBaC)] pour travailler sur les volets énergie, eau, matière, matériau, à partir de la fin de l'année civile 2023. »

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Dans sa programmation pluriannuelle d'investissements 2021-2026 la Métropole de Lyon a d'ailleurs consacré 17 millions d'euros pour accélérer la transition écologique de la Vallée de la Chimie. Une somme fléchée, par exemple, vers des dispositifs communs de traitement et de filtration de l'eau, vers l'hydogène vert, les matières et matériaux et la mutualisation.

Impacts sur la population

En mai 2022, le reportage « Vert de rage » de France 2 réalisé en collaboration avec Envoyé spécial avait révélé la présence de perfluorés (PFAS) dans les environs de plusieurs sites industriels de Pierre-Bénite (Rhône) dans l'eau, l'air et le sol. Plusieurs prélèvements ont été faits depuis. La préfecture du Rhône déconseille notamment de consommer des œufs de particuliers sur certaines communes du sud de la Métropole. Au mois de mars, la Métropole a décidé de lancer une étude de quatre ans pour mieux connaître les impacts de cette pollution industrielle. En attendant, d'autres actions sont mises en place par le Grand Lyon en ce qui concerne l'eau et l'accompagnement des entreprises.

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« La pollution est là de fait, depuis de nombreuses années, donc la responsabilité de la Métropole - au nom de sa compétence eau et de son envie d'agir autour de la santé et de l'environnement - est de porter une étude d'imprégnation avec des gens sérieux qui ont déjà du vécu, comme l'institut éco-citoyen de Fos-sur-Mer. Mais aussi avec les opérateurs sur le terrain, à savoir le pôle de compétitivité Axelera, qui accompagne les opérateurs à être plus au clair sur leur usage de l'eau quantité et traitement et le Clara, collectif territorial sur l'oncologie, pour arriver à détecter si ces perfluorés sont à l'origine d'une diversité de pathologies. Ce travail de longue haleine, précieux et précis, est de notre responsabilité. Il nous permettra aussi de faire du plaidoyer à l'échelle nationale, pour le projet de loi Industrie verte, étudié à l'heure actuelle, et sur l'évolution de la position européenne autour de REACH [réglementation européenne sur les produits chimiques]. »

Mais aussi de rappeler : «  La Métropole a fait le choix du travail au long cours. Je rappelle que la police de l'environnement, c'est l'État. Depuis une dizaine d'années, il a réduit les effectifs des inspecteurs, qui vont sans prévenir dans ces entreprises et observent les dysfonctionnements et qui rendent compte aux organisations pour qu'elles se remettent en cause. »

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Parmi les dossiers sur la table depuis l'arrivée d'Amandine Jacquet à la tête de la Mission Vallée de la Chimie se trouve la mise en place effective du plan de prévention des risques technologiques et l'information de la population pour les travaux (PPRT). Un dossier suivi conjointement entre État et Métropole, qui prévoit notamment le changement des fenêtres des habitants de ce bassin de vie. « Ça suit son cours », affirme la vice-présidente.

L'industrie et particulièrement la chimie sont des gros consommateurs d'eau. La question de la gestion et du partage de l'eau est donc aussi centrale, d'autant plus avec la forte sécheresse de 2022 et l'état de vigilance déclaré dans le Rhône dès le mois de mai de cette année.  « La responsabilité de la Métropole est de parler aux opérateurs économiques, comme France Chimie et Axelera. Et aussi en accompagnant avec des éco-incitations, donc une aide à l'investissement, toutes les entreprises TPE, PME, PMI à changer leur processus productif pour consommer moins d'eau. C'est à l'œuvre et on le votera en septembre. »

Retrouvez l'intégralité de l'interview ici.

Un décideur chaque semaine

Pour rappel, le groupe La Tribune et BFM Lyon s'unissent depuis la rentrée dernière pour vous proposer, à travers l'émission Lyon Business (tous les mardis à 17h45), l'interview d'un décideur de l'économie lyonnaise au cœur de l'actualité.

Une occasion de décrypter ensemble les enjeux des dossiers et tendances de l'économie locale, animée par Élodie Poyade pour BFM Lyon et Marie Lyan pour le bureau Auvergne Rhône-Alpes du journal La Tribune.

Une émission à retrouver en direct et en replay sur la chaîne BFM Lyon, disponible sur le canal 30 de la TNT et sur les chaînes 479 (box SFR), 315 (Bouygues) et 915 (Free), ainsi que sur le bureau Auvergne Rhône-Alpes de La Tribune.

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