Dans un contexte où les crises se succèdent depuis 2020, Bpifrance en région Auvergne Rhône-Alpes a fait le choix de se concentrer en priorité sur la transition énergétique, le soutien à l'innovation et à l'industrie.

« Début 2021, on a eu beaucoup de produits de crise, comme les PGE (prêt garanti par l'État), les prêts Tourisme et Montagne. Jusqu'à l'automne, on a eu une activité forte et en croissance, portée par la sortie de Covid. Nous avons eu beaucoup de projets d'investissement, ou pour partir à l'international. Après, il y a eu les premiers impacts de la guerre en Ukraine et la crise énergétique. Les entreprises étaient un peu plus attentistes », a déclaré Yvan Demars, directeur régional Bpifrance Auvergne-Rhône-Alpes, lors de la présentation du bilan 2022 de l'antenne régionale.

 +57% de financements pour l'innovation

En 2022, Bpifrance AuRA a donc soutenu 12.006 entreprises à hauteur de cinq milliards d'euros, « permettant de mobiliser onze milliards d'euros de financements publics et privés. »  Cela inclut aussi 1,4 milliard d'euros de prêts injectés dans 1.708 entreprises afin de financer des projets de développement. C'est plus que l'an passé, avec 9.922 entreprises soutenues à hauteur de 4,1 milliards d'euros.

Un contexte qui force à soutenir l'innovation, selon Yvan Demars : « Dans les à-coups de l'économie, les entreprises qui passent le cap sont celles qui ont innové et se sont développées à l'international. »

En 2022, le financement de l'innovation à bondi de 57% en passant à 1,3 milliard d'euros « grâce au déploiement de France 2030, du Plan Deeptech, ainsi que du lancement du Plan startups et PME industrielles », souligne Bpifrance. En tout, 955 entreprises régionales ont bénéficié d'un accompagnement « pour développer leurs projets d'innovation, moderniser leur équipement technologique, ou pour augmenter leur capacité de production en France. »

Aussi, les prêts Croissance International ont augmenté de 12%, pour atteindre 88 millions d'euros, ce produit s'étant étendu aux marchés européens. L'activité export est quant à elle stable avec 949 millions d'euros déployés pour 1.029 entreprises régionales « dans un contexte géopolitique instable. »

211 millions pour les prêts Climat

« Il y a quelques années, la transition énergétique a pu être perçue comme un engagement politique. Aujourd'hui, c'est indispensable », martèle Yvan Demars.

Les prêts sans garantie, qui s'élèvent à 794 millions d'euros (+39%) en Auvergne-Rhône-Alpes sont en grande partie porté par les prêts Climat, qui représentent en tout, 211 millions  d'euros (prêts Vert, prêts Méthanisation agricole, prêts Économies Énergie, prêts Action Climat). « Souvent soutenus aussi par l'Ademe », ces prêts ont bénéficié à 283 entreprises de la région.

« 200 diagnostics énergétiques ont été réalisés pour 46.000 euros de gain pour les entreprises en moyenne, avec environ 150.000 euros d'investissement, qui sont donc récupérés en trois ans», défend Yvan Demars.

 Une dynamique aussi impulsée par les grands donneurs d'ordre poussent aussi les sous-traitants à verdir leurs pratiques, afin d'alléger les propres bilans carbone.

Soutenir les entreprises

L'activité Garantie est en reprise avec l'arrêt progressif des PGE en 2022. Ce produit couvre une partie du risque bancaire de 40% à 60%. « Le montant des prêts garantis est en progression de 14% avec 1,5 milliard d'euros en Auvergne-Rhône-Alpes, qui ont bénéficié à 8.666 entreprises régionales, au travers de leurs banques commerciales », souligne Bpifrance.

« Si on veut que les entreprises y aillent fort, il faut les aider, mais emprunter ça a ses limites, donc parfois on intervient au capital », poursuit Yvan Demars. En conséquence, en 2022, Bpifrance « a investi ou réinvesti en direct dans 49 entreprises de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Au total, Bpifrance intervient ainsi en fonds propres dans 164 entreprises de la région pour un montant de 1,6 milliard d'euros. »

« Le dernier pilier, c'est la création : on veut doubler le nombre d'entreprises créées dans les cinq ans à venir », avance Yvan Demars. Selon Bpifrance, « l'année a été marquée par l'augmentation du nombre de porteurs de projets financés avec près de 1.860 Prêts d'honneur dans la région », soit 10 millions d'euros.

En 2023, en revanche, les besoins pourraient évoluer : les deux sujets majeurs actuellement sont les matières premières (avec la hausse des coûts) et la pénurie de main d'œuvre, assure Yvan Demars.