Installation des nouveaux agriculteurs : « Il faut essayer de correspondre à leurs volontés » (D. Bouchut, Jeunes agriculteurs)

LYON BUSINESS. A l'occasion du Salon de l'Agriculture, BFM Lyon et La Tribune reçoivent Denis Bouchut, élu à la chambre d'agriculture et membre des jeunes agriculteurs du Rhône. Il détaille notamment les enjeux du renouvellement de la profession, l'accompagnement des nouvelles générations et l'importance de revaloriser les produits agricoles dans un contexte de hausse des charges.
(Crédits : DR Capture écran)

En France, les agriculteurs ne représentent plus qu'1,5% des personnes en emploi, contre cinq fois plus il y quarante ans. L'enjeu de l'attractivité de la profession est donc de taille.

« C'est compliqué de se lancer comme dans plein de métiers. Il faut avoir l'envie de vouloir entreprendre, d'accepter les aléas climatiques au quotidien et la diversité des choses qui peuvent nous arriver quand on travaille avec le vivant. Mais c'est une richesse parce que c'est un métier qui nourrit les gens et qui est passionnant », explique Denis Bouchut, élu à la chambre d'agriculture et membre des jeunes agriculteurs du Rhône.

Assurer la transmission et l'installation

Selon la Chambre d'agriculture AuRA, 50% des agriculteurs vont cesser leur activité dans les 10 prochaines années. Un travail sur le renouvellement et la transmission est donc à faire pour les institutions. « Il faut essayer de correspondre à la volonté des jeunes qui veulent s'installer. La principale volonté, en particulier pour ceux qui sont en reconversion professionnelle, c'est de créer son activité. Si on prend l'exemple du maraîchage, il y a des exploitations qui sont à transmettre, mais qui ne sont pas forcément reprises parce que ça ne correspond pas à la volonté de porteurs de projet, car elles sont parfois trop grosses ou en routine. Les gens ont envie de développer leurs projets avec leurs réseaux de commercialisations, etc. »

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En région, on compte 1.700 nouveaux agriculteurs en moyenne par an, dont 1.300 de moins de 40 ans. Dans les profils des ces nouveaux agriculteurs, dans le Rhône, on retrouve 50% de hors-cadre familiaux, les reste ce sont des gens de la famille. « Le reste de la Région est un peu plus rural que le Rhône donc il y a un peu moins de hors-cadre familiaux », commente Denis Bouchut.  « La base des installations, ça reste l'élevage et après les métiers du végétal avec le maraîchage et les métiers de la viticulture. »

Que ce soit pour l'installation ou la transmission, l'accompagnement est important, en particulier pour les nouveaux agriculteurs hors-cadre familiaux. La première étape pour les jeunes qui veulent s'installer, c'est de contacter le point accueil installation qui va permettre d'être orienté et de clarifier ses compétences. Les installations aidées se font jusqu'à quarante ans.

« Le principal rôle d'un conseiller, c'est l'accompagnement qui est fait pour la formation du porteur du projet, afin qu'il puisse acquérir des compétences et qu'il accepte son métier pour que ça dure le plus longtemps possible. Il faut qu'il y ait le meilleur démarrage possible, que le jeune ne se sente pas isolé et soit conscient des conditions de travail », explique Denis Bouchut.

Une fois le projet chiffré, le jeune peut s'installer grâce à la dotation jeune agriculteur, financée par la Région et l'Europe. Dans le cadre de ces installations aidées, le jeune entre dans un engagement de formation et d'atteinte de revenu.

Pour attirer les nouvelles générations, la profession peut aussi développer la formation, au lycée et dans les études supérieures et « il y a aussi les personnes qui ont envie de se reconvertir », qui représentent environ 50% des personnes qui s'installent dans le Rhône.

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Revaloriser les produits

La semaine dernière, les agriculteurs de la région manifestaient à Lyon pour demander de meilleures conditions de travail et une rémunération plus juste. « Le métier est une passion, mais il faut en vivre correctement et une revalorisation des prix serait intéressante. On est dans un contexte d'inflation, comme tout le monde le subit, et ça pèse sur nos charges. Donc, en face, il faut que nos produits soient supérieurs pour toujours bien vivre de notre métier. Il y a une baisse du nombre d'agriculteurs et il faut que ça s'arrête. S'il y a de la rentabilité, les gens auront envie de s'investir dans ce métier », développe Denis Bouchut.

Les négociations annuelles entre grande distribution et industrie agro-alimentaire vont se clôturer aujourd'hui. On attend déjà une hausse des prix, en conséquence de l'inflation, la hausse de l'énergie et des matières premières. Côté agriculteur, la profession attend une revalorisation de ses produits pour pallier ses dépenses. « On parle beaucoup de circuit court, mais il y a aussi toute cette partie circuit long qui a du sens, parce que la majorité des personnes font leurs courses en grande surface. 50% des installations ont une partie de diversification ou de vente directe, ils ont un peu plus la main sur la valorisation de leurs produits, mais en contrepartie c'est un peu plus de travail. »

Retrouvez l'intégralité de l'interview ici.

Un décideur chaque semaine

Pour rappel, le groupe La Tribune et BFM Lyon s'unissent depuis la rentrée dernière pour vous proposer, à travers l'émission Lyon Business (tous les mardis à 17h45), l'interview d'un décideur de l'économie lyonnaise au cœur de l'actualité.

Une occasion de décrypter ensemble les enjeux des dossiers et tendances de l'économie locale, animée par Élodie Poyade pour BFM Lyon et Marie Lyan pour le bureau Auvergne Rhône-Alpes du journal La Tribune.

Une émission à retrouver en direct et en replay sur la chaîne BFM Lyon, disponible sur le canal 30 de la TNT et sur les chaînes 479 (box SFR), 315 (Bouygues) et 915 (Free), ainsi que sur le bureau Auvergne Rhône-Alpes de La Tribune.

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