Saint-Etienne part à la chasse aux locaux commerciaux vacants

Saint-Etienne veut améliorer l’attractivité de son centre-ville, notamment en faisant la chasse aux rez-de-chaussée vacants. La ville dégaine un nouveau plan de dynamisation, combinant aides et sanctions financières pour les propriétaires qui ne seraient pas d’assez bonne volonté dans la recommercialisation de leurs biens.
(Crédits : Ville de Saint-Etienne)

Un emplacement commercial avec un rideau définitivement baissé, ce n'est jamais bon pour l'attractivité et l'image d'un centre-ville. De nombreuses villes doivent néanmoins se frotter à cette problématique. En France, entre 2012 et 2019, selon le palmarès des centres-villes commerçants de Procos (Fédération pour la promotion du commerce spécialisé), le taux moyen de locaux commerciaux vides en centre-ville est passé de 7,2% à 11,9%. Selon l'Institut pour la Ville et le commerce, il serait passé à 12,1% en 2021 et aurait reflué à 11,2% en 2022.

A Saint-Etienne, en centre-ville, ce taux était de 13,4% en 2022 selon les chiffres fournis par la ville. Il était de 16,9% en 2021. Au terme d'un travail de fourmi de plus d'un an réalisé par les services municipaux et la CCI, quelque 600 rez-de-chaussée commerciaux vacants ont été répertoriés sur la ville dont 300 sur son centre-ville (c'est-à-dire à l'intérieur du boulevard urbain) et 87 sur le périmètre de son hyper centre-ville.

« C'est mieux qu'avant puisque ce chiffre était de 112 en 2021 mais ce n'est pas encore suffisant », pointe Pascale Lacour, adjointe au maire de Saint-Etienne et élue au conseil d'administration de l'association nationale Centre-Ville en mouvement.

« Nous constatons que les locaux commerciaux les plus adaptés trouvent preneurs sans difficulté, signe que notre centre-ville est en bonne santé. Ceux qui posent problème sont souvent les espaces vétustes ou non adaptés aux standards du commerce moderne », poursuit l'élue. « Ces locaux vacants sont une catastrophe pour notre image. C'est d'autant plus dommageable que je reçois de nombreux porteurs de projets qui ne trouvent pas de locaux. Ceux disponibles demandant trop de travaux ou proposant des surfaces inadaptées ».

Pour y remédier, la Ville se lance dans un plan de reconquête ciblant les rez-de-chaussée vacants donnant directement sur la rue. Un plan maniant savamment le bâton et la carotte.

Le bâton et la carotte pour les propriétaires

La carotte correspond à une aide financière : 30% du montant des travaux de réhabilitation nécessaires pour séduire un nouveau locataire, dans la limite de 45.000 euros, si le local est en friche depuis plus de deux ans et si un porteur de projet (pas forcément commerçant d'ailleurs) est bien identifié. Ces espaces commerciaux en friche pourront être réaffectés à d'autres activités comme la création d'un local à vélo, un espace associatif, etc.

L'objectif est bien, en leur trouvant une seconde vie, de faire la chasse à ces espaces inoccupés, portes ouvertes (sans jeu de mot) à des dérives néfastes au bien-être d'un quartier. Quant au bâton, il est lui aussi financier. Un propriétaire d'un local avec un bail commercial, situé dans le périmètre du centre-ville et qui serait inactif dans la mise en location de son local pourra se voir infliger une taxe de 10% de la valeur locative de son bien.

Ce nouvel impôt - Taxe sur les Friches commerciales (TFC)-, pourra passer à 15 et 20% les années suivantes s'il ne fait toujours pas preuve de meilleure volonté. Cet outil, prévu par le code général des impôts en 2006, est encore peu utilisé en France mais tend toutefois, ces derniers mois, à se démocratiser dans les communes françaises dans le cadre du plan Action Cœur de Ville notamment.

Saint-Etienne, ville métropole, ne peut participer à ce programme mais revendique en tirer des enseignements et des bonnes pratiques.

« Nous avons écrit à tous les propriétaires de locaux commerciaux vacants pour les informer de cette campagne. Nous aviserons des sanctions au cas par cas », promet l'élue pointant par exemple certains propriétaires qui préféreraient, pour des raisons fiscales, laisser vacants certains de leurs biens. « Nous les mettrons en relation avec des porteurs de projets, nous les accompagnerons mais s'ils persistent dans une attitude négative, nous n'hésiterons pas à les sanctionner ».

Objectif chiffré de ce plan : 7 à 10 projets soutenus par an.

Un solde commercial positif

Cette nouvelle offensive de la Ville de Saint-Etienne, toujours empêtrée dans ses affaires de chantage supposé à la vidéo intime, n'est pas la première de l'ère Perdriau. En 2018, elle avait déjà dégainé un plan de dynamisation du commerce local.

Au programme notamment : la création d'un poste de manager du centre-ville et d'un droit à la préemption pour favoriser l'implantation de commerces attractifs sur les quartiers stratégiques. Ce droit de préemption est animé par une Foncière commerciale (détenue à plus de 50% par l'Epase), en charge d'acheter des locaux (pas forcément préemptés néanmoins), de les réhabiliter avant de les remettre sur le marché.

Depuis 2018, elle a acquis une quinzaine de locaux commerciaux mais n'a pas encore eu l'occasion d'exercer son droit de préemption. Pour Pascale Lacour, les efforts ont déjà porté leurs fruits avec un solde positif de 520 commerces sur le mandat 2014-2020.

Bien insuffisant pour le socialiste Pierrick Courbon, chef de file de l'opposition stéphanoise. Et surtout bien trop tardif. « Ce plan est absolument nécessaire au regard de la situation du commerce à Saint-Etienne, malgré les discours de la majorité. L'équipe Perdriau a perdu beaucoup de temps..., nous proposions déjà cette taxe sur les friches commerciales à l'occasion des dernières élections municipales ».

Le conseiller municipal regrette par ailleurs que le périmètre d'action soit circonscrit au centre-ville, pointant justement le besoin plus criant de revitalisation de quartiers excentrés. Et note l'absence de contreparties exigées, en particulier environnementales, aux propriétaires qui bénéficieront du soutien des finances publiques.

Dans les chiffres, le trend commercial stéphanois est positif. 4.000 commerces sont actuellement répertoriés contre 3.906 en 2009.

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