« Nous devons encore travailler avec tous les acteurs pour renforcer l'attractivité du fleuve » (Thomas San Marco, Medlink Ports)

LYON BUSINESS. Le transport fluvial sur l'axe Méditerranée-Rhône/Saône a connu une petite baisse d'activité en 2022. Pour autant, les acteurs du secteur œuvrent pour rendre ce mode de transport plus concurrentiel, notamment par rapport à la route. Thomas San Marco, président de Medlink Ports, présente les freins au développement du fluvial, mais aussi le travail en cours pour le rendre plus attractif pour les acteurs économiques.
(Crédits : DR Capture écran)

A Lyon, le fluvial reprend du service, notamment avec l'annonce récente de Sytral Mobilités qui prévoit l'arrivée d'un service de transport de voyageurs sur le fleuve dès 2025.

Une annonce qui ne peut que réjouir Thomas San Marco, président de Medlink Ports. « Toutes les solutions qui utilisent le fleuve, je trouve que c'est une bonne chose et je crois que ça répond à un vrai besoin des populations et ça désengorge aussi la circulation. »

Medlink Ports a été créé en janvier 2015 par l'association du grand port maritime de Marseille, la CNR (Compagnie nationale du Rhône), VNF (Voies navigables de France) et les ports du bassin Rhône-Saône afin de structurer les acteurs du fluvial de Marseille à Lyon et de promouvoir ce type de transport.

Chaque année, cinq millions de tonnes de marchandises transitent par voie fluviale sur cet axe Rhône/Saône-Méditerranée. En 2022, l'activité sur le fleuve a cependant baissé. « Nous devons encore travailler ensemble avec tous les acteurs pour essayer de renforcer l'attractivité du fleuve », lance Thomas San Marco.

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Attirer les acteurs économiques

L'activité fluviale connaît un regain d'intérêt, mais reste encore marginal par rapport à la la route.

« Il faut aussi que l'économie de ce transport puisse être au rendez-vous et avec les crises successives que nous avons rencontré, il y a eu une compétition entre la route, le ferroviaire et le fleuve. Nous travaillons aujourd'hui au sein de Medlink Ports pour cette bonne complémentarité entre le ferroviaire et le fleuve. Il y a des solutions mises en place au niveau de Marseille pour faciliter l'attractivité du fluvial. Des investissements ont été réalisés par la CNR sur les terminaux du port de Lyon pour renforcer cette attractivité. »

L'enjeu, c'est aussi la fréquence, qui peut être un frein pour les acteurs économiques. « Ce n'est pas une question de lenteur, c'est surtout une question de fréquence. Qui est principalement en concurrence avec la route. Aujourd'hui, par exemple, il n'y a pas de barge tous les jours entre Lyon et Marseille. Peut-être qu'en travaillant sur ce renforcement de la fréquence, on pourra sécuriser les acteurs économiques sur le fluvial. »

Pour stimuler cette relance, Medlink Ports compte aussi sur la concurrence : « Nous allons remettre en concurrence les terminaux du port du Lyon qui gèrent les conteneurs, notamment pour faire rentrer de nouveaux acteurs. Aujourd'hui, l'économie du transport mondial a changé. Il y avait historiquement beaucoup d'acteurs institutionnels. Il faut rentrer des acteurs de privés, comme des filiales de compagnies maritimes et des logisticiens qui se sont positionnés sur les ports maritimes et qui cherchent à trouver des solutions de porte-à-porte, le transport entre le port maritime et le port intérieur, c'est quelque chose qui est recherché par ses acteurs. »

Actuellement, seules 5% des marchandises qui sont débarquées à Marseille continuent par la voie fluviale vers Lyon. « 50% du trafic entre Lyon et Marseille, c'est du trafic est à l'intérieur du territoire et 50% vient de Marseille, donc le fleuve accompagne la dynamique des territoires », commente Thomas San Marco.

Un intérêt des acteurs publics

Emmanuel Macron s'est exprimé début décembre sur sa volonté de relancer la création d'un « Grand port de Marseille à Lyon ».

Selon le président de Medlink Ports, « ça montre qu'il y a un intérêt des acteurs publics par rapport à l'enjeu du fluvial et ça montre aussi que pour des ports comme Marseille et Lyon, il est important d'utiliser ces modes de transports. Marseillais et Lyonnais n'ont pas attendu ces annonces pour travailler ensemble. Il faut aller encore plus loin, y compris avec les Régions et les acteurs de cet axe, pour faire en sorte que depuis le port de Marseille, il y ait une attractivité à travers la solution que peut apporter le fluvial. »

Pour y parvenir, il faut une synergie, mais aussi du foncier. « Quand on parle de port ce n'est pas emmener de la marchandise d'un point  à un point B, c'est aussi avoir des acteurs économiques qui consomment les produits qui sont transportés. Il faut une stratégie foncière coordonnée de Lyon à Marseille, il faut des infrastructures qui fonctionnent de façon cohérente. »

Dans ce sens, l'arrivée de la ZFE, peut être une nouvelle opportunité pour les transporteurs fluviaux. « L'évolution de la réglementation, comme la ZFE, le fluvial peut y répondre », affirme Thomas San Marco. « C'est un transport qui est sûr, il y a moins d'accidents que sur la route, qui est fiable sur les horaires et environnementalement plus performant en termes d'émission de CO2. »

Retrouvez l'intégralité de l'interview ici.

Un décideur chaque semaine

Pour rappel, le groupe La Tribune et BFM Lyon s'unissent depuis la rentrée dernière pour vous proposer, à travers l'émission Lyon Business (tous les mardis à 17h45), l'interview d'un décideur de l'économie lyonnaise au cœur de l'actualité.

Une occasion de décrypter ensemble les enjeux des dossiers et tendances de l'économie locale, animée par Élodie Poyade pour BFM Lyon et Marie Lyan pour le bureau Auvergne Rhône-Alpes du journal La Tribune.

Une émission à retrouver en direct et en replay sur la chaîne BFM Lyon, disponible sur le canal 30 de la TNT et sur les chaines 479 (box SFR), 315 (Bouygues) et 915 (Free), ainsi que sur le bureau Auvergne Rhône-Alpes de La Tribune.

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