Montagne : Airbnb fait un chèque de 200.000 euros pour accompagner la rénovation énergétique avec le fonds Essentiem

Héritiers d'un modèle de tourisme qui a pris son essor dans les années 1970-1980, la rénovation des biens de l'immobilier de montagne constitue un terrain sur lequel il reste encore beaucoup à faire. Et c'est à la branche de l'immobilier collectif que compte cette fois s'attaquer le fonds de dotation Essentiem, créé en 2020 en Auvergne Rhône-Alpes et élargi depuis, à l'ensemble du territoire. Celui-ci aura même trouvé un allié inattendu, avec le programme de mécénat annoncé par la plateforme de location américaine Airbnb à son fonds Montagnes durables. Le géant de la location en ligne a en effet, depuis quelques années, fait des espaces ruraux son nouveau terrain de jeu.
(Crédits : DR/Cluster Montagne)

A eux deux, ils veulent apporter une pierre à une problématique qui reste de taille : la rénovation énergétique des biens immobiliers de montagne.

Selon une estimation réalisée en novembre dernier par un cabinet spécialisé dans le financement de la rénovation énergétique, Heero, près de la moitié des logements de montagne présentent un diagnostic de performance énergétique F ou G et pourraient être interdits à la location, en vertu du décret sur les passoires énergétiques, d'ici à 2028.

A l'heure où des acteurs de la filière comme l'ANMSM, l'ANETT ou encore l'ANEM ont déjà envoyé un signal au gouvernement pour alerter sur l'ampleur des défis à venir sur le sujet de la réhabilitation de l'immobilier de loisirs en montagne, ce n'est pas sur le terrain des particuliers, mais plutôt de l'immobilier collectif, que le fonds Essentiem et Airbnb ont décidé de peser.

Un partenariat qui pourrait paraître pour le moins inattendu entre un fonds de dotation issu, à l'origine, de l'antenne régionale d'Auvergne Rhône-Alpes Tourisme (ouvert depuis sa création en 2020 à huit autres cofondateurs dont Club Med, Domaines Skiables de France, Vacancéole, le comité régional du tourisme d'Occitanie, ou encore Transdev...) et la plateforme américaine de location d'hébergements chez les particuliers Airbnb.

Pour autant, ils justifient leur union dans le nouveau fonds ainsi créé (« Montagnes durables ») par un constat partagé :

« Aujourd'hui, les besoins en rénovation sont connus et reconnus. Nous n'en sommes plus au stade du constat, cela fait d'ailleurs longtemps que les opérateurs touristiques ont commencé à se préoccuper de leur impact sur l'environnement. Il ne faut pas oublier que pour la filière du tourisme, qui pèse 8% du PIB et 11% des émissions de gaz à effets de serre, la question de la rénovation est le second facteur d'émissions de GES après les mobilités, qui en faisait donc un chantier prioritaire », explique Lionel Flasseur, ancien président d'Auvergne Rhône-Alpes Tourisme, aujourd'hui président du fonds Essentiem.

« Pour nous, l'enjeu était aussi de contribuer à développer un tourisme plus durable, ce qui reste un sujet majeur pour Airbnb au cours des prochaines années », souligne pour sa part à La Tribune Bertrand Burdet, directeur adjoint d'Airbnb France, qui avait commencé par débloquer, en octobre dernier, un premier coup de pouce financier à la rénovation des logements (tous secteurs confondus) proposés sur sa plateforme à travers l'Hexagone, pouvant aller jusqu'à 2.000 euros.

Les critères d'accompagnement : jusqu'à 25.000 euros par projet

Cette fois, Airbnb a d'ailleurs choisi de mettre 200.000 euros sur la table au démarrage -une somme qui pourrait encore être abondé par la suite-, sous la forme d'un don en mécénat. Objectif affiché : co-investir dans 4 à 8 projets de rénovation d'hébergement ou de lieux d'accueil collectifs en montagne, présentant un caractère d'intérêt général : ce peut être par exemple le cas de refuges, centres de vacances, ou encore de projets liés à l'économie sociale ou solidaire, au tourisme responsable ou à valeur patrimoniale ou architecturale...

Le tout, à l'échelle hexagonale, même si les Alpes devraient figurer au premier rang, puisque l'objectif serait notamment de toucher les hébergements collectifs basés au coeur des départements de montagne.

« Les hébergements dont la seule vocation est d'avoir un but lucratif, comme l'hôtellerie indépendante, les gîtes et chambres d'hôtes, etc, ne seront pas éligibles », précise Lionel Flasseur.

Concrètement, cet accompagnement se découpera en deux volets : d'une part, la mise en place d'un programme de formation à la rénovation énergétique, en vue de sensibiliser jusqu'à 1.000 opérateurs au sujet de la transition énergétique, ainsi qu'une enveloppe d'aides qui pourra ensuite servir à cofinancer des travaux, pouvant s'élever entre 10.000 à 25.000 euros par projet.

Avec une règle : le fonds « Montagnes durables » d'Essentiem n'interviendra qu'en cofinancement avec des acteurs existants, qu'il s'agisse d'autres types d'aides publiques ou privées, et notamment de prêts bancaires, autres subventions, campagnes de crowdfunding, etc... Et ce, pour financer des travaux liés à l'isolation ou à l'évolution du mode de chauffage, qui seront les deux premiers postes jugés les plus « évidents » à couvrir, mais aussi pour des renouvellements de fenêtres et menuiseries, etc.

Côté calendrier, un comité de sélection des projets, regroupant les partenaires mais aussi des acteurs de l'écosystème de la montagne ou du tourisme social, sera mis sur pied avec l'ambition d'annoncer, dès début avril, le nom du premier lauréat. Avec l'ambition de pouvoir ensuite dévoiler les 2 à 4 projets suivants en juin, pour un lancement des premiers travaux effectif d'ici fin 2023.

Devenir la première plateforme de voyage durable en France

Pour l'opérateur Airbnb, arrivé en France en 2012, cette annonce va aussi de pair avec une accélération de sa pénétration sur les marchés de la campagne et de la montagne, déjà engagée depuis 2015. « Airbnb a accompagné, bien avant que la crise ne l'accélère, la tendance vers des séjours non pas au coeur des grandes stations nécessairement, mais aussi dans les espaces ruraux et les petits villages, avec le développement d'un tourisme domestique et quatre saisons », souligne Bertrand Burdet, lui-même originaire de la région Auvergne Rhône-Alpes.

Avec plusieurs centaines de milliers d'offres désormais proposées en ruralité ou en montagne, représentant ainsi jusqu'à 30% du montant de la taxe de séjour collectée annuellement, la plateforme américaine ne cache désormais plus ses nouvelles ambitions : « devenir la première plateforme de voyage durable en France. Nous avons remarqué qu'outre le fait qu'il s'agisse d'une tendance de fond, il s'agit d'une demande très forte de la part des nouvelles générations, notamment en dessous de 25 ans, qui choisissent leurs voyages en fonction du critère de la neutralité carbone par exemple. »

D'ailleurs, Airbnb ne s'interdit pas, à l'image d'autres secteurs, d'étudier d'autres moyens d'embrasser cette tendance, comme celle de travailler à afficher l'impact carbone d'un voyage par exemple.

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