(Publié le 14/10/2022 à 11:50, actualisé à 18:00)
Alors que la situation de blocage se poursuit à la raffinerie de Feyzin (Rhône), comme à l'échelle nationale, où 30% des stations connaissent toujours des difficultés et pénuries d'approvisionnements, les collectivités d'Auvergne Rhône-Alpes ont annoncé de premières mesures.
En effet, dans le Rhône la grève ne faiblit pas. Les propositions de Total négociées dans la nuit avec les syndicats d'augmenter de 7% les salaires avec 3.000 à 6.000 euros de prime pour 2023 - alors qu'une augmentation de 10% était demandée par les grévistes - ont été acceptées par la CFDT et la CFE-CGT.
La CGT refuse quant à elle cet accord. Conséquence : le service expéditions de la raffinerie de Feyzin a décidé de poursuivre la grève. Une volonté d'autant plus affirmée car d'autres secteurs clés comme le ferroviaire ou le nucléaire - déjà en grève - ont prévu de faire grossir le mouvement la semaine prochaine. La mobilisation pourrait donc s'étendre et il n'est pas question de flancher, selon la section locale de la CGT.
"On trouve que ce qui a été mis sur la table est insuffisant", tranche Pedro Afonso, délégué CGT à la raffinerie de Feyzin. Il dénonce un accord "signé par de non-grévistes".
Certains véhicules prioritaires
Côté collectivités, un arrêté préfectoral a été publié ce jeudi par le préfet du Rhône afin de tenter de faire face à la pénurie, et d'établir une liste de véhicules prioritaires. Ils pourront notamment bénéficier, dès ce vendredi, d'un accès dédié dans les stations-service Total Energies de Bron-Laurent Bonnevay, Dardilly, Lyon-Garibaldi, Saint-Symphorien-d'Ozon, Tarare et Villefranche-sur-Saône, sur présentation d'une carte professionnelle.
Cette liste comprend notamment les véhicules de l'armée et des services de police et gendarmerie, mais aussi des services de secours, transports liées aux activité de santé, ainsi que les véhicules des services funéraires, transports scolaires, dépannage d'urgence ou encore véhicules de collecte des ordures ménagères.
Des transports en "libre accès" ce week-end
Et ce vendredi matin, c'est la Région Auvergne Rhône Alpes, autorité organisatrice des transports à l'échelle de son territoire, qui vient de prendre une autre mesure d'urgence : celle-ci autorisera, à compter de samedi matin et jusqu'aux dernières heure de dimanche, un "libre accès sans aucune formalité" sur l'ensemble de son réseau de transports (TER, autocars interurbains.)
Soit un ensemble comprenant "près de 1.300 trains TER qui circulent sur l'ensemble des 3.400 kilomètres du réseau ferré d'Auvergne-Rhône-Alpes -comprenant également les sections françaises du Léman-Express-, mais également quelques 800 cars interurbains régionaux et les réseaux de transports des villes d'Ambérieu, Aubenas, Saint-Jean- de-Maurienne et Valserhône, pour lesquels la Région est devenue l'autorité organisatrice".
Une mesure destinée à "permettre à l'ensemble des habitants de notre région qui le souhaitent de se déplacer au cours de ce week-end", précise la Région conduite par le président LR Laurent Wauquiez.
Quid de son application sur le terrain ?
Cette mesure s'appliquera "du premier train et du premier autocar circulant samedi matin au dernier train et au dernier autocar circulant le dimanche soir".
Quid cependant des voyageurs qui auront déjà réservé leur billet, de l'octroi de rames supplémentaires en cas d'affluence, ou encore de la gestion des contrôles qui pourraient être assurés dans ces trains ? Contactée, la SNCF Voyageurs indique "que les contrôleurs sont prévenus de la situation", et renvoie vers son délégataire, la Région Auvergne Rhône-Alpes, où les services internes sont sur le pied de guerre. Selon la collectivité contactée par La Tribune, "les circulations du week-end se feront sur la base des liaisons prévues", c'est-à-dire sans ajout de rames ou de nombre de dessertes. "Le remboursement ou le report se fera dans les conditions habituelles des billets TER".
Le coût de cette mesure n'a, pour l'heure, pas été dévoilé. Et la Région de préciser qu'en semaine, "ce sont près de 200.000 voyageurs qui empruntent quotidiennement les réseaux TER Auvergne-Rhône-Alpes et fréquentent les 335 gares de la région". Le chiffre de la circulation en week-end reste cependant délicat à extrapoler sur deux journées, d'après la collectivité.
Un trafic régional déjà fragilisé ?
Une annonce qui intervient également dans un contexte où la Région venait par ailleurs de signer une convention d'objectifs en matière de ponctualité avec SNCF Réseau la semaine dernière, alors même qu'une série de retards quotidiens avaient émaillé, au cours des quinze derniers jours, des lignes souvent pointées pour leur vétusté, comme Lyon-Grenoble et Lyon-Saint-André le Gaz.
L'exécutif régional s'apprête également à faire acter, lors de sa prochaine assemblée plénière du 20 et 21 octobre prochain, une hausse des tarifs des TER de 8 % sur l'ensemble des billets de trains TER (2,95% pour les abonnements) afin de faire face aux "conséquences inévitables de l'inflation et de la hausse des prix de l'énergie".
Contactée, la Fédération nationale des usagers des transports en commun (FNAUT) en Auvergne Rhône-Alpes n'a pas encore retourné nos appels, mais son antenne située en Auvergne twittait déjà ce vendredi une première réaction à cette annonce : "Nous apprenons à l'instant que les transports régionaux seront gratuits ce week-end en région Auvergne-Rhône-Alpes. Sans plus de précisions. A bon entendeur" Et d'ajouter : "On aimerait bien, surtout, qu'ils soient plus performants toute l'année".
A noter que la Région Auvergne Rhône-Alpes n'est pas la seule à avoir mis en place un tel dispositif de gratuité des transports : ce jeudi soir, la présidente PS de la Région Occitanie, Carole Delga, annonçait elle aussi l'arrivée de billets de train à 1 euro symbolique sur l'ensemble du réseau régional liO pour ce samedi et dimanche.
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