Loisirs indoor : après la tempête Covid, la filière chahutée désormais par la crise de l’énergie

La filière du loisir indoor, en Auvergne Rhône-Alpes comme partout en France, est convalescente. Après deux hivers (période haute d’activité pour ce secteur) frappés par les restrictions sanitaires, elle se remet tout juste des épisodes Covid. Sauf qu’elle voit désormais se présenter à elle un nouveau mur, celui de la crise énergétique. Fragile, elle pourrait y laisser de nouvelles plumes, malgré les aides annoncées par l’Etat. Surtout si la 8e vague Covid, qui pointe déjà ses premières menaces, fait une nouvelle fois reculer la fréquentation.
« Nous ne sommes pas loin des 3% du chiffre d'affaires en facture énergétique mais je ne sais pas si nous pourrons bénéficier du bouclier tarifaire », glisse notamment Olivier Richard, le patron des Yellow Jumps.
« Nous ne sommes pas loin des 3% du chiffre d'affaires en facture énergétique mais je ne sais pas si nous pourrons bénéficier du bouclier tarifaire », glisse notamment Olivier Richard, le patron des Yellow Jumps. (Crédits : DR)

La France compte environ 2.500 entreprises de loisir indoor, pesant 12 à 15.000 emplois. En Auvergne-Rhône-Alpes, elles sont environ 250 (bowlings, escape games, kartings indoor, espaces de réalité virtuelle, plaines de jeux pour enfants, trampoline parks etc). Si le secteur était en plein essor avant 2020, la crise sanitaire lui a infligé de lourdes blessures.

A tel point qu'il est aujourd'hui difficile pour de nouveaux exploitants de s'installer et, pour les entreprises existantes, de déployer de nouveaux projets. « Les banques sont actuellement très frileuses pour notre filière, il est complexe d'obtenir des financements pour des investissements », pointe ainsi Patrick Gamot, vice-président du SPACE, syndicat national de la filière.

Un redressement fragile

Après l'intense vague Omicron, à l'hiver dernier, qui avait provoqué de nouveaux ravages dans la fréquentation hivernale des espaces de loisir indoor (pour lesquels justement cette période, portée par les festivités de fin d'année, est habituellement la meilleure de l'année), la filière a dû se remobiliser pour repartir de l'avant. Avec succès pour certains, comme l'escape-game grenoblois Challenge the Room.

« La fréquentation est repartie à la hausse dès février, les mois suivants ont été corrects, les clients avaient envie de sortir et de s'amuser. Les entreprises sont encore à la traine mais nous y travaillons », observe Vincent Bay, son gérant et président du collectif des Loisirs indoor grenoblois.

Beaucoup y ont toutefois laissé des plumes. A Grenoble, par exemple, deux espaces de réalité virtuelle ont fermé leurs portes. C'est le cas d'Avrena notamment. « A la réouverture, les teambuildings n'ont pas vraiment redémarré. Notre business model n'était plus viable », explique François Sforza, son dirigeant, qui se concentre désormais avec sa société Mumocap sur la distribution de son jeu VR aux salles de réalité virtuelle.

Olivier Richard, propriétaire des Yellow Jump (trampoline Parks) de Saint-Etienne et Givors, n'a pas été jusqu'à la défaillance mais reconnait que son entreprise est fragilisée.

« Nous n'avons pas retrouvé la fréquentation de 2019, nous avons perdu 30% de chiffre d'affaires en moyenne. Les clients ont changé leurs habitudes et, situation spécifique à Saint-Etienne, nous notons une explosion de l'offre dans le secteur ».

Résultat, de 11 personnes, l'équipe est passée à 8. Le PGE de 200.000 euros a été entièrement consommé et doit désormais être remboursé. « J'ai envisagé de demander un décalage mais les conséquences seraient importantes », regrette Olivier Richard.

La problématique de l'énergie en ligne de mire des prochains mois

C'est dans ce contexte de fragilisation de la filière du loisir indoor que se présente désormais une nouvelle problématique, celle du prix de l'énergie. Car dans certains établissements, comme les plaines de jeux, les espace multiactivités ou les bowlings par exemple, les surfaces à chauffer sont importantes.

« Pour certains établissements, il peut y avoir des travaux d'isolation par exemple, ou de régulation de température. Mais il s'agira d'investissement sur le moyen terme. Pas pour cet hiver, d'autant que beaucoup d'exploitants sont locataires, ils ne sont pas maitres de ces décisions », prévient le vice-président du SPACE. « Pour ceux dont les contrats se terminent, la facture risque d'être très salée et de détériorer encore plus leur situation ».

Olivier Richard, le patron des Yellow Jumps est inquiet pour les prochains mois : « Nous ne sommes pas loin des 3% du chiffre d'affaires en facture énergétique mais je ne sais pas si nous pourrons bénéficier du bouclier tarifaire. De toute façon, nous avons peu de marge de manœuvre, nous avons déjà un système peu énergivore. Nous pouvons abaisser légèrement la température, mais pas beaucoup ... La seule manière de réduire drastiquement notre consommation énergétique serait de réduire l'amplitude horaire de nos ouvertures. Ce qui signifie moins de fréquentation, moins de chiffre d'affaires etc ».

Certains ont dû augmenter les tarifs, d'autres y pensent très fortement. Tous se préparent à la déflagration possible d'une 8e vague Covid qui, qui quelques jours après la rentrée, semble déjà pointer ses premières menaces.

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