Crise énergétique : comment les Thermes de Vals-les-Bains réussissent (pour l’instant) à limiter les dégâts

Il n'y a pas que les piscines dont les bassins s'avèrent particulièrement coûteux. En Auvergne Rhône-Alpes, troisième région thermale de France avec 24 stations et 130.000 curistes accueillis par an, c'est l'ensemble de la filière qui doit également faire face à l'envolée des prix de l'énergie. En Ardèche, l’établissement de Vals-les-Bains a pu compter sur d'importants investissements réalisés récemment pour limiter les dégâts. Mais son directeur, Stéphane Rennou, se dit très inquiet pour 2023, malgré les aides annoncées cette semaine par Bruno Lemaire pour les grands consommatreurs d’électricité et de gaz.
Après avoir investi 15 millions d'euros dans la rénovation intégrale de l'établissement et la création d'un espace bien-être, l'établissement thermal ardéchois réussit pour l'instant à limiter la casse mais, avec le renouvellement à venir de ses contrats énergétiques, il pourrait se retrouver en position beaucoup plus délicate.
Après avoir investi 15 millions d'euros dans la rénovation intégrale de l'établissement et la création d'un espace bien-être, l'établissement thermal ardéchois réussit pour l'instant à limiter la casse mais, avec le renouvellement à venir de ses contrats énergétiques, il pourrait se retrouver en position beaucoup plus délicate. (Crédits : AURA TOURISME @MAX COQUARD-BEST JOBERS)

La facture énergétique représente désormais 8% du chiffre d'affaires des Thermes de Vals-les Bains, un établissement thermal ardéchois (sous DSP intercommunale) spécialisé dans l'accueil de malades du diabète ainsi que dans les affections digestives et rhumatologiques.

C'est deux fois plus que l'année dernière... La faute bien sûr à l'envolée des prix de l'énergie ces derniers mois, une envolée aux impacts forts pour un établissement tenu de chauffer de grandes surfaces de bâtiment d'une part et, d'autre part, de maintenir l'eau de ses bassins à des températures parfois élevées selon les applications.

Peu de marges de manoeuvre

Si ce doublement de charges reste pour l'instant encore tenable dans le budget d'exploitation de l'établissement, son directeur, Stéphane Rennou, s'avoue très inquiet pour la suite car ses prix sont garantis jusqu'à la fin de l'année seulement.

« Les nouveaux contrats, pour 2023, sont en négociation. Nous n'avons pas de visibilité sur les tarifs qui nous seront appliqués l'année prochaine. Dans ce contexte, il est difficile pour nous de mesurer comment nous pouvons éventuellement répercuter ces hausses sur nos clients ».

L'établissement reçoit environ 3.000 curistes par an, dont les prestations sont strictement encadrées par la Sécurité Sociale. Aucune augmentation unilatérale n'est donc possible de ce côté. Le seul espoir (mince) sur ces cures médicales serait à attendre du côté des négociations annuelles entre les professionnels du secteur et la CNAM. « Mais ces renégociations ne couvriront jamais cette hausse, il pourra s'agir seulement d'une revalorisation minime ».

La marge de manœuvre des thermes de Vals-les-Bains serait donc plutôt à chercher du côté de l'espace bien-être, créé récemment et qui totalise déjà 40.000 entrées annuelles. Elle est toutefois faible. « Jusqu'à la fin de l'année, rien n'est possible puisque nos communications tarifaires sont annuelles. Les clients ont des abonnements, des séances réservées longtemps à l'avance etc ».

Le directeur est d'autant plus inquiet qu'il ne peut pour l'instant compter sur les aides de l'Etat destinées aux entreprises grandes consommatrices de gaz et d'électricité. Même si Bruno Lemaire a annoncé ces derniers jours leur prolongation et leur simplification.

Car si l'établissement entre bien dans les impératifs quantitatifs, avec largement plus de 3% de son chiffre d'affaires dédié aux factures énergétiques, le critère de la baisse de 30% de l'excédent brut d'exploitation n'est lui, pas respecté, en raison de l'ouverture de l'espace bien-être qui a rendu l'établissement plus attractif.

Des investissements massifs pour économiser de l'énergie

Si la facture énergétique des Thermes de Vals-les-Bains s'évère désormais salée, elle reste néanmoins modérée au regard de certains de ses confrères. L'année dernière, l'établissement sous délégation de service public, a en effet bénéficié d'un investissement de quelque 15 millions d'euros pour un agrandissement de l'établissement et une remise à neuf intégrale.

Dans cet investissement, une part non négligeable des dépenses a concerné la mise en place d'une isolation performante ou encore la mise en œuvre d'un système de récupération des calories des bassins.

« Avant d'envoyer les eaux chaudes d'un bassin en traitement, nous récupérons les calories dans un volume tampon afin de chauffer l'eau entrante. Ces investissements nous ont permis d'économiser 30% d'électricité environ », détaille Stéphane Rennou, directeur de l'établissement de Vals-les-Bains ainsi que de celui de Neyrac.

Pas de fermeture mais des réflexions

Grâce à ces économies, l'établissement thermal ardéchois réussit pour l'instant à limiter la casse mais, avec le renouvellement à venir de ses contrats énergétiques, il pourrait se retrouver en position beaucoup plus délicate. Des réflexions sont menées avec les collectivités locales pour envisager plusieurs pistes. Par exemple, concentrer la période d'exploitation sur une durée quotidienne plus courte, afin de limiter les temps de chauffage. Quant à baisser la température des bassins, l'établissement y travaille déjà depuis l'année dernière.

« Nous ne pouvons pas abaisser de manière drastique mais nous chauffons la juste dose depuis l'année dernière. Il s'agit en réalité d'un juste équilibre entre la température extérieure et la température de l'eau ».

En revanche, pas question de fermer l'établissement. Ni à Vals-les-Bains, ni ailleurs dans la région Auvergne-Alpes.

«La problématique du coût de l'énergie est omniprésente pour l'ensemble des stations thermales, c'est certain, mais à ce jour, aucune n'envisage de fermeture à court therme », assure Sophie Fournier Vonderscher, déléguée générale de la Fédération Thermale Auvergne-Rhône-Alpes.

« Elles ne sont toutefois pas toutes confrontées aux mêmes problématiques. Il y a une question de température de l'eau. Par exemple certaines disposent d'une eau qui jaillit à 58 degrés (comme à Saint-Laurent-les-Bains en Ardèche, NDLR) donc il faut plutôt la refroidir que la chauffer... Il y a aussi la question des spécialités. Les établissements spécialisés dans les voies respiratoires n'ont pas les mêmes besoins que des stations qui accueillent des curistes en dermatologie par exemple ».

Auvergne-Rhône-Alpes s'affiche comme la troisième région thermale de France avec 24 stations et 130.000 curistes accueillis par an. La filière emploie 18.000 salariés pour un chiffre d'affaires global de 110 millions d'euros (dont 25% non conventionnés concernant les activités bien-être, restauration, boutiques etc). En 2020, la crise sanitaire avait provoqué une chute de 67% de la fréquentation. La Fédération projette une perte de 30% des cures pour 2022 par rapport à la période pré-covid. Dans ces conditions, la hausse du prix de l'énergie vient ajouter un écueil supplémentaire de taille.

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