A Lyon, une rentrée étudiante minée elle aussi par l'inflation, malgré les premiers effets de l'encadrement des loyers

Ce mardi, l'association Gaelis, qui regroupe 58 associations étudiantes du territoire de Lyon et de Bourg-en-Bresse, a publié son 11e baromètre des coûts de la rentrée scolaire. Face à un contexte d'inflation galopante à 6,1% enregistré en juillet, le coût de la rentrée scolaire 2022 s'inscrira une nouvelle fois en hausse de 4,4% sur la périmètre de la seconde ville étudiante de France. Avec à la clé, des postes de dépenses comme l'assurance-habitation ou le matériel pédagogique en forte hausse, et d'autres comme le logement, qui amorcent un léger ralentissement avec l'encadrement des loyers, entré en vigueur au 1er novembre 2021.
(Crédits : Martine Leroy)

Se loger et étudier dans la seconde ville étudiante de France aura cette année encore un coût supplémentaire : selon l'association Gaelis (Groupement des Associations et Elu.e.s Etudiant.e.s de Lyon Indépendant et Solidaire), qui regroupe 58 associations étudiantes du territoire de Lyon et de Bourg-en-Bresse, le coût de la rentrée étudiante dans l'enseignement supérieur s'élèvera en 2022 à 2.516,59 euros.

Après deux années marquées par les conséquences de la crise sanitaire et notamment le poids du distanciel, la rentrée 2022 est cette fois plombée par un contexte d'inflation galopante depuis le début de l'année sur l'ensemble du porte-monnaie des Français : +6,1% enregistrés au mois de juillet selon l'INSEE, et même jusqu'à +9% attendus d'ici décembre...

Pas étonnant donc que le 11e baromètre des coûts de la rentrée scolaire dans l'enseignement supérieur soit à nouveau en hausse à Lyon également : il coûtera ainsi 4,42% de plus qu'en 2021 d'étudier dans la capitale des Gaules, qui accueille chaque année près de 170.000 jeunes.

Un chiffre qui demeure cependant inférieur à la moyenne nationale, calculée par la FAGE (Fédération des Associations Générales Etudiantes), et qui évoque pour cette année une augmentation inédite de + 7.38% de l'ensemble des postes de coûts de la rentrée par rapport à l'an dernier.

"Le coût de la rentrée scolaire augmente d'année en année à Lyon, et n'a pas réduit. Cela est bien entendu lié au contexte national de forte inflation qui pèse sur tous les consommables mais aussi sur l'alimentation et le logement des étudiants, avec des pôles de dépenses qui ont sensiblement augmenté", constate Laure Morin, présidente de Gaelis, elle-même étudiante en maïeutique.

Une assurance logement qui flambe

Pour l'association étudiante, qui s'est ainsi basée sur la méthodologie de la FAGE pour calculer toutes les dépenses dont un étudiant doit s'acquitter pour démarrer sa première année de licence à Lyon, on note ainsi que le "décalage" généré entre ces hausses et les  mesures annoncées par le gouvernement, qui prévoient "une augmentation des bourses de 4% tandis que l'inflation demeure supérieure à 6% cette année".

Résultat : en 2022, les étudiants lyonnais devront composer avec plusieurs postes de dépenses qui grimpent. Avec, du côté des frais spécifiques à la rentrée (estimés à 1193,88 euros au total en 2022), une assurance-habitation qui passe ainsi de 59 à 74,2 euros (+25,76%), le matériel pédagogique qui flambe également (+15,82%, à 304,58 euros) suivi des frais d'inscription à l'université (+ 1,15%, à 265 euros), tandis que d'autres postes (complémentaire santé, frais d'agence, transport) demeurent cependant stables d'une année sur l'autre.

"L'une des surprises aura été la hausse des tarifs de l'assurance habitation, à laquelle on ne s'attendait pas forcément, et qui a été réévaluée au niveau national et augmentée au sein de toutes les villes étudiantes françaises", note Laure Morin.

 Des frais de la vie courante presque tous en hausse

Du côté des frais de la vie courante (estimés à 1322,71 euros par étudiant), les hausses sont également visibles partout ou presque, puisque seuls les repas aux restaurants universitaires ne seront pas plus cher en 2022.

La plus forte hausse se retrouve ainsi dans les postes de dépenses liés au Covid (+ 16,08%), suivis des abonnements téléphoniques et internet (+ 9,69%), des activités de loisirs (+ 6,11%) et des consommables (+ 5,31%).

A noter que le poste des transports augmente de manière plus mesurée à Lyon (+ 4,87%, à 105,5 euros), ralenti, selon l'association Gaelis, par les tarifications sociales mises en place par la majorité écologiste des transports lyonnais (TCL) à destination des jeunes et étudiants (qui paient désormais 10 euros par mois pour les étudiants boursiers et 25 euros mensuels pour les jeunes âgés de 18 à 25 ans).

Une autre mesure, prévoyant cette fois une aide financière plus large, pouvant aller jusqu'à 400 euros (le Revenu de solidarité jeune), a été plus largement adoptée par le Grand Lyon à destination des moins de 25 ans depuis mai 2021, mais "celle-ci demeure pour l'heure à titre expérimental et ne concerne que quelques centaines de jeunes (environ 700 dossiers recensés au printemps dernier)", souligne Gaelis.

Le logement, premier poste de dépenses, mais contenu par l'encadrement des loyers

Autre spécificité lyonnaise : le logement, dont le poids ne cesse d'augmenter au sein du portefeuille des étudiants. Et pour cause : face à un marché de l'immobilier métropolitain toujours en très forte tension, et où les prix n'en finissent pas de flamber, le loyer toutes charges comprises à 628,79 euros mensuels représente toujours (et de loin) le premier poste de dépenses des étudiants. Mais cette envolée aurait cependant vu sa montée freinée cette année par l'encadrement des loyers, qui aurait permis de limiter la hausse cette année à +1,61%.

Cette disposition, permise par la loi Alur, est entrée en vigueur le 1er novembre 2021 sur le territoire de Lyon et Villeurbanne, est saluée par l'association Gaelis, qui y voit une "mesure salvatrice", "même s'il reste encore des progrès à faire à Lyon pour développer plus largement parc immobilier, afin de couvrir le nombre de demandes de logement nécessaires".

Bien que contestée par les représentants des bailleurs comme la FNAIM du Rhône (des associations de propriétaires avaient même déposé un recours en justice dans plusieurs villes candidates dont Lyon), l'encadrement des loyers serait, selon l'association étudiante, "bien respecté" sur le marché lyonnais et aurait finalement suscité à date "peu de recours" auprès du service de défense des droits étudiants de l'association.

Pour autant, cette mesure ne pourra pas répondre, à elle seule, à la problématique du logement étudiant, estime Gaelis, qui pointe non seulement le développement nécessaire du parc de logement "public comme privé" au sein d'un tissu lyonnais très prisé qui accueille chaque année près de 15.000 nouveaux arrivants, mais aussi l'étendue de la garantie Visale, "encore trop peu utilisée" notamment par les particuliers.

Pour l'association Gaelis, les récentes annonces gouvernementales prévoyant une augmentation des bourses de 4% ainsi que des APL à hauteur de 3,5% "sont une bonne chose, mais cela reste des mesures insuffisantes par rapport aux besoins des étudiants", déplore Laure Morin, qui plaide plutôt pour une refonte structurelle du système des bourses sur critères sociaux. Elle demeurera également vigilante face à l'envolée des prix de l'énergie, qui pourrait peser encore plus fortement sur le second semestre 2022 avec les fortes tensions attendues sur le prix du gaz.

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Commentaire 1
à écrit le 17/08/2022 à 14:42
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Tout est hypocrisie dans ce pays ! Ma fille étudiante à Paris (studio à 800 euros) attends depuis 5 mois ses allocations logement ! Impossible à joindre ils font quoi de leurs journées ces employés ? Et si ce retard criminel était organisé sciemment?...

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