Artisanat en région : une fois la crise sanitaire passée et amortie, de nouveaux défis à relever

Depuis le début de la crise sanitaire, comment se porte l'artisanat en région ? Plutôt bien, selon la Chambre des métiers de l'artisanat. Le Covid-19 n'a pas eu raison des entreprises, qui semblent être plus pérennes, plus jeunes et plus féminisées qu'auparavant. Un constat positif nuancé par l'inflation en cours et les difficultés de recrutement que rencontrent les entreprises du secteur et qui va les forcer à évoluer.
(Crédits : DR)

Dans l'artisanat, en région, "les entreprises sont plus pérennes, ça, c'est une nouvelle donnée", se réjouit Vincent Gaud, directeur de la Chambre des métiers de l'artisanat Auvergne-Rhône-Alpes.

Un constat rassurant, pour un secteur qui employait 301.800 personnes en Auvergne Rhône-Alpes et pesait environ 42 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2021.

Un fait que l'on peut imputer en partie à la crise sanitaire et aux aides que l'État a octroyées aux entreprises, leur permettant de passer ce cap. "La moyenne d'ancienneté est à neuf ans, cinq ans en arrière, était de sept ans", poursuit Vincent Gaud. Attention toutefois au retour à la normale et à la période de remboursement des PGE. "La période est plus dure, les dossiers affluent dans les tribunaux de commerce", remarque le directeur de la CMA AuRA.

Une filière en évolution

Sur les 221.000 entreprises que compte la région - un chiffre qui a augmenté de 39% depuis 2016 - 40% sont les entreprises individuelles ou EIRL Micro, 27% sont des SARL/EURL. Une augmentation des entreprises dans l'artisanat qui est donc surtout portée par les micro-entreprises, dont la création a augmenté de 105% depuis 2016.

"Ce statut [de micro entreprise] peut permettre de démarrer, mais le rôle de la CMA, c'est de les faire grandir", note Vincent Gaud. "On prend de plus en plus notre place, car les créateurs sont jeunes ou isolés donc il y a plus de valeur dans l'accompagnement. Nous allons être de plus en plus impliqués."

Une mise en lien avec la filière qui peut s'avérer utile, car 42.000 entreprises seront à reprendre dans la région d'ici cinq ans. "Une reprise, c'est 95% de réussite. Pour une création, c'est 60%", commente Vincent Gaud.

La création de micro entreprise, habituellement très localisée vers les métropoles tend aussi à se déporter vers les zones plus rurales. "A cause du Covid, ou grâce à lui, les gens sont revenus à la campagne où ils y créent leurs entreprises."

En termes de répartition, 38% des entreprises artisanales de la région sont dans le bâtiment, 36% dans les services, 15% dans la fabrication et 11% dans l'alimentation.

La profession tend aussi à se rajeunir et se féminiser. "On note une évolution de plus de 50% de dirigeantes d'entreprise entre 2016 et 2021" selon la CMA AuRA. Aussi, 43% des créateurs d'entreprises artisanales ont moins de 35 ans. L'artisanat attire aussi plus de nouveaux profils plus diplômés, en reconversion et en quête se sens dans leurs métiers, remarque Vincent Gaud.

Un avenir incertain, mais "les entreprises artisanales ont plus de réactivité"

Avec l'augmentation du prix des matières premières déjà en cours et l'inflation générale, "les mois qui arrivent vont êtes compliqués" admet Vincent Gaud. Dans le BTP notamment, la hausse du prix des matériaux semble attendre une deuxième vague. "Les donneurs d'ordre craignent un deuxième effet avec la Chine qui va de nouveau fermer. Mais dans toutes les crises, il y a des opportunités. Dans le bâtiment, il va falloir récupérer et les entreprises artisanales ont plus de possibilités de réactivité", commente Vincent Gaud.

Des complications auxquelles s'ajoutent les difficultés de recrutement pour certains secteurs. "Mais derrière ça, il y a un nouveau modèle sociétal. Les jeunes choisissent les entreprises et c'est elles qui doivent s'adapter à ça. C'est à elles d'aller les chercher et être séduisantes." L'hôtellerie-restauration, particulièrement touchée par le manque de mains d'œuvre en est un exemple selon Vincent Gaud. "Ce qui vient de se passer, c'est aussi parce qu'il n'y a pas eu de remise en cause du secteur sur la rémunération ou la convention collective."

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