En pleine crise de l’hôpital public, le CHU de Saint-Etienne embauche 160 soignants et convertit plus de 900 CDD en CDI

Alors que neuf organisations de soignants appelaient à une journée de mobilisation mardi 6 juin, dans les hôpitaux publics, afin de dénoncer les conditions de travail et le manque de personnel, le CHU de Saint-Etienne annonce une campagne massive de recrutement avec 120 embauches à Saint-Etienne et 40 à Roanne. En parallèle, près de 900 soignants actuellement en CDD vont se voir proposer un CDI.
Le CHU de Saint-Etienne salarie environ 8.350 personnes et compte encore faire grossir ses troupes.
Le CHU de Saint-Etienne salarie environ 8.350 personnes et compte encore faire grossir ses troupes. (Crédits : DR)

120 recrutements pour le CHU de Saint-Etienne (dont 70 infirmières et 25 aide-soignants), 40 pour l'établissement de Roanne. Et près de 900 soignants actuellement en CDD (soit la totalité des agents contractuels) qui vont se voir proposer un CDI dans les prochaines semaines. Les chiffres sont importants et peuvent paraître illusoires dans un contexte de pénurie majeure de candidats dans les hôpitaux publics. Mais la direction du Centre Hospitalier Universitaire Stéphanois se veut confiante.

Un plan de bataille mettant en avant les atouts du CHU

Michaël Battesti, directeur général adjoint par intérim, déroule ainsi son plan de bataille. Un plan axé autour de deux points majeurs : une campagne de publicité forte d'une part (affiches, publicité, relations presse, partenariats avec des pharmacies etc) et l'attractivité de l'établissement d'autre part. «

Le CHU de Saint-Etienne est un grand établissement, avec de très nombreuses spécialités. Il est possible d'y construire un parcours professionnel intéressant et évolutif », vante le DG adjoint. « De plus, nous allons prochainement construire le nouveau projet d'établissement, il affichera des ambitions fortes avec de nouvelles activités. Nous avons déjà ouvert récemment des services nouveaux en gériatrie, en hématologie, en traumatologie... C'est extrêmement stimulant pour des professionnels ».

À ce titre, la refonte du pôle mère-enfant (83 millions d'euros d'investissement dont 55 financés par l'ARS) dont les travaux devraient démarrer en 2024, pourrait jouer en sa faveur.  Le CHU compte également s'appuyer sur l'argument de l'immobilier stéphanois, moins élevé que dans la plupart des métropoles françaises.

A cette liste, Olivier Bossard, le directeur général du CHU ajoute l'argument d'une nouvelle organisation du travail, avec le développement des postes de 12 heures (au lieu de 7h40). « Il s'agit d'une attente des jeunes générations aujourd'hui. Elles préfèrent venir moins souvent mais plus longtemps. Nous allons le déployer largement, là où c'est possible. C'est un argument d'attractivité ».

Troisième étage de la fusée du plan de bataille de l'hôpital stéphanois attirer et fidéliser ses agents : la titularisation des contractuels.

« Nous allons augmenter le nombre de titulaires, c'est-à-dire le nombre d'agents de la fonction publique. Déjà, l'année dernière, nous avons titularisé 140 infirmiers et infirmières, soit deux fois plus que le rythme habituel. Nous souhaitons poursuivre. C'est moins facile que le passage de nos 900 CDD en CDI car il y a des règles strictes à respecter pour la titularisation mais nous allons nous y employer », promet Olivier Bossard.

Maintenir la continuité de soins coute que coute

L'impact budgétaire pour le CHU, qui emploie déjà plus de 8.350 personnes (415 millions d'euros de dépenses de personnel en 2021 sur un budget global de 760 millions), n'a pas été évalué selon Olivier Bossard. « Nous le ferons, mais pour l'instant ce n'est pas la question. Je ne souhaitais pas qu'on envisage cette problématique des recrutements sous cet angle car l'urgence est bien d'être en capacité de maintenir la continuité de soin car il s'agit de notre mission principale ».

Le cout financier de ces recrutements ne risque-t-il pas, néanmoins, de trop peser dans le budget d'un CHU déjà très endetté et encore empêtré jusqu'en 2037 (procédures judiciaires en cours) dans ses emprunts toxiques ?

« Nous avons entre 50 à 60 lits fermés (sur 1.500 lits au total NDLR) en raison de manque de personnel. Tout récemment par exemple, nous avons été contraints de fermer pendant quelques jours la moitié de notre unité de soins palliatifs », répond le directeur général du CHU de Saint-Etienne.

L'impact budgétaire de ces fermetures est difficilement évaluable car un lit de réanimation et un lit de gériatrie ne sont pas équivalents en termes de chiffre d'affaires mais il est loin d'être négligeable. « Pour notre CHU, une baisse d'1% de notre activité, cela représente 4 millions d'euros tout de même... ».

Lancée il y a moins d'un mois, la campagne de recrutement semble déjà porter ses fruits puisque 70 candidatures d'infirmiers/infirmières et autant d'aides-soignants ont été réceptionnées. Bien plus que le flux habituel des candidatures.

Malgré cette campagne et ces annonces de recrutements imminents, les personnels soignants s'étaient mobilisés en masse au CHU de Saint-Etienne ce mardi 8 juin pour alerter plus particulièrement sur la situation des urgences pédiatriques, du Samu 42 et de l'unité de court séjour en gériatrie.

En 2021, le CHU de Saint-Etienne a enregistré 170.622 séjours et séances d'une durée moyenne de 5,88 jours. 92.166 passages aux urgences ont été comptabilisés.

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