Avant la fermeture de Fessenheim, en Alsace, ce dossier avait fait parler de lui : le réacteur Superphénix, toujours en cours de démantèlement, sur le commune de Creys-Mépieu (Nord-Isère). Sa construction avait démarré en 1976 aux abords du Rhône, à une trentaine de kilomètres au sud-est de la centrale du Bugey (Ain) et non loin de la commune de Morestel, et visait à proposer une nouvelle technologie de réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium.
Mais face à une série d'incidents, à des coûts plus élevés que prévus, mais aussi à l'argument d'une production qui n'était pas au rendez-vous -et qui sera par la suite contestée lors d'un rapport d'information de la commission d'enquête, présenté au Sénat le 20 mai 1998 par l'ancien sénateur UMP Henri Revol-, le premier ministre PS de l'époque, Lionel Jospin, avait alors décidé d'abonner le projet. Mis en service en 1986, le site était alors devenu l'objet de luttes antinucléaires, tandis que les communes et représentants du monde économique local s'étaient élevés contre son abandon.
Le démantèlement du Superphénix avait débuté en 2003, soit six ans après sa mise à l'arrêt, et se traduit toujours pas un chantier titanesque, et qui se pose selon EDF aujourd'hui comme "le plus grand réacteur nucléaire en déconstruction dans le monde".
Actuellement, encore près de 300 personnes, dont 210 prestataires et 890 salariés EDF qui travaillaient encore sur ce chantier, qui doit encore se poursuivre jusqu'en 2030.
"Depuis 2017, les principales étapes du démantèlement se concentrent autour de l'élimination du risque radiologique, de l'ouverture de la cuve, du retrait et de la découpe des trois bouchons qui l'enfermaient, puis du démantèlement des parties internes de cuve", précise EDF. L'ensemble de ces opérations devraient prendre fin en 2025. De 2025 à 2030, les dernières opérations concerneront ensuite la fin du démantèlement des parties électromécaniques du réacteur, l'assainissement et le déclassement des installations.
Une centrale solaire pour alimenter 6.000 foyers
Mais désormais, le site aura un tout autre horizon symbolique puisqu'EDF Renouvelables, la branche dédiée aux nouvelles énergies du groupe, vient d'annoncer sa volonté d'y installer un nouveau projet de production d'énergie, mais sous la forme cette fois d'une centrale solaire.
C'est en effet une centrale photovoltaïque au sol de 12 mégawatts qui est envisagée, pour une mise en service à compter de début 2023, sur une surface de 10 hectares. Elle devrait permettre d'alimenter "l'équivalent de la consommation électrique annuelle de 6.000 habitants, soit l'équivalent des populations de Morestel et Creys-Mépieu réunies", précise EDF Renouvelables.
Selon Sofiane Boukebbous, directeur de Zone Sud-Est et Outre-Mer d'EDF Renouvelables, ce nouveau projet "symbolise la continuité d'une production d'énergie bas carbone et le savoir-faire des équipes du site de Creys, en termes de démantèlement nucléaire", et "participe à la mise en œuvre du Plan solaire d'EDF", annoncé en 2017. Car d'ici 2030, l'énergéticien s'est engagé "à faire du groupe l'un des principaux acteurs de l'énergie solaire en France, avec 30 % de parts de marché d'ici 2035".
Au 31 décembre 2021, EDF nourrissait en effet environ 70 projets "à différents stades de construction et de développement en France".
Avec, pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, la construction actuellement en cours de 11 centrales, pour un total de 104 MW tandis que 17 centrales sont déjà exploitées, pour environ 100 MW de capacité installée.
De premiers travaux déjà engagés, mais une levée de fonds prévue
Les premiers travaux sont imminents puisqu'après des opérations de terrassement préalables, déjà engagées en octobre 2021, EDF Renouvelables s'est déjà lancé dans la construction de la centrale solaire, avec, pour démarrer, "l'installation des structures supportant les panneaux photovoltaïques", qui sera suivie par "la mise en place des 22.000 panneaux photovoltaïques, à partir de l'été 2022".
EDF prévoit par ailleurs de continuer à exploiter, sur ce site, "une installation d'entreposage du combustible".
En plus d'évoquer les "retombées économiques locales complémentaires à celles du chantier de démantèlement" qui pourraient ainsi bénéficier au territoire (non chiffrées à ce stade), l'énergéticien annonce également que "les habitants situés à proximité de la centrale auront également l'opportunité d'investir, à partir du mois de juin, dans sa construction au travers d'une campagne de financement participatif".
Une enveloppe globale dont le montant n'a cependant pas été communiquée à ce stade.
EDF Renouvelables ne sera cependant pas le seul opérateur à avoir recours à ce financement : en janvier dernier, la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) et le fournisseur Gaz Électricité de Grenoble (GEG) ont ouvert une campagne de financement participatif du même type sur la plateforme Enerfip.
Objectif : assurer une petite portion du financement d'un second parc photovoltaïque (Susville 2), près de la Mure (Sud-Isère), pour une production estimée à 16,3 GWh par an sur une surface de 17 hectares, qui représenterait ainsi la consommation électrique annuelle de 7.300 personnes. 950.000 euros des 9 millions nécessaires étaient par exemple ouverts au financement participatif.
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