La microélectronique grenobloise impactée par l'incendie de plusieurs lignes à haute tension en Isère

On connaissait déjà les tensions en matière d'approvisionnement énergétique consécutives à la vague de froid ce week-end, mais cette fois, c'est un autre incident qui pèse sur la production de la Silicon Valley grenobloise... L'incendie volontaire de plusieurs lignes à haute tension de la vallée du Grésivaudan, dans la nuit de lundi à mardi, impacte de plein fouet la production des industriels du secteur, parmi lesquels le fabricant de puces STMicroelectronics et le fabricant de substrats Soitec. Une cellule de crise a notamment été activée chez ce dernier, où la production était toujours à l'arrêt à 10h45 ce matin.
(Crédits : DR)

C'est cette fois un incendie volontaire qui aura mobilisé les secours et les employés d'Enedis, tôt dans la nuit, et qui pourrait encore avoir, durant plusieurs heures, des répercussions indirectes, jusque dans la production des puces électroniques...

Car dans la nuit de ce lundi à mardi vers 01h45, plusieurs lignes à haute tension (20.000 volts) d'Enedis et une ligne à très haute tension (225.000 volts) gérée par RTE ont été incendiées sous un pont, enjambant l'Isère entre les villes de Crolles et Bernin, qui représentent elles-mêmes deux berceaux de la microélectronique grenobloise accueillant notamment les unités de production de STMicroelectronics et Soitec.

Avec, pour conséquence, une large coupure de courant qui dure encore ce matin pour une partie des usagers et entreprises de la vallée du Grésivaudan. France Bleu Isère relevait d'ailleurs que ce mardi matin vers 7h, des gaines et cables étaient encore en feu, bien que l'incendie soit désormais maîtrisé. Le courant a pu être rétabli sur une partie du périmètre dès 4h du matin, mais Enedis rapportait à La Tribune que "350 clients, particuliers et entreprises" restaient toujours privées d'électricité en cette fin de matinée.

Pour RTE, qui gère notamment la ligne à haute tension incendiée, un épisode de ce type est "très rare, voire exceptionnel". Pour l'heure, aucun des deux opérateurs n'évoque de manière certaine la cause volontaire, qui doit encore être confirmée par une enquête, mais il s'agirait toutefois de la piste privilégiée à ce stade pour expliquer un tel incident.

RTE affirme que les investigations demeurent en cours, notamment afin d'étudier le rétablissement de la ligne à haute tension encore coupée, en étudiant notamment si une alimentation alternative pourrait être trouvée en se basant sur le maillage de son réseau.

"Au plus fort de l'incendie, 5.539 clients ont été privés d'électricité. La plupart ont pu être raccordés avant 6h30. Seuls 68 clients restaient concernés à 8h", relevait quant à elle la  Préfecture de l'Isère. Avec toutefois, parmi eux, des industriels de la microélectronique fortement présents sur le bassin comme Soitec ou STMicroelectronics.

Une cellule de crise encore activée chez Soitec

A Bernin, le fabricant Soitec, dont les substrats semiconducteurs sont utilisés désormais dans l'ensemble des smartphones en circulation à l'échelle mondiale (et qui venait de poser la première pierre, il y a quelques jours, d'une nouvelle unité de production dédiée à l'automobile qui pourrait produire jusqu'à 1 million de wafers par an) a mis sur pied une cellule de crise ce matin. Car pour ses 1.000 employés affectés à la production et qui travaillent par shifts, plus aucune production ne sort de ses lignes depuis cette nuit.

"Les employés qui ne sont pas affectés à la production ont tous été renvoyés chez eux en télétravail", assure Thomas Piliszczuk, vice-président du business global chez Soitec.

Habituellement, ce sont près d'un millier de wafers qui sont produits chaque jour sur place, pour un procédé de production qui requiert nécessairement de hautes tensions qui fonctionne 24h/24. "Nous avions des générateurs d'urgence, mais qui ne sont pas capables de prendre le relai pour alimenter la production. Nous avons donc mis les équipements en sécurité et attendons que le réseau puisse être en mesure de repartir".

Ni RTE ni Enedis ne s'avancent actuellement sur des délais précis à cette heure.

Pour autant, à l'heure où l'on sait que les composants électroniques demeurent en forte tension, Thomas Piliszczuk assure que cet épisode ne devrait pas impacter la livraison de ses clients, ni causer de retard pour l'heure sur le calendrier de production attendu. "Nous sommes confiants de pouvoir ensuite rattraper les volumes qui n'auraient pas été engagés et nous avons également des stocks à disposition, il n'y aura pas d'impact sur le business, nous nous tenons prêts pour le redémarrage", assure-t-il.

STMicroelectronics touché également

Côté STMicroelectronics, le fabricant de puces souligne que le rétablissement du courant a démarré vers 8 heures du matin, avec le retour de l'alimentation électrique. "Des évaluations et vérifications sont en cours, tandis que le redémarrage progressif des installations est en cours", confirme le groupe, qui emploie près de 3.700 salariés à Crolles, tout en précisant que "tous les systèmes et procédures assurant la sécurité des salariés et des installations ont été déclenchés".

Aucune information n'a cependant filtrée sur les pertes qui pourraient être générées par cet arrêt brutal, ni sur les retards éventuels qui pourraient ainsi être entraînés, sur des lignes fonctionnant habituellement 24h/24.

Une enquête a été ouverte et la section de recherches de la gendarmerie de l'Isère a été saisie. Sur place, des questionnement demeurent autour d'un possible lien avec un autre incident ayant touché le site de STMicroelectronics moins de 48 heures auparavant, dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 avril.

Selon des informations du Dauphiné Libéré, un autre incendie aurait en effet touché un site RTE, situé également dans la banlieue grenobloise à Froges (Isère), ciblant cette fois directement le fabricant STMicroelectronics, avec des inscriptions comprenant le symbole anarchiste.

De son côté, la communauté de communes du Grésivaudan a d'ailleurs apporté ce mardi matin, par voie de communiqué, "tout son soutien à la filière nanotechnologique du territoire et tout particulièrement à ST et Soitec, durement touchés par ces incendies", tout en "condamnant fermement ces actes criminels" et "en espérant que l'enquête aboutira rapidement".

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